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Aviation Générale

Le pilote du drone de Los Angeles s’engage à rembourser les réparations du Canadair

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Frédéric Marsaly

L’homme de 56 ans avait envoyé son DJI Mini 3 Pro au-dessus de Pacific Palisades le 9 janvier pour filmer les dégâts causés par les feux qui dévoraient alors ce quartier huppé de Los Angeles. Le drone avait heurté un CL-415 du Québec entre sa zone d’écopage sur le Pacifique et le front de flammes, avion qui avait été ensuite immobilisé plusieurs jours pour réparations.

C’est depuis le sommet d’un parking de Santa Monica, à 2,5 km des feux, que le coupable a envoyé son drone en toute contravention avec la zone d’interdiction de survol établie par la FAA pour faciliter les opérations des avions et hélicoptères bombardiers d’eau. Son DJI Mini 3 pro a été retrouvé, ce qui a permis son identification puis son arrestation, à l’intérieur de l’aile gauche du CL-415 n°243 du Gouvernement du Québec détaché à Van Nuys dans le cadre d’un contrat avec le service des pompiers du comté de Los Angeles.

Le DJI Mini 3 Pro retrouvé dans l’aile du CL-415 du Québec le 9 janvier dernier © FBI

Il accumulait alors les aller-retours entre le Pacifique, pour les écopages, et les largages sur Pacific Palisades pour tenter de juguler un feu dont le bilan s’établit finalement, après trois semaines de lutte, à quelques 9 500 hectares parcourus, 6 837 bâtiments détruits, 12 morts et 4 blessés tandis que, dans le même temps, le « Eaton Fire » à quelques km de là, dévastait 5 600 hectares, détruisait 9 418 bâtiments et faisait 17 morts !

Présenté devant la justice, il a plaidé coupable et a déjà écopé de 150 heures de travaux d’intérêt général. Il a été relâché en attendant le prononcé de sa peine moyennant une caution de 15 000 $ et reste donc menacé d’un an de prison ferme et 75 000 $ pour « utilisation imprudente d’un aéronef sans pilote » et interférence avec les opérations de lutte contre les feux.

Bien que le pilote se soit déclaré « terriblement désolé de son erreur », il met en cause le non fonctionnement du système de géolocalisation de son drone qui devait lui permettre de ne pas pénétrer une éventuelle zones interdites. Or il s’avère que pour intégrer de nouvelles zones interdites, et particulièrement les zones temporaires autour d’un évènement ponctuel comme l’être un feu, il peut être nécessaire de passer par une mise à jour des datas du logiciel, et que celle-ci n’est pas automatique.

Le fabriquant, DJI, disposait d’un système « enhanced warning zone » (zone de prudence accrue) qui fonctionnait comme une « géobarrière ». « Mais depuis le 21 janvier 2025, aux États-Unis, DJI a également abandonné la « géobarrière » au profit de la géovigilance . Donc les drones peuvent désormais décoller n’importe où et voler partout si le pilote décide de passer outre le « warning » qui lui est présenté. » nous précise Frédéric Botton, co-fondateur du site www.helicomicro.com. Ce qui n’est pas sans impacter la responsabilité légale de l’usage d’un drone.

Le coupable interpellé a annoncé qu’il allait rembourser les frais engagés pour la réparation de l’aile du CL-415. Le Gouvernement du Québec a précisé que le montant de la facture était de 69 169 $, de quoi calmer un peu les télépilotes un peu véhéments à réclamer l’autorisation de voler n’importe comment et n’importe où.

Même si l’équipage ne s’est visiblement pas rendu compte de la collision, la déformation de la pièce du bord d’attaque dénote d’un impact assez fort. © FBI

Le préjudice opérationnel, d’avoir eu à maintenir un avion bombardier d’eau au sol pendant 5 jours ne semble pas être entré en ligne de compte, les propriétaires des maisons qui ont brûlé cet après-midi là apprécieront.

Le procureur général a résumé la situation clairement : « Avec le nombre d’avions de lutte contre les feux qui opéraient dans le secteur, larguant toute l’eau qu’ils pouvaient écoper dans le Pacifique, ce n’était pas le moment de faire voler des drones. »

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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