Pierre-Marc Dreyfus, le dirigeant de la compagnie lyonnaise SN-THS, connue sous la marque Aerojet Corporate, a été écroué à Marseille, selon le quotidien Le Progrès de Lyon. Fabrice Alcaud, un associé, a lui aussi été incarcéré. Il s’agit du dernier développement judiciaire de l’affaire du Falcon 50 stoppé par la police juste avant son décollage de Punta Cana (République Dominicaine) avec 680 kg de cocaïne à bord, en mars dernier. Une affaire connue désormais sous le nom d’« Air Cocaïne ».
Les deux hommes sont mis en examen pour « importation de stupéfiants en bande organisée, association de malfaiteurs et direction d’un groupement en vue de l’importation et du trafic de stupéfiants et blanchiment ». Parmi les personnes concernées par l’enquête figure un douanier, lui aussi en prison. Selon une source proche du dossier, ce n’était pas le premier voyage organisé par la compagnie pour transporter une quantité importante de drogue.
En mars, la police dominicaine avait arrêté 35 personnes, dont les occupants du F-GXMC. A bord de l’avion, les deux pilotes étaient accompagnés de deux passagers. L’un, pilote, ne faisait pas partie de l’équipage pour ce vol, selon le SNPL. La poudre blanche était répartie dans 26 valises placées dans la cabine et dans la soute à bagages. Sa prochaine étape devait être Saint-Tropez… Il est toujours de l’autre côté de l’Atlantique.
La compagnie s’est vraisemblablement vu retirer son certificat de transporteur aérien mais, mardi 17 septembre, la DGAC ne pouvait le confirmer.
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« Air Cocaïne » : le dirigeant d'Aerojet Corporate incarcéré
On voit ici et là un nouvel argument consternant pour défendre les pilotes du Falcon 50, à savoir une comparaison avec la situation d'un vol AF Caracas Paris où l'on a trouvé 1,3 T de cocaïne. Dans un avion de ligne, les bagages arrivent en container donc l'équipage ne peut pas les voir. Dans un Falcon 50 le pilote établit un devis de masse et de centrage visuellement et avec une balance, au besoin en déplaçant lui même des bagages mal répartis dans la cabine surtout s'il s'agit de 700 kg de valises, soit plus de 50% de la charge offerte de l'avion. Là il est obligé de voir qu'il ne s'agit pas de valises de vêtements eu égard à leur poids bien supérieur. N'importe qui dirait "Houlala, qu'est ce qu'il ya dans ces valises ?" Mais nos 2 pilotes, non, ils trouvent qu'un seul passager avec 25 valises de cailloux (?) c'est normal. Cette comparaison devient hélas un nouvel argument à charge.
« Air Cocaïne » : le dirigeant d'Aerojet Corporate incarcéré
Moi non plus je ne stigmatise pas les pilotes, mais l'erreur de chacun d'entre nous doit être profitable à tous pour ne pas la renouveler. Un minimum de clairvoyance aurait permis de voir que ce vol était plus que louche. Pas d'hôtesse pour un vol VIP, avion n'ayant pas le range suffisant pour faire le vol en direct, 25 valises cheap pour un seul client au look limite etc. etc. Passe encore pour le passager déguisé en pilote, on peut être un grand enfant à 67 ans.
Quant à l'opération de mars à Punta Cana, elle n'aurait pas été possible sans la DEA qui l'a pilotée en amont et en aval. Donc peu probable que la DEA avaliserait durablement une détention abusive de pilotes français. De plus l'arrestation des dirigeants de THS indique que ce n'est plus seulement les clients qui auraient abusé les pilotes. D'ailleurs le fait que les comités de soutien des pilotes ne communiquent pas sur l'arrestation des patrons de THS prouve bien que l'affaire a pris une autre tournure. Malgré tout on ne peut que leur souhaiter bonne chance tout en restant réaliste.
« Air Cocaïne » : le dirigeant d'Aerojet Corporate incarcéré
Condamner les pilotes ? Bien sûr que non, c'est même tout le contraire.
Bien sûr, la réglementation ne fait pas des pilotes des auxiliaires de douanes.
Cependant, certains chargements peuvent paraître suspects, et générateurs de difficultés pour les pilotes (on est dans ce cas, là). Et donc, comment peuvent-ils s'être laissés "berner" en se jetant dans la gueule du loup, en voyant arriver tant de valises lourdes.
Il aurait pu être normal qu'ils doutent de la légalité du chargement, et qu'ils s'en inquiètent, afin de s'éviter d'être mêlés à un trafic.
Les conditions de ce chargement semblaient particulières, et peut-être qu'un peu de curiosité leur aurait évité d'être aujourd'hui emprisonnés, non ?
Que leur a-t-on dit ? Qu'ont-ils demandés ?
Je ne les condamne pas - au contraire - j'essaye de comprendre les circonstances qui les ont amené à charger un avion de manière atypique sans s'inquiéter des risques qu'on leur faisait prendre.
On achète rarement des dizaines de valises de chamallow ou de sucre glace pour les ramener de nuit en Falcon 50, non ?
« Air Cocaïne » : le dirigeant d'Aerojet Corporate incarcéré
Quelques précisions et rappels à l'attention de ceux qui auraient des doutes concernant les deux pilotes, voire qui les ont déjà condamnés: lors d'un vol en transport public, en tant qu'équipage vous n'êtes absolument pas tenu de vérifier le contenu des bagages. Cette tâche incombe aux autorités aéroportuaires. Votre rôle en tant que PNT consiste à vous assurer que le chargement est pesé et réparti de façon à ce que le poids de votre avion et son enveloppe de centrage respecte les limitations. Par ailleurs les deux pilotes étaient apparemment au salon VIP en train d'accueillir les pax lors du chargement des bagages.
Concernant l'instruction et l'enquête sur cette affaire menées en République Dominicaine, les personnes que ça intéresse peuvent constater qu'elles sont entachées de grosses irrégularités, c'est le moins qu'on puisse dire. Maintenant, au sujet du pax habillé en PNT, c'est une pratique dont j'ai eu l'occasion d'être témoin ça et là (notamment quand j'étais moi-même pilote militaire), dans des pays aux procédures administratives "tatillonnes" dont la Rép Dom fait justement partie...
Dominique
« Air Cocaïne » : le dirigeant d'Aerojet Corporate incarcéré
Comment les pilotes peuvent ne pas s'inquiéter du motif d'un vol, quand leur passager est déguisé en pilote, qu'ils chargent 21 valises pleines pour 2 passagers, rapidos et sans bruit ?
Comment peuvent-ils tourner les yeux s'ils savent, ou comment peuvent-ils ne pas voir le caractère inhabituel de la manip ?
« Air Cocaïne » : le dirigeant d'Aerojet Corporate incarcéré
J'ai surtout mal pour les pauvres pilotes qui n'y sont à priori pour rien.
« Air Cocaïne » : le dirigeant d'Aerojet Corporate incarcéré
Outre l'avion bloqué en Rep Dom il serait peut-être bon de ne pas oublier de mentionner les deux pilotes de l'appareil qui croupissent dans une geôle d'Higuey depuis maintenant plus de 6 mois, suite à une instruction à charge bâclée pour ne pas dire truquée, et dont le sort n'intéresse pas grand-monde en dehors de notre microcosme aéronautique, c'est le moins qu'on puisse dire...
http://retour-pascal-bruno.com/
Dominique
« Air Cocaïne » : le dirigeant d'Aerojet Corporate incarcéré
S'il est arrêté au bout de 6 mois c'est qu'il ya eu probablement une longue et minutieuse enquête. Mais dès le début 3 éléments plaidaient pour une opération bien planifiée à tous les niveaux (pilotes, dirigeants etc.)
1 / Pas d'hôtesse à bord. Quel VIP se payant un vol transatlantique à 100.000 Euros ne voudrait pas être choyé par une hôtesse avec champagne etc. ? Et quel opérateur ne soignerait pas les moindres détails d'un vol si intéressant avec sa plus belle hôtesse et ses meilleurs vins ? La réalité c'est qu'il fallait le moins de témoins possible et rester entre "initiés"
2 / Pourquoi avoir déguisé le client (Alain Castany) en cdb alors qu'il a dépassé la limite d'âge et n'a pas de QT DA50 ? Probablement pour donner le change en cas de problèmes.
3 / Le choix de l'avion. Si on peut se payer un vol transatlantique, on ne souhaite pas faire une escale de refueling aux Açores et on choisit un G5, un DA900EX ou autre.
Ce sont probablement les éléments qui ont poussé la police dominicaine (et derrière elle la DEA) à ne pas croire les pilotes qui affirmaient tout ignorer de la nature de la cargaison. Et on peut aussi imaginer qu'ils ont fini par se confier aux policiers sur la chaîne des responsabilités, d'où les dernières arrestations.