Biblio – Histoire mondiale des porte-avions

Outil de gesticulation diplomatique et militaire, le porte-avions a vu son acceptation évoluer au cours du 20ème siècle. Les tensions actuelles en mer de Chine, renforcent encore sa prépondérance. L’histoire mondiale des porte-avions que raconte ici Alexandre Sheldon-Duplaix démontre l’importance de ces extraordinaires aérodromes flottants dans les rapports de force entre les grandes puissances et plus encore comment le porte-avions s’est transformé au fil des décennies.

Alexandre Sheldon-Duplaix a choisi d’ouvrir son livre sur un cliché en noir et blanc de l’appontage du pilote civil Eugène Ely sur le pont en bois monté sur le croiseur américain Pennsylvania. Cette photo a été prise le 18 janvier 1911. Elle préfigure le concept du porte-avions qui va être exploré pendant la première guerre mondiale. Mais c’est évidemment pendant la deuxième guerre mondiale que le porte-avions va octroyer à l’arme aérienne la mobilité et la permanence sur un théâtre éloigné des bases terrestres.

Et pourtant, pendant l’entre-deux-guerres, le traité de Washington de 1922 bridera le développement de cette nouvelle arme aéronavale. L’invasion de la Chine par le Japon en 1937 qui voit la première utilisation massive de l’aviation embarquée dans l’attaque des villes côtières, rendra obsolètes tous les traités. Dans la course à l’armement qui se déchaine alors, la France est larguée.

La guerre du Pacifique, entre les américains et les japonais, démontrera la supériorité du porte-avions sur le cuirassé, relégué à assurer la défense anti-aérienne des porte-avions qu’il escorte. Au sortir de la guerre, plusieurs pays projettent de reconstruire leur flotte autour des porte-avions. C’est le cas de la France. Toutefois, l’aviation à réaction et la bombe atomique vont remettre en question cette hiérarchie. La guerre de Corée, va mettre tout le monde d’accord, d’autant que les porte-avions vont bénéficier de multiples innovations technologiques comme la piste oblique, le catapultage à vapeur, le miroir d’appontage ou encore les progrès des radar.

Au milieu des années 60, la suprématie des porte-avions est une nouvelle fois remise à question par l’apparition du chasseur à décollage vertical Harrier. Le débat entre porte-aéronefs et porte-avions est ouvert. Il va tourner à l’avantage du porte-avions qui à la fin de la guerre froide s’impose comme l’instrument politique et militaire pour prévenir des crises, contrôler l’escalade de la violence ou imposer par la force une volonté nationale ou internationale. Les actuelles tensions en mer de Chine, rebattent les cartes, et une fois de plus, la doctrine d’emploi des porte-avions évolue. D’autant qu’une nouvelle génération d’avions à décollage et atterrissage vertical a fait son apparition et que les drones montent en puissance.

Vous l’aurez compris, cette histoire mondiale des porte-avions racontée par Alexandre Sheldon-Duplaix est passionnante. Elle se dévore.

Gil Roy

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