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Aviation Générale

Mélanie Astles : 2017, à armes égales

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Bastien Otelli

Pour la saison 2017 de la Red Bull Air Race, Mélanie Astles participera encore à la Challenger Cup avec la ferme intention de se perfectionner. Son but ultime : se montrer digne d’une équipe de Master Class pour intégrer le Mentoring Program, dès 2018. Pour la voltigeuse, 2017 sera aussi l’année des championnats du monde de voltige auxquels elle participera avec une toute nouvelle arme : son propre Extra 330SC.

Instructrice à l’ENAC, championne de voltige, première femme pilote en Red Bull Air Race… Lorsqu’elle gérait une station service, rien ne semblait prédestiner Mélanie Astles à un tel parcours. Aujourd’hui, les faits prouvent qu’elle a eu raison de croire en ses rêves.

Une femme en Red Bull Air Race !?

Une belle idée reçue, largement relayée sur les réseaux sociaux, consiste à croire qu’une femme qui débarque dans l’univers masculin de la Red Bull Air Race va se faire tailler en pièces par une tribu de mâles saturés de testostérone. Faux ! Car mis à part quelques sourires narquois anonymes du côté de ces tribunes virtuelles, les personnels et pilotes masculins de Challenger et Master Class se sont montrés ravis d’avoir enfin parmi eux, une représentante de la gente féminine. « Je n’ai senti aucune animosité. Au contraire, j’ai été vraiment bien accueillie. Les équipes de Red Bull m’ont donné de très bons conseils pour les vols et j’ai été très entourée par les pilotes », précise Mélanie.

En 2016, Mélanie Astles a apris à voler bas… © Predrag Vuckovic / Red Bull Content Pool

Certes, à l’issue de la saison 2016, les résultats de la pilote française n’étaient pas à la hauteur de ses espérances, puisque si on occulte ceux du Brésilien Francis Barros (qui n’a participé qu’à 3 courses sur 8), elle termine dernière du classement. Mais, il convient de préciser que son cumul de points n’est pas très éloigné des autres concurrents. Elle est clairement au contact.

Mélanie Astles rêve de suivre le même parcours d’apprentissage au sein d’une écurie Red Bull Air Race que son compatriote Mikael Brageot. © Predrag Vuckovic / Red Bull Content Pool

Rappelons aussi que, quelques mois avant le lancement de la saison 2016, Mélanie Astles n’avait jamais volé aussi bas et aussi fort : « Ce type de vol a été une vraie nouveauté pour moi. Les instructeurs Red Bull m’ont formé d’une manière très progressive : j’ai d’abord pris en main l’Extra 330LX que je ne connaissais pas, ensuite le staff m’a amené étape par étape vers la basse altitude, puis entre des pylônes, les bonnes trajectoires, etc. Bref, ils ont été formidables. »

Mélanie Astles a découvert l’Extra 330 sur le circuit Red Bull Air Race. © Predrag Vuckovic / Red Bull Content Pool

Toutefois, pour ses premières courses, Mélanie avait des consignes de sécurité à respecter. Perpétuellement soucieux de son image, il n’était pas question pour le fabriquant de boissons à la taurine que la première femme pilote de course soit victime d’un crash dès ses premières passes d’arme : « Sur les trois premières courses, mon objectif n’était pas de faire un chrono, mais de montrer que je savais voler d’une manière « safe ». Quand ils ont été rassurés, ils m’ont laissé aller plus vite, couper les trajectoires et trouver des techniques pour faire de bonnes performances. J’ai quand même fait quelques « pylon hits » [couper des pylônes, NLDA], j’ai commis pas mal d’erreurs, mais ça m’a permis de voir mes limites. Je les connais, maintenant », termine Mélanie.

Bons résultats et ambitions

La persévérance ça paye puisqu’en fin de saison, la Française s’est offerte une belle seconde place sur le podium de la course d’Indianapolis. L’entraînement y est aussi pour beaucoup. Pour ce faire, elle a eu droit à un coach de luxe : l’Anglais Paul Bonhomme (champion Master Class 2009, 2010, 2015). Le Britannique l’a pris sous son aile et compte bien réitérer pour la faire encore progresser en 2017, afin de l’amener jusqu’à l’antichambre de la catégorie reine, le Mentoring Program (pilote d’essai en Master Class), dès 2018. Et c’est un objectif largement assumé par Mélanie Astles : « Pour l’instant, je me laisse bercer par les éléments et je me concentre sur la saison 2017, même si j’envisage clairement le Mentoring Program. Je ferai tout pour y accéder en 2018. »

Mélanie Astles est satisfaite de sa première saison sur le circuit Red Bull Air Race dans la peau de la première femme de l’histoire de cette compétition spectaculaire. © Predrag Vuckovic / Red Bull Content Pool

Entre les pylônes de la Red Bull Air Race, Mélanie Astles a surtout découvert un sport qui lui plaît énormément et où elle trouve son compte en matière de compétition et de sensations fortes. Elle ne cache pas son plaisir : « Voler aussi bas et aussi vite est grisant ! Quand on arrive à 300 km/h sur les portes, l’espace entre les pylônes semble minuscule. C’est très impressionnant ! Les sensations que ce type de vol procure sont indescriptibles. C’est de l’adrénaline pure. C’est tout ce que j’aime. ».

