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Culture Aéro – brèves

1943-1945 We « Corsicans »

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Jean Ponsignon

Au cours des dernières années de la deuxième guerre, la Corse a servie de base arrière à l’armée américaine. A travers des témoignages de soldats américains et en particulier de pilotes, Jean-Michel Casanova et Dominique Taddei racontent cet épisode de la libération de la France dans un livre grand format rassemblant une iconographie remarquable.

Le 9 septembre 1943, la Corse se libère de la présence des occupants italiens et allemands. Il ne faudra que quelques semaines pour que les troupes alliées investissent les pistes d’aviation existantes et en construisent de nouvelles. La situation stratégique de l’île au cœur de la Méditerranée occidentale en fait la clé de voûte des plans alliés. Pas moins de dix – sept camps d’aviation seront opérationnels jusqu’à la fin de la guerre, accueillant plusieurs centaines de milliers de soldats de toutes origines.

C’est l’histoire d’une partie de ces soldats (et particulièrement celle de pilotes) qui est contée ici. Les documents réunis dans cet ouvrage constituent l’aboutissement d’un travail de plusieurs années de collecte auprès des vétérans américains et de leurs familles. Ils complètent un premier tome édité en 2003 consacré aux pilotes de bombardiers uniquement.

Il ressort de ces témoignages une fraîcheur, une jeunesse, parfois on aurait envie d’écrire une naïveté qui fait du bien. Photos, témoignages, documents originaux font de cet ouvrage une source unique, émouvante car empreinte de réalisme, pour la connaissance de l’histoire. L’iconographie est splendide, nombreuse, bien mise en page. Les reproductions de journaux et les cartes favorise la compréhension du « où » et du « quand ». La qualité globale est « 3 étoiles ». On a l’impression en lisant les textes d’habiter le cerveau de leurs auteurs et en regardant les photos on les penserait tirées du press-book d’un réalisateur de film historique.

1943-1945 We « Corsicans » par Jean-Michel Casanova & Dominique Taddei Editions Albiana 240 x 320 cm. 278 pages. 39,00 € ISBN : 9782824103853

Comme toujours dans la vraie vie alternent les situations heureuses et tragiques : on fait les vendanges, on boit le vin corse et puis la mort est là souvent stupide (ah, les camions qui se renversent, les armes qui se déclenchent intempestivement). Au début les corses sont un peu méfiants, mais ils vont découvrir les noirs américains et le jazz.

Je ne vous citerai pas toutes les histoires, il y en a trop, et il convient de vous laisser le plaisir de la découverte. Je n’en retiendrai donc que deux.

… En l’absence de médecin corse lors d’un accouchement très difficile, on va chercher un chirurgien militaire américain qui sauve la mère et l’enfant et s’occupe d’eux pendant deux mois. Le praticien étant célèbre à Chicago, la presse US en fait ses choux gras. mais l’histoire ne s’arrête pas là. On décide de baptiser le bébé. Mais le curé de U Petrosu refuse parce que le parrain (le docteur) et la marraine sont protestants. Alors le docteur demande à un pilote de le conduire à Rome pour demander une dispense au pape, et l’obtient…

… Un pilote de P47, blessé aux yeux, se pose presqu’aveugle ; les médecins américains interviennent sans succès. Mais ils entendent parler d’un ophtalmo de Bastia qui « fait des merveilles ». Ce dernier intervient et lui redonne la vue et refuse d’être payé. Le lendemain le pilote retourne le voir et lui offre son colt 45 et son holster : un colt pour deux yeux.

Je vous souhaite une bonne lecture.

Jean Ponsignon

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Jean Ponsignon

En parallèle d’une carrière de 29 ans dans le conseil en organisation et management et de 6 ans dans l'humanitaire, Jean Ponsignon a signé une centaine d’articles sur deux sujets principaux, l’aéronautique et l’humanitaire, pour Aviation & Pilote, Aventure, Bourgogne Magazine, La Croix… Il a rejoint Aerobuzz, début 2013. Jean Ponsignon traite l’actualité culturelle.

View Comments

  • Pas facile sûrement la cruelle guerre . Mais imaginez qu ils se soient trouves bien au soleil pour planter des haricots rouges et jouer du jazz tous les soirs , ?

  • Merci pour votre commentaire Stormy et pour l'apport de vos connaissances historiques, référencées de surcroît. Je vais dans votre sens concernant le contingentement de militaires US envoyés sur l'île issus quasi exclusivement du corps aérien et la confusion des combats entre résistants, américains, allemands et italiens passés d'un camp à l'autre et ceci de manière non homogène d'une partie de la Corse à l'autre.
    N'en ayant pas vécu, les guerres sont j'imagine atroces pour les victimes et les acteurs. La lecture des combats, qu'on soit soldat d'infanterie, aviateur, colonel en charge des opérations, maquisard ou simple civil est propre à chacun et donne autant de récits d'histoire.
    Au plaisir de vous lire....

  • Tout à fait, mon cher U Corbu.
    Au vu de ce qui s'est passé sur le continent (viols, marché noir, attaques de maisons le soir) il n'y a aurait pas de raisons pour que cela ait été tellement différent sur l'île...
    cependant il n'y avait pas de troupes d'infanterie, juste du support d'aviateurs (mécanos, pilotes, logistique) donc des gens à priori un peu plus éduqués... voilà une explication.
    Les bases américaines furent sur la plaine orientale, zone peu peuplée à l'époque.
    Les combats de Bastia de septembre 43 furent confus de par la présence des italiens qui venaient juste de se retourner contre leurs alliés de la veille, mais il semble bien qu'au moins un bombardement allié aurait pu être évité (comme Royan, Caen, Dunkerque plus tard)
    J'ai vu ce deuxième livre à l'aéroport à Campo il y a deux semaines - je ne l'ai pas acheté, le premier tome étant déjà encyclopédique...
    Comme beaucoup d'autres combats de la Libération, chacun peut y prendre à peu près ce qu'il veut (présence ou non d'américains, rôle des italiens, allemands en retraite et non décidés à rester, juste à couvrir leur rembarquement..)
    Le rôle des différents intervenants mérite d'être connu - bataillon de choc (futur général Glavany, lire son livre), sous-marin Casabianca, goumiers, Spitfires français basés à Campo dell'Oro (Escadrons 1/3 et 2/7, dont je lisais les exploits dans le livre d'or du "Nice" lors de mon passage à Cazaux au siècle dernier...)
    Hommage à tous ceux qui y laissèrent leur vie.

  • "Au début les corses sont un peu méfiants, mais ils vont découvrir les noirs américains et le jazz."
    Une version sûrement romantique des faits, je tiens de mes grands parents que les bombardements US ont fait plus de morts que l'occupation allemande et qu'ils n'avaient rien de chirurgicaux occasionnant de nombreux dégâts collatéraux. Femmes et enfants étaient souvent envoyés dans les villages avoisinant Bastia pour éviter les bombardements, quelques bombes continuant même d'être larguées plusieurs jours après la libération de la ville. On m'à raconté qu'il y eu quelques incidents (sûrement anecdotiques pour ne pas gâcher la liesse) entre population et militaires US a cause de l'attitude "arrogante" de ces derniers vis à vis de la gente féminine...

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