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L’avenir des courses d’avions Red Bull en question

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Gil Roy

Red Bull à la recherche d’une légitimité sportive. Alors que se court ce week-end la sixième manche du championnat Red Bull Air Race, à Spielberg, sur ses terres, le limonadier autrichien ne veut plus supporter seul les coûts d’organisation de la compétition.

Le championnat Red Bull ne fait plus recette. Malgré tous les efforts des organisateurs pour faire mousser les courses, l’enthousiasme du public retombe et l’intérêt des médias s’amenuise. Les belles images, aussi spectaculaires soient elles, s’usent. Le retour sur investissement n’est plus satisfaisant. D’où la volonté de faire évoluer les courses aériennes autour de pylônes vers une compétition sportive reconnue. C’est pour la firme autrichienne le moyen de trouver de nouveaux partenaires financiers susceptibles de l’aider à assumer le coût élevé de son spectacle aérien.

Le coût du championnat est énorme. 600 personnes travaillent sur une course d’un week-end. Hormis une poignée de partenaires principaux (Breitling, DHL, Mini, etc), les rentrées d’argent sont limitées. Sur les courses organisées en ville, il ne peut même pas espérer vendre beaucoup de billets.

Au début, il était important pour l’image d’attirer des centaines de milliers de spectateurs sur les plages de Barcelone ou de Rio de Janeiro. Maintenant, il faut que cela rapporte. D’où l’idée de recentrer les manches dans des enceintes fermées comme l’hippodrome d’Ascot. Cela pourrait également contribuer à donner plus de crédibilité à la compétition.

Mais huit courses ne font pas un championnat. Ce n’est pas parce que Red Bull parle depuis des années de « championnat du monde » que les médias accordent un début de crédibilité sportive aux courses aériennes autour de pylônes. La presse ne boude pas le Red Bull Air Race, elle ne s’y intéresse pas. Tout au plus, les télévisions reprennent dans leurs journaux du dimanche soir des images pour leur caractère spectaculaire. A lui seul, le groupe de presse français Amaury synthétise la problématique : alors que sa chaine thématique L’Equipe 21 retransmet en direct les courses du dimanche après-midi, le quotidien sportif L’Equipe refuse catégoriquement d’accorder la moindre ligne dans ses colonnes au Red Bull Air Race. Si Red Bull ne réussit pas à résoudre ce casse-tête, il est fort à parier que les courses s’arrêteront.

Le Red Bull Air Race a été créé de toutes pièces, au début des années 2000, par une entreprise en quête d’image, sur une idée du voltigeur hongrois Peter Besenyei. D’où la première épreuve à Budapest. Pour exister face à Coca Cola, Red Bull a misé sur l’exploit. Une course d’avions au cœur d’une ville pittoresque et une ligne de départ tracée sous un pont historique. L’aéronautique est tout de suite apparue comme une source inépuisable ou presque de fabrique à sensation.

Mais il n’y a rien qui s’use plus vite que la mode. Le limonadier autrichien a exacerbé l’imagination des casse-cous de tout poil. Rapidement, il a collé son logo sur d’autres casques. Face aux alpinistes de l’extrême, aux plongeurs de grands fonds ou à un biker à ressort d’aujourd’hui, les cascadeurs aériens sont en passe de devenir has been dans l’univers du taureau rouge. D’où l’urgence d’en faire des sportifs de haut niveau à part entière.

Gil Roy

Le circuit automobile de Spielberg (Autriche) accueille chaque année une manche du Red Bull Air Race
Faire passer le Red Bull Air Race de la catégorie spectacle au registre sportif est un défi
Red Bull ne recherche plus l'affluence à tout prix, mais les spectateurs payants
L'hippodrome d'Ascot (Grande-Bretagne) est un équipement parfaitement adapté aux courses aériennes organisées par Red Bull
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • L’avenir des courses d’avions Red Bull en question
    Petite correction sur "Equipe 21 retransmet en direct les courses du dimanche après-midi". Ce n'est plus le cas, la chaîne diffuse en différé un reportage anglais sur lequel elle colle les commentaires de son journaliste français.

    • L’avenir des courses d’avions Red Bull en question
      Effectivement Jean Paul l'équipe 21 ne diffuse plus la course en direct, la dernière fois j'ai regardé c'est sur internet, en plus ils nous mettent le dernier carré.
      Cette année la France a organisé le championnat du monde de Voltige.
      nos français ont plus que brillé , champion du monde masculin, féminin et par équipe avec en plus la médaille d'or de Mika au programme inconnu, et qu'en a fait nos médias télévisés,
      RIEN ils ont que du foot, du basket, du rugby à nous montrer, en faite les sports où nous sommes mauvais.

    • L’avenir des courses d’avions Red Bull en question
      Il n'y a pas que l'acrobatie ou le championnat Red Bull comme activités aériennes sportives motorisées en avion. Il existe aussi les rallyes aériens, le pilotage de précision, au sein de la FFA. Il existe également, depuis 1976, les courses de pylônes (avec des racers "Formule 1", avions de construction amateur), comme à Reno, que l'association des pilotes d'avions de formules (APAF), une minuscule association de passionnés pour la majorité membres de la Fédération RSA, réussie avec grande difficulté, à maintenir en vie, dans l'indifférence quasi-générale du monde de l'aviation française.
      Apafement.

  • L’avenir des courses d’avions Red Bull en question
    Bonjour,

    Que de mauvaises nouvelles ! déjà qu'il n'y a pas de manche française à cause de la réglementation (qui mériterai bien une révision en profondeur) si en plus ce championnat
    s'arrête il ne restera rien des sports aériens en Europe, à part l'acrobatie.
    Quand on pense à toute ces coupes du passé, Schneider etc. l'âme de l'aviation sportive à totalement disparu en Europe, c'est bien triste et qu'on vienne pas me parler d'écologie !
    Heureusement il me restera quand même ma dose annuelle de drogue pour l'aviation sportive avec le pélerinage de Reno !

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