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L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale

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Gil Roy

L’EASA est en train de mettre en place une organisation transversale capable de prendre en compte les spécificités de l’aviation générale. L’Agence reconnaît qu’elle est allée trop loin. D’où une remise en question dont le premier effet visible a été le report de la date d’entrée en vigueur des ATO (organisation agréée de formation) dont les exigences sont désormais jugées disproportionnées par l’EASA elle-même.

L’annonce, par la Fédération française aéronautique, du report de la date d’entrée en vigueur de la réglementation relative aux organismes agréés de formation a sonné comme une victoire. Côté français, chaque représentant d’usagers a tenu à rappeler son rôle dans les discussions qui ont selon lui ont abouti à cette décision inespérée de l’EASA. Pas question que l’un ou l’autre ne tire la couverture à lui… Dans les faits, l’Agence a pris sa décision seule, sous l’impulsion de son nouveau directeur, Patrick Ky, qui a pris ses fonctions en septembre 2013. « L’ATO n’est qu’une toute petite partie de l’iceberg qui commence à être visible de l’extérieur », déclare Dominique Roland, qui a été chargé de la coordination du projet « GA Roadmap » et des relations de l’Agence avec les usagers issus de l’aviation générale.

Pour être tout à fait précis, la prise de conscience interne que l’EASA était allée trop loin dans ce qu’elle impose à l’aviation générale, est antérieure à l’arrivée de Patrick Py. Elle date en effet de fin 2012 et elle a débouché sur une démarche baptisée en interne « General aviation road map » ou « GA Roadmap ». « Fin 2012, nous avons demandé aux usagers ce qui n’allait pas, et les retours ont porté sur des points spécifiques. Nous avons pu ainsi lister tous les problèmes du moment. Parmi les plus urgents, il y avait notamment les ATO », explique Dominique Roland. Les réunions du groupe de travail mis en place pour l’occasion se sont multipliées jusqu’à ce que le nouveau directeur de l’EASA décide qu’il fallait adopter une autre stratégie si l’EASA voulait véritablement aboutir à des résultats tangibles pour les usagers.

Face à un système devenu incroyablement complexe du fait d’une accumulation de règlements et des modifications continuelles depuis 2003, il a été décidé d’adapter, en quelque sorte, l’organisation aux usagers de l’aviation générale. « L’idée est d’instaurer un seul point d’entrée, quelque soit le problème ou la demande. C’est ensuite à cet interlocuteur en charge des relations avec l’aviation générale d’aller chercher les experts en interne », explique Dominique Roland. « De plus, dans chaque service, nous sommes en train de désigner un spécialiste aviation générale qui s’assure que notre approche est proportionnée quand nous élaborons une nouvelle réglementation. Il fera une veille pour que tout ce qui est décidé en interne ne risque pas d’avoir un impact négatif pour l’aviation générale ».

La cause du problème actuel est que la réglementation est faite pour le transport aérien et qu’elle est transposée avec plus ou moins de discernement à l’aviation générale qui ne peut pas y faire face. L’EASA a lancé un appel à candidatures afin de pouvoir désigner, dans chaque service, un représentant aviation générale. Ils seront une quinzaine au total. Et les premiers sont tous, d’après Dominique Roland, des pilotes actifs d’avions légers, de planeurs ou de ballons. Certains sont instructeurs. Ces quinze seront, à terme, les défenseurs des intérêts de l’aviation générale au sein de l’EASA.

En parallèle, l’EASA a déjà commencé à mettre à plat la réglementation. L’idée mise en avant par le projet est en particulier d’aller chercher dans chaque texte ce qui concerne spécifiquement l’aviation générale de manière à tout rassembler dans un seul document. « Il s’agit de faciliter l’accès à la réglementation actuelle. C’est aussi un moyen de mettre en évidence ce qui ne pas va de manière à le simplifier ».

