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Comment organiser la cohabitation des drones avec les aéronefs pilotés

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Gil Roy

Le développement des drones inquiète pilotes professionnels et privés qui redoutent les collisions en vol. Alors que l’European Cockpit Association vient d’adresser ses recommandations aux régulateurs européens, dans le cadre du salon France Air Expo (Lyon-Bron, 4-6 juin 2015), Aerobuzz.fr proposera une table ronde sur la cohabitation des drones et des aéronefs.

« Une idée reçue fait que les petits drones sont assimilés à des jouets inoffensifs volant à basse altitude. Cependant, même un drone de moins de 1 kg, peut causer des dommages importants, voire catastrophiques par exemple à un hélicoptère en cas de collision, un hélicoptère étant, notamment, vulnérable au niveau du rotor de queue ou de la tête de rotor principal », affirme Dirk Polloczek, le président de l’European Cockpit Association (ECA). « Même en dessous de 500 pieds, il y a beaucoup de trafic aérien, tels que les ambulances aériennes, la police ou la lutte contre l’incendie. Il en va de même aux abords des aéroports, avec un trafic entrant et sortant. Contrairement aux vols réguliers, la plupart du trafic aérien à basse altitude tel que la police ou les évacuations sanitaires ne sont pas prévisibles en temps et en lieu, mais elles sont néanmoins soumises à des règles strictes en matière d’opérations aériennes. Il faut qu’il en soit de même avec les drones ».

Actuellement, les recommandations relatives à l’exploitation des drones sont émises, en particulier, par les Joint Authorities for Rulemaking on Unmanned Systems (JARUS). Toutefois, en Europe, les autorités nationales de l’aviation civiles chapeautent les opérations des drones de moins de 150 kg, d’où des règles différentes d’un pays à l’autre. « La Déclaration de Riga », signée le 6 mars 2015 par la Commission européenne et les états membres, et les travaux de l’EASA vont dans le sens d’une harmonisation, estime l’ECA. Néanmoins, la fédération européenne des associations de pilotes de lignes fait des propositions concrètes.

L’ECA demande que les drones soient systématiquement équipés d’un système automatique de détection et d’évitement du trafic. Que les télépilotes soient en mesure de voir et d’éviter. Que les pilotes de drones reçoivent une formation aux règles de l’air comparables à celle des pilotes d’aéronefs. Que tous les drones soient enregistrés. Et enfin, que le grand-public soit sensibilisé aux dangers des drones récréatifs. « L’intégration des drones dans l’espace aérien est un immense défi », résume Philip von Schöppenthau, secrétaire général de l’ECA.

Si les pilotes de ligne se préoccupent aujourd’hui de la cohabitation avec les drones, les pilotes de l’aviation générale, directement concernés, s’en inquiètent depuis bien longtemps. Bien qu’à notre connaissance, il n’y ait pas eu, à ce jour, d’accident à déplorer, le problème est réel. Dans le cadre du salon France Air Expo (Lyon, 4-6 juin 2015), Aerobuzz.fr animera une table ronde pour faire le point sur ce phénomène.

Maxime Coffin, chef de la Mission aviation légère, générale et hélicoptères (MALGH) de la DGAC fera le point sur le développement des drones en France et sur la réglementation. La France est en effet précurseur en la matière. Elle a opté pour une réglementation qui accompagne le développement de l’activité. Cette approche a été reprise par l’EASA. Toutefois, les régulateurs sont confrontés à un phénomène sans précédent par son ampleur et sa célérité. Face à cette situation les professionnels s’impliquent et se positionnent en partenaires, voire en force de proposition.

Dans le domaine de la formation qui est au cœur de la problématique du développement du drone, des écoles ont mis en place leur propre programme qui, pour certaines d’entre elles, va au-delà des exigences réglementaires. C’est le cas du CIET (Centre d’instruction et d’entrainement au télépilotage) de Toulouse-Francazal, animé par Arnaud Le Maout, un ancien navigant de l’Armée de l’air, qui intègre des heures de vol en avion léger dans le cursus. L’idée est de faire prendre conscience au télépilote des contraintes du pilote.

Ces contraintes sont en particulier la difficulté de repérer un drone qui évolue à proximité de son aéronef. Claude Le Tallec, chargé de mission « Systèmes de drones » à l’ONERA, travaille notamment sur l’insertion des drones dans le trafic aérien. A titre privé, au sein de l’aéro-club dans lequel il fait de l’instruction, il a réalisé un exercice mettant en présence un drone opéré dans le cadre du scénario S1 de la DGAC et un avion en exercice d’atterrissage campagne. A Lyon-Bron, il présentera les conclusions de ses travaux.

En organisant cette table ronde dans le cadre du salon français de l’aviation générale, Aerobuzz.fr offre la possibilité aux visiteurs, pilotes d’aéronefs ou de drones, de dépassionner le débat. Rendez-vous le vendredi 5 juin 2015, à 11h00, pour une heure et demie d’échange sur un sujet qui concerne tous les usagers de l’espace aérien.

Gil Roy

La crainte des pilotes d'avions, de planeurs, d'hélicoptères ou d'ULM d'être victimes d'une collision en vol avec un drone est-elle fondée ?
L'engouement des professionnels et du grand public pour les drones se traduit par un développement spectaculaire de l'activité
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Comment organiser la cohabitation des drones avec les aéronefs pilotés
    Henri, j'ai suivi votre avis et ai envoyé un compte-rendu d'AirProx à l'administration, à la FFPlum et aux utilisateurs de la plateforme d'Annemasse...
    J'ai en effet retrouvé ma trajectoire précise enregistrée sur iPad2 par l'application AirNavPro...

  • Comment organiser la cohabitation des drones avec les aéronefs pilotés
    Volant en autogire (ulm), j'ai croisé récemment à 4500ft en espace de classe E, près d'un aérodrome assez important (LFLI) un drone de type DJI...
    La visibilité offerte par ma machine DTA m'a permis de l'éviter mais aspirer ce drone dans mon rotor aurait été probablement catastrophique...
    Je n'ai pas eu la présence d'esprit sur le moment de faire un rapport d'Airprox...
    Comme dans d'autres domaines, je pense qu'il n'y aura de vraie sensibilisation du public qu'après quelques accidents graves... mais je n'ai pas trop envie de me dévouer!

    • Comment organiser la cohabitation des drones avec les aéronefs pilotés
      Mais vous avez encore le temps de faire un Airprox, si c'est récent ! Il faut alimenter le débat, c'est de la responsabilité de tous.
      Bons vols,
      Henri Payre

  • Comment organiser la cohabitation des drones avec les aéronefs pilotés
    Je cite : "La France a opté pour une réglementation qui accompagne le développement de l’activité. Cette approche a été reprise par l’EASA. ".

    Merveilleux, non ?

    Pourquoi ne pas adopter cette approche à tous les autres domaines de l'aviation, au lieu de les ensevelir sous des strates compactes de contraintes.... Accompagner le développement de l'hélico monoturbine, par exemple... Ou accompagner le développement du TP en monoturbine, tiens... Ou accompagner le développement de l'instruction en aéro-club, oui je sais je pousse le bouchon bien loin...

    Tôt ou tard, on paiera cher cette différence éhontée de traitement. On ne sait pas comment, mais ça viendra.

    Henri Payre

  • Comment organiser la cohabitation des drones avec les aéronefs pilotés
    Un ingénieur de la CRAM spécialisé dans la sécurité des machines par divers concepts d'automatismes m'avait expliqué la possibilité de réactivité spécifique liée aux engins :

    Il est possible de doter les drones d'un système multi-agents centré sur ce type d'engins.

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