L’Extra 330SC de Mélanie Astles aux couleurs de BMW. © Ludovic Maillard

Cependant, la pilote Française ne compte pas pour autant délaisser son premier amour : la voltige. Pour cela, elle s’est dotée d’une nouvelle arme…

Astles-BMW, une affaire qui vole…

Comme chacun sait, le parcours de Mélanie Astles passe d’abord par la compétition de voltige. Championne de France Elite 2015 et membre de l’équipe nationale, ses résultats avaient été mitigés aux championnats du monde de Châteauroux-Déols cette année-là (38e sur 58 et dernière de l’équipe de France) mais encourageants pour une première participation à une compétition internationale de top niveau.

Mélanie Astles sous les couleurs de BMW Motors à partir de la saison 2017. © Ludovic Maillard

A l’époque, elle volait sur le Cap 332 de l’AVA, mais les choses se sont précipitées début 2016, lorsque dans le cadre de sa recherche de sponsors, elle a réussi à séduire l’Allemand BMW. Dans un premier temps, ce partenariat entre Mélanie Astles et la « Manufacture bavaroise de moteurs » s’est affiché sur la combinaison de vol et le casque de la pilote. Ensuite, on a commencé à voir Mélanie posant avec le Cap 332 de l’AVA aux côtés de la dernière « Béhème », au guidon d’une moto du même constructeur, et puis sont apparues des vidéos promotionnelles l’élevant au rang « d’ambassadrice BMW France ».

Mélanie Astles fait entrer une nouvelle marque dans la voltige française. © Florian Léger

Enfin, il y a eu ce reportage diffusé dans l’émission « Auto-Moto » d’avril 2016, où Mélanie aux commandes d’un avion, affrontait en combat singulier la dernière BMW M6. Bien entendu, la puissante berline remportait cette course aussi insolite qu’inégale, mais l’œil averti aura remarqué un sacré détail : pas de Cap 332 pour Mélanie mais un Extra 330LX prêté par un ami Suisse. En voyant la Française aux commandes de cet avion allemand, le perspicace aura senti le vent tourner. En effet, quelques mois plus tard, Mélanie Astles achetait « son » avion, et bingo, il s’agit d’une machine allemande, celle qui gagne, identique à celles des champions du monde de voltige en titre, Aude Lemordant et Alexandre Orlowski : un Extra 330SC.

L’Extra 330SC « F-HMEL » de Mélanie… © Ludovic Maillard

Construit blanc immaculé, la livrée du nouvel appareil de Mélanie Astles a été réalisée par « covering » (autocollants) et, bien entendu, selon le cahier des charges de BMW, condition sine qua non pour que le fabricant de berlines d’outre-Rhin assume l’intégralité du budget d’exploitation de l’avion. La patte graphique de BMW se conjugue toutefois avec celle de la pilote Française. Ainsi, peut-on apercevoir un grand logo « Air Mel » sur le fuselage, un visuel de type autographe « Mel 33 » sous-titré « Smile On » sur la dérive, ainsi qu’une devise calligraphiée : « To Dream, To Fly, To Inspire ». Les clins d’œil destinés à la Française ne manquent pas et se remarquent jusque dans l’immatriculation du monoplace : F-HMEL.

La voltigeuse affiche sa devise sur la dérive de son nouvel avion…© Ludovic Maillard

Du point de vue du pilotage, Mélanie Astles ne tarit pas d’éloge envers son nouvel avion : J’ai beaucoup volé sur Extra 330LX [biplace commun à tous les concurrents de la Challenger Cup, NDLA] mais j’ai découvert le 330SC seulement quand j’ai reçu le mien. J’ai été bluffé ! Il est assez physique car la position de pilotage, plus en retrait, centrifuge plus qu’un Cap en déclenché, par exemple. Mais il a des ailerons très efficaces et un équilibre parfait. Il faut que je m’entraîne pour en tirer le meilleur, mais globalement, c’est un avion facile à piloter. »

2017, une année « supercharged » !

Cette année-là sera donc la deuxième participation de Mélanie Astles à la Challenger Cup en Red Bull Air Race. Mais 2017 sera aussi l’année des championnats du monde de voltige (WAC2017) qui se dérouleront du 9 au 17 septembre à Malelane, en Afrique du Sud, et la Française compte bien retourner se mesurer au gratin de la voltige mondiale avec son nouvel avion. Mais pour cela, il faudra qu’elle s’entraîne dur et qu’elle fasse ses preuves, notamment aux championnats de France, afin qu’elle soit sélectionnée en équipe nationale Elite.

Mélanie Astles, armée pour jouer sur tous les tableaux (Red Bull Air Race, mondial de voltige, meetings aériens) en 2017. © Predrag Vuckovic / Red Bull Content Pool

Cependant, la rareté des voltigeuses Françaises sur le plateau des compétitions internationales ne laisse guère de doute : il n’y a aucune raison que Mélanie Astles et son Extra BMW ne soient pas de la partie. Une année 2017 qui s’annonce décidément très chargée pour elle, mais qui pourrait le devenir encore plus, car Mélanie a également réussi les sélections pour devenir pilote de ligne chez Air France. De ce fait, elle se trouve actuellement sur liste d’attente, et elle est donc susceptible d’être appelée à tout moment par notre grande compagnie nationale. Smile On !

Bastien Otelli

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Bastien Otelli

Bastien Otelli travaille depuis 2004 avec la presse et l'édition des choses de l'air… Il a rejoint l'équipe d'AeroBuzz.fr en 2016. Depuis 2013, il est également photographe aéronautique professionnel.

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