Au-delà du réseau mis en place en interne, les autorités nationales sont aussi parties prenantes dans le projet, et des représentants ont déjà été nommés. De même, les usagers sont représentés grâce au « GA SSCC » (General Aviation Safety Standards Consultative Committee) au sein duquel on trouve les représentant de Europe Air Sport, GAMA, AOPA et autres association).

Patrick Ky veut aller vite. Des rapports d’étape seront faits tous les six mois, alternativement dans le cadre du salon Aero de Friedrichshfen, et à l’occasion de rendez-vous annuels de l’EASA. Le prochain sera en octobre 2014, à l’occasion du symposium sur la sécurité aérienne qui sera le premier, depuis la création de l’EASA, dédié entièrement à l’aviation générale. L’objectif est de réformer l’organisation et d’adapter la réglementation d’ici à 2017. Cela ne signifie pas pour autant que rien ne sera fait d’ici là. Au contraire. L’ATO en est un exemple à double titre.

Après s’être aperçu que l’aviation générale allait dans le mur, l’EASA a choisi de se donner du temps pour affiner la mise en place de l’ATO. Elle n’a pas l’intention d’attendre 3 ans pour le réformer. « Dès juillet nous allons présenter à la Commission européenne une alternative, une sorte de troisième voie, entre l’ATO et le système en déclaratif actuel et nous espérons être en mesure de présenter les modalités pratiques en octobre . Nous espérons qu’elle pourra être appliquée en avril 2015, mais en attendant, nous souhaitons que les règlements nationaux puissent rester applicables et nous prendrons le temps qu’il faut pour que le texte final préserve les intérêts de chacun ». Les aéro-clubs qui ont déjà obtenu leur agrément ATO ne seront pas lésés pour autant. Ils auront en effet toute latitude en matière de formation. En revanche, les aéro-clubs qui choisiront « la troisième voie » pourraient avoir des privilèges restreints et, par exemple, ne pouvoir former que des pilotes privés. Le texte est à l’étude.

Dans l’onde de choc de sa prise de conscience brutale, l’EASA affiche ses bonnes intentions. Croisons les doigts pour que les bonnes volontés puissent garder leur cap et que les pragmatiques l’emportent sur les technocrates.

Gil Roy

L'EASA a fait son examen de conscience
L'EASA met en place une organisation transversale dédiée à l'aviation générale
L'EASA reconnaît que le système est devenu incroyablement complexe du fait d’une accumulation de règlements et des modifications continuelles depuis 2003
L'EASA veut faciliter l’accès à la réglementation actuelle pour l'aviation générale.
50 aéro-clubs sur 550 ont été agréés ATO
Les aéro-clubs qui ont déjà obtenu leur agrément ATO auront toute latitude en matière de formation.
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale
    5 time fewer General Aviation accidents in the USA than in France Why? Maybe, just maybe, as FAA Instr. Pilots we teach people how to "fly" instead of how to calculate, plot and statisticize the Dew Point of a fly's tears. Maybe the requirement that Instructor Pilots be IFR-rated professionals WHO FLY TO TEACH , instead of time-builders &/or so-called "bénévoles" never flew anything but a DR 400 and who teach to fly -- isn't so dumb after all.

  • L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale
    Depuis une dizaine d'années, ce genre de nouvelle circule périodiquement, sans qu'on en ait vu le moindre effet. Espérons que ce coup-ci soit le bon et que les résultats seront là.
    Il sera de toute façon long et difficile d'effacer les dégâts déjà subis.
    Le vol à voile, qui avait jusqu'à présent échappé aux JAR/FCL va y être soumis d'ici peu. Rien à y gagner. Les licences et qualifications actuelles permettent déjà depuis fort longtemps d'utiliser des planeurs immatriculés dans d'autres pays européens. Il en était de même pour les licence de pilote privé avion avant la funeste apparition de ces JAR/FCL.

  • L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale
    1 farce [faʀs] nom féminin
    (fém. de l'ancien français fars, qui vient du latin farsus, p. p. de farcire « farcir*; garnir »)
    ■ Hachis d'aliments (viande ou autres) servant à farcir.

