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Culture Aéro

Le Dewoitine 551 de Réplic’Air prend forme

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Gil Roy

Le chantier de reconstruction d’un Dewoitine 551 lancé par Réplic’Air vient de s’installer à Toulouse où a été transférée la maquette à l‘échelle 1 du chasseur français. Elle va permettre de valider le schéma d’implantation des différents systèmes et équipements. Pendant ce temps, à Melun-Villaroche les « motoristes » se préparent à prendre possession du moteur Hispano-Suiza V12.


Le Dewoitine 551 s’apparente en définitive à un petit chasseur compact avec un long capot moteur dans lequel est logé un gros moteur. C’est la première impression qui ressort à la vue de la maquette à l’échelle 1 réalisée par Réplic’Air. L’avion réapparaît pour la première fois en vraie grandeur, plus de soixante-dix ans après avoir été crucifié. A l’exception de quelques témoins de l’époque, peu de personnes ont eu la chance de voir ce chasseur français prêt à voler, détruit avant même qu’il ait pu effectuer son premier vol. Cette maquette en bois matérialise une étape symbolique sur le chemin de la réhabilitation du Dewoitine 551.

La maquette bois donne une idée des proportions du D551. © Replicair

La maquette bois à l’échelle 1 du Dewoitine D551 a été construite en Ariège © Replicair

Réalisée en Ariège, elle vient d’être transférée à Toulouse, dans l’atelier de construction de l’association, dans les installations de Derichebourg Evolution Formation où a été construit la réplique du Morane-Saulnier Type G. C’est là, que l’équipe Réplic’Air va construire de toutes pièces son nouvel avion, un chantier qui débouchera sur un premier vol prévu entre fin 2017 et le printemps 2018. La maquette va être utilisée pour préparer la fabrication.

Le Dewoitine 551 a d’abord entièrement été modélisée afin de réaliser une maquette numérique à l’aide de Catia. Ce logiciel universel de conception assistée par ordinateur va permettre de préparer les fichiers unitaires pour faire, par exemple, de la découpe laser ou de l’impression 3D métal, mais aussi pour associer l’outillage et les moyens de fabrication. En revanche, la maquette en bois va aider à vérifier le schéma d’implantation. Le passage des systèmes dans les montages et les perçages vont pouvoir ainsi être validés. « L’objectif est d’être bon du premier coup. Les pièces sont chères à réaliser, nous n’avons pas les moyens de nous tromper », affirme Jérémy Caussade. « Nous essayons d’anticiper au maximum quitte à devoir repousser le début de la fabrication ».

Sur la maquette en bois, le tableau de bord pourra ainsi être entièrement monté, le siège positionné, les commandes de vol installées, les circuits hydrauliques et électriques implantés. « La mécanique d’ouverture et de fermeture de la verrière est complexe. Elle met en oeuvre tout un système de pignons et d’engrenages. Nous allons pouvoir installer des rails sur la maquette en bois de manière à valider le fonctionnement avant de monter l’ensemble sur le vrai avion ».

Le moteur Saurer HS-51 présenté devant la maquette bois à l’échelle 1 du Dewoitine D551 © Replicair

Réplic’Air travaille dans le même état d’esprit que précédemment avec la réplique du Morane-Saulnier de Roland Garros que résume Jérémy Caussade d’une formule synthétique : « le design d’époque, avec un technologie d’aujourd’hui ». Le recours à Catia pour la conception, la fabrication ou encore la réalisation des outils en est un exemple. Mais avec le Dewoitine 551, les constructeurs vont aller plus loin. Ils vont produire des pièces en impression 3D. Ils s’intéressent même à l’impression 4D.

Réplic’Air réunit une équipe de 80 professionnels autour du projet D551. © Replicair

 

L’impression 4D est encore au stade expérimental dans l’industrie. Il s’agit non plus de produire une pièce unique, mais un groupement de pièces liées mécaniquement. Airbus qui s’intéresse à cette nouvelle technologie s’est rapproché de Réplic