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Inquiétude à l’ONERA

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Martin R.

Alors que l’Assemblée Nationale et le Sénat examinent depuis plusieurs semaines le projet de loi de finances 2016 (PLF 2016) présenté par le gouvernement, l’intersyndicale s’inquiète de la situation financière de l’ONERA tant pour 2016 que pour les années futures.

L’ONERA, établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), est le centre français de la recherche aérospatiale sous tutelle du ministère de la Défense. Créé en 1946 avec pour missions principales de développer et orienter les recherches, et d’assurer l’indépendance de la France, dans le domaine aérospatial, l’ONERA, par ses travaux, a depuis plusieurs décennies, contribué à l’excellence et l’indépendance du secteur aérospatial français et européen. Pour mener leurs travaux, les chercheurs disposent d’importants moyens de calcul intensif et moyens expérimentaux dont les plus connus sont sans doute les grandes souffleries de Modane. Tous les grands programmes civils et militaires, du Mirage au Rafale, du Concorde aux Airbus A380 et A350, les Falcon, toute la filière Ariane, les missiles de MBDA, les futurs hélicoptères H160, le système de surveillance Graves, etc., sont passés avec succès entre les mains expertes des chercheurs de l’ONERA.

Or depuis plusieurs années, la subvention pour charge de service public (SCSP) de l’ONERA permettant en particulier de conduire les travaux de Recherche à très longs termes (bas TRL) ne cesse de diminuer (124M€ en 2010 mais 105M€ seulement en 2015) et ce malgré l’excellence de ses travaux unanimement reconnue y compris au niveau international. Les moyens attribués à l’ONERA ne sont pas à la hauteur des ambitions affichées, tant en matière de protection de l’environnement (pollution, bruit, ..) que dans les domaines de la défense et de la sécurité.

La subvention qui lui est accordée ne permet plus de faire face à ses besoins grandissants notamment en ce qui concerne les investissements dans des équipements de pointe, mais aussi pour la remise en état du parc de souffleries. L’intersyndicale craint que ne soient abandonnés des pans entiers d’activité de l’ONERA entraînant inévitablement des pertes d’emplois et de qualifications, d’abord en interne, et puis plus largement dans le secteur aérospatial, avec pour corollaire des effets dévastateurs sur plusieurs décennies à un moment où il est nécessaire de préparer l’avenir grâce à la recherche et d’assurer notre souveraineté nationale dans la sécurité et la défense.

Si la France tient encore aujourd’hui une place de premier plan dans l’industrie aéronautique et spatiale c’est notamment parce qu’à la fin de la seconde guerre mondiale des visionnaires ont créé l’ONERA. Les dirigeants politiques de 2015 sauront-ils se montrer à la hauteur de leurs aînés ? On peut en douter. Et c’est grave

2. Essais de trajectographie d'Exocet AM39 tiré depuis un Rafale dans la grande soufflerie S2MA de l'ONERA à Modane
2. Les deux ventilateurs contrarotatifs de S1MA (13,5 m de diamètre)
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Martin R.

Martin R. est le développeur et webmaster d’Aerobuzz depuis sa création en 2009. Développeur de formation, il a fait ses classes chez France Telecom. Il lui arrive d’oublier ses codes le temps de rédiger un article sur un nouveau produit multimedia ou sur un jeu.

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  • Inquiétude à l’ONERA
    si c'est l' appelation de taxe qui vous derange, on peut appeler cela " redevance d' utilisation " dans le monde que nous vivons, celui qui utilise doit payer, c'est la régle, et cela doit être aussi le cas pour l ' ONERA.
    on apprend par ailleurs que Airbus a un carnet de commandes pour 10 ans, c'est très bien, cela represente quel chiffre d' affaires ? il faut être serieux !
    le pecheur ne demande ps à l' état de payer sur les fonds publics pour reempoissionner l' étang où il va pêcher...à chacun son truc !
    une chose est certaine, l' ONERA devrait fonctionner comme un GIE, ceux qui lui demande " un service " devraient y adherer...et comme dans tout GIE,passer à la caisse comme tout participant et en fonction de ce qu'il demande
    qui demande paie....ce doit être la devise...et le mot de la fin !

  • Inquiétude à l’ONERA
    pensez-vous que sur nombre de milliards engrangés par Airbus et les autres, la location d'une soufflerie soit hors de prix,? bien sur, c'est toujours trop cher quand on achete....
    ce n'est pas au citoyen qui va à la peche et ne prend jamais l' avion à payer
    cela qui ne prend pas l' autoroute ne paie pas !
    je propose une taxe ( très minime ) sur le chiffre d' affaires de nos avionneurs qui utilisent les services de l' ONERA , mais vu le chiffre d' affaires, cela peut rapporter gros, et donner de nouveaux moyens à l' ONERA.
    cet organisme doit pouvoir vivre en dehors des fonds publics, mais il y a certainement une remise en ordre, cela se fait de temps en temps dans n' importe quelle entreprise

    • Inquiétude à l’ONERA
      Hé voilà, la solution miracle de la taxe....
      Vous êtes comme tous les hommes politiques.....
      Un problème de financement....une nouvelle taxe, comme si cela changeait le problème.
      Pour avoir utilisé des souffleries un grand nombre de fois, je peux vous affirmer d'autre part que la facture pour une semaine d' essais est loin d'être une bagatelle....
      Je peux également que la taxe existe déjà puisque le ministère de tutelle est celui de la défense qui tire son budget d'une très vieille idée de taxe qui s'appelle IMPOT!

  • Inquiétude à l’ONERA
    Il est fondamental que L'état se resaississe, car les brillants succès actuels de l'aéronautique et l'espace, notamment Airbus ne doivent faire perdre de vue que la préparation de l'avenir et des ruptures technologiques est à soutenir concrètement, en particulier à l'ONERA
    Airbus Group ne devrait il pas consacrer une partie des milliards d'euros qu'il s'apprête à utilise pour des rachats d'actions pour soutenir financièrement la recherche moyen / long terme européenne !!!

    • Inquiétude à l’ONERA
      Il y a trois aspects différents à l 'ONERA :

      - les grands moyens d'essais comme les souffleries qui sont utilisés à titre payant ( assez cher...) par tous les industriels voulant tester leurs produits qui devraient être prioritairement financés par la subvention d'état au niveau de l' investissement, les industriels payant dans leurs campagnes d'essais le fonctionnement.

      - la recherche appliquée que fait l'ONERA qui prend parfois plutôt le rôle des industriels ( drones, démonstrateur de missile...)

      - la recherche fondamentale qui se fait au même titre que celle du CNRS et il faudrait peut être réfléchir à des synergies avec il est vrai un besoin de priorisation budgétaire

      Il faut de toute manière remettre en cause certains paradigmes, car tout ne peut pas rester comme avant, qui comme chacun le sait était mieux !!!!

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