Daher planche sur un avion hybride électrique

Trop tôt pour savoir lequel du TBM ou du Kodiak sera le premier à être décliné en version hybride électrique par Daher, mais une chose est sûre, l’avionneur français a lancé l’étude et s’est laissé jusqu’à 2027 pour donner le coup d’envoi au programme de ce nouvel avion.

On l’aura remarqué, entre une entreprise industrielle qui fête cette année ses 160 ans et une startup, la réserve n’est pas la même. Là où la seconde fonce tête baissée en promettant la Lune, la première se contente d’expliquer qu’elle étudie une option et que cela va lui prendre plusieurs années. Produire plusieurs dizaines d’avions par an rend humble.

Pendant que les ingénieurs évaluent les diverses briques technologiques à leur disposition, les équipes commerciales sondent le marché. « Il s’agit de proposer un avion qui réponde à un besoin », fait remarquer Nicolas Chabbert, directeur de la division Avions de Daher. Cette démarche parallèle prend du temps. Un temps utile à la maturation…

Daher est impliqué dans 18 projets de Recherche et Développement labellisés (et donc subventionnés) par le CORAC (Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile), la DGAC ou encore le GIFAS. 12 projets concernent plus directement son métier d’avionneur et 6 celui d’aérostructurier. En 2019, Daher a embarqué dans le programme EcoPulse (CORAC / DGAC), un démonstrateur d’avion à propulsion hybride distribuée, aux côtés d’Airbus et de Safran, deux partenaires de poids.

Safran fournit l’ensemble du système propulsif électrique (hors batteries) composé d’un turbogénérateur (turbine combinée à un générateur électrique), d’un système de management de la puissance électrique et de propulseurs électriques intégrés (ou e-Propellers) comprenant les moteurs électriques et les hélices. Airbus assure l’optimisation aérodynamique du démonstrateur, les contrôles avion assistés de la propulsion distribuée et le développement de la batterie à haute densité énergétique.

Le rôle de Daher porte sur l’installation des équipements et systèmes, des essais en vol, de la conception globale, des analyses de sûreté de fonctionnement et de l’approche règlementaire. Il a transformé un TBM en banc d’essai volant. Pour l’heure, l’avion a volé avec une motorisation thermique. Il est prévu qu’il rejoigne en vol le salon du Bourget, en juin prochain, où il sera présenté dans l’espace « Paris Air Lab ».

Ce n’est qu’après le salon du Bourget que les essais en vol du système de propulsion hybride distribuée débuteront. Les essais au sol ont déjà été riches d’enseignement assure Pascal Laguerre directeur technique de Daher. « Nous avons beaucoup progressé sur la question de la haute tension ». La tension du système de l’EcoPulse atteint en effet 800 volts, ce qui constitue un défi. Sur un Boeing 787, la tension est de 270 volts.

Les recherches de Daher portent aussi sur l’allègement des aérostructures. Daher consacre une part importante de son budget de R&D au thermoplastique, qu’il considére comme « véritable game changer dans le monde des aérostructures ». « Le thermoplastique se prête plus facilement à l’automatisation de la production. C’est aussi un matériau recyclable, réparable et soudable, dont les propriétés mécaniques permettent d’utiliser moins de matière et, dans l’ensemble, de rendre les structures plus légères. », précise Pierre Rouch, expert technique en composites TP chez Daher. Cette nouvelle piste technologie pourrait également déboucher sur une nouvelle aérodynamique. Trop tôt évidemment pour en parler, mais cette recherche fait notamment l’objet du projet Excelab soutenu par le GIFAS et le CORAC.

« Il faut démontrer que la décarbonation de l’aviation est une réalité. », conclue Didier Kayat, directeur général de Daher. Rendez-vous en 2027.