    2 farce [faʀs] nom féminin et adjectif
    (emploi fig. de 1 farce)
    a. Pièce comique où dominent les jeux de scène. « La Farce de maître Pathelin ». — Genre littéraire que représentent ces pièces. Les scènes de farce dans Molière.
    ■ fig. Cela tourne à la farce, cela devient ridicule.
    b. Tour plaisant qu'on joue à qqn. ➙ mystification, 2 niche.
    ■ Objet servant à faire des farces. Farces et attrapes*.

    3. adj. vieilli Amusant, comique.

    Laquelle faut-il bien choisir...?
    Les 3 peut être...

  • L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale
    Bon début

    Pour les compagnies aussi un ajustement de la législation en fonction le l'activité ( taille des entreprises comme aux US) est vitale pour leurs survie

  • L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale
    Que le staff EASA aille se faire former par la FAA aux USA et, sans réinventer la roue, mette simplement en application ce qui fonctionne très bien depuis un siècle là-bas. Petit rappel utile, 5 fois moins d'accident à heures égales aux USA et 500.000 pilotes membres de la plus importante AOPA au monde.

    Mais il faut bien entendu que nous fassions mieux à grand renfort de fonctionnaires Européens dont nous aurons pu juger de l’efficacité durant les 20 dernières années!

    Nous n'aurons pu que constater le nombre diminuant d'aéronefs, d'heures de vol et de pilotes formés en Europe.

    Et à présent que ces mêmes réalisent que les "clients" portent leur choix ailleurs, çà se réveille! Avec une nouvelle concertation, retour en arrière, bref, une inefficacité exemplaire!

    Fort heureusement, sans aucun impact sur les lois de l'aérodynamique! Sans vous messieurs, nos machines volent très bien, par contre vous, sans machines seriez au tapis! Pensez-y!

    Bon vent Messieurs

    • L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale
      bien dit, mais malheureusement aucun de ces technocrates incompétents ne lira votre réflexion car ILS détiennent LA (leur) vérité. Souvenez vous de l'ex PDG d'AF , Gourgeon qui annonçait fièrement après l'accident de l'AF 447 : "on a bien travaillé".

  • L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale
    Une bonne nouvelle.
    il faut souhaiter que les actes de simplifications arrivent.

  • L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale
    "Après s’être aperçu que l’aviation générale allait dans le mur..."
    Il était temps d'en prendre conscience !!! Le fossoyeur n'allait bientôt plus avoir de clients.

  • L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale
    après les récentes elections l faut attendre que tout soit d' aplomb pour faire respecter les différentes réglementations.
    il ne parait pas normal que l'on puisse imposer à PSA ( à titre d' exemple ) de verrouiller les emissions de particules ( c'est très bien ) mais que Diamond et Robin puisse " ne rien faire " et envoyer dans la nature toutes les particules emises par les moteurs Centurion et autres !
    il y a deux solutions, soit nous avons à faire à des gens inteligents, qui, à priori respirent comme tout un chacun, et tout peut s' aranger à l' amiable, soit nous avons affaire à des têtus, et il faudra embaucher José Bové et autres pour régler le problèmes...avec une réglementation qui ne pourra qu'être draconienne et qu'il faudra bien respecter.

    • L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale
      Il n'y a rien à voir entre des milliers de Peugeot qui roulent au sol dans les villes, dans lesquelles les particules fines s'accumulent au nez des piétons et quelques avions en altitude dont les émissions se diluent dans des volumes très important. Je n'ai jamais croisé de piéton en vol !

    • L’EASA se met à la hauteur de l’aviation générale
      Combien de Peugeot en Europe et combien de Diamond en vol sur le continent? Combien d'heure de fonctionnement par an pour ces différentes machines?

      les chiffres ne sont pas les mêmes. Il faudrait quand même être un peu réaliste et ne pas dire n'importe quoi. Bien sur que ça serait idéal mais ajouter des pots et autres filtres catalytiques pèsent lourd pour un avion.

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