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Le B-29 Superfortress raconté par ses équipages

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Olivier Constant

Dans la même veine des ouvrages déjà publiés sur les B-17 et B-24, les éditions ETAI consacrent un remarquable livre au célèbre bombardier américain B-29 durant la Seconde Guerre Mondiale et la guerre de Corée. Les auteurs, Donald Nijboer et Steve Pace, donnent la parole aux équipages.


« B-29, Missions de combat, témoignages uniques d’équipages de Superfortress au-dessus du Pacifique et de la Corée » fait partie de ces ouvrages qui ont longtemps été attendus par leurs futurs lecteurs. Ne serait ce que parce que cet appareil a véritablement changé le cours de la Seconde Guerre Mondiale. Pour y parvenir, les américains ont mis les moyens, faisant du B-29 Superfortress le système d’armes le plus cher de tout l’arsenal américain en temps de guerre. Sa conception et son développement revinrent, en effet, à plus de 3 milliards de dollars de l’époque, soit un milliard de dollars de plus que le projet de bombe atomique auquel il restera pour toujours associé. Il faut souligner ici que cet appareil avait porté l’innovation à son apogée du moment car il était à la fois le premier bombardier équipé d’une cabine pressurisée, des moteurs à pistons les plus puissants au Monde, du radar le plus sophistiqué et du système de contrôle de tir le plus avancé. Bref, le B-29 était l’appareil des superlatifs.

Sa mise au point ne fut pas exempte de problèmes puisqu’il s’écoula vingt-et-un mois entre son premier vol et son engagement opérationnel. Poussés à leur paroxysme, les moteurs Wright Cyclone Duplex R-3350 souffraient, à l’origine, d’un manque de fiabilité notoire. Un point assurément inquiétant pour les équipages lorsqu’il s’agissait de décoller à la masse maximale de l’appareil ou de parcourir de longues étendues maritimes sans terrains de déroutement.

Aussi étonnant que cela puisse paraître tant l’impact de ces bombardiers a été considérable, la période d’engagement des B-29 sur le théâtre asiatique fut donc courte. Celle-ci s’étendit du 5 juin 1944 au 15 août 1945. En quatorze mois d’opérations seulement, les bombardiers géants larguèrent 170.000 tonnes de bombes et douze mille mines. Le prix de cet engagement fut élevé car quatre-cent-quatorze appareils furent perdus dont cent-quarante-sept au combat. Ainsi que le rappellent les auteurs du livre, ces pertes sont, cependant, à mettre en parallèle avec les 4 600 Forteresses Volantes B-17 détruites en Europe entre 1942 et 1945.

Dans un premier chapitre consacré à l’histoire et au développement de cet appareil mythique, l’ouvrage précise que 3.970 B-29 furent produits jusque fin mai 1946. Si les hostilités avec le Japon s’étaient poursuivies, ce grand total aurait pu atteindre le chiffre faramineux de 9.052 appareils ! On peut regretter ici que les auteurs n’aient pas publié les caractéristiques techniques de cet appareil hors-normes pour l’époque. En revanche, ils ont évoqué les seize B-29 / B-29A modifiés pour servir d’appareils de sauvetage en mer pour les équipages abattus. Ces exemplaires furent désignés SB-29 comme « Super Dumbo ». Ils emportaient des canots de sauvetage pour sauver les survivants de B-29 ayant été contraints d’amerrir sur l’eau.

Puisque cet ouvrage évoquent aussi les missions réalisées par les B-29 en Corée au cours de la période 1950-1953, l’ouvrage indique que cinq groupes équipés de ce type d’appareils y furent engagés, à l’origine, notamment à partir des bases de Kadena à Okinawa et de Yokota au Japon. Le lecteur restera cependant un peu sur sa faim concernant les opérations effectuées durant cette guerre.

Les chapitres suivants nous apportent toutes les informations liées à l’engagement des B-29 durant la Seconde Guerre Mondiale. Et en particulier celles concernant la durée des missions. Celles-ci pouvaient s’étaler de treize à seize heures. En comptant deux heures pour la préparation du vol et deux heures de plus pour le debriefing, on arrivait ainsi facilement à des durées de dix-sept à vingt heures en moyenne ! Autre chiffre spectaculaire, celui de l’importance des bases d’où partaient les B-29 pour bombarder le Japon. Celle située sur l’île de Tinian (Mariannes) comportait six pistes, 18 km de taxiways et d’aires bétonnées pour être en mesure d’accueillir 450 B-29. Sans surprise, elle était donc, à ce moment-là, la plus grande base aérienne au Monde.

L’ouvrage détaille également l’apport des B-29 qui devaient survoler l’Himalaya pour assurer le ravitaillement des appareils devant bombarder le Japon à partir de la Chine. Conséquemment, vingt appareils de ce type furent transformés en citernes géantes capables de transporter 34 000 litres de carburant et 378 litres d’huile. Ces bombardements dont peu furent nénmoins menés au départ de la Chine furent de plus en plus massifs. Ainsi, Tokyo fut bombardée par plus de cinq cents appareils au cours des nuits du 24 et du 26 mai 1945. Les incendies qui suivirent détruisirent 57 km² de la capitale japonaise.

Bien entendu et au-delà de nouveaux chapitres détaillant l’ensemble des fonctions assurées par les onze membres d’équipage, l’ouvrage détaille l’utilisation du bombardier comme vecteur de l’arme atomique. Cela débuta avec le largage par le 509th de « bombes citrouilles » de 5 tonnes, peintes en orange, sur des objectifs japonais à compter de juin 1945. Puis, ce fut le « feu nucléaire » sur les villes d’Hiroshima, puis de Nagasaki, respectivement les 6 et 9 août 1945. Les B-29 retrouvèrent, toutefois, des missions bien plus pacifiques lorsqu’ils furent employés à des vols de ravitaillement. Du 27 août au 20 septembre 1945, ils effectuèrent ainsi 1.066 décollages pour larguer 4.400 tonnes de denrées à cent-cinquante-quatre camps différents abritant un nombre estimé de 63.400 prisonniers.

Cette information comme bien d’autres encore font le sel de cet ouvrage qui, espérons le, en appellera d’autres. Pourquoi ne pas envisager, par exemple, de rappeler dans la même veine rédactionnelle les missions de guerre assurées par le célèbre C-47 Dakota.

Olivier Constant

B-29 Missions de combat
le Wright R-3350 Duplex-Cyclone motorisant le B-29 fut l’un des moteurs à pistons parmi les plus puissants produits aux États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale. Il délivrait au maximum 2 200 ch.more
Un B-29 Superfortress au-dessus de son objectif
3.970 B-29 furent produits jusque fin mai 1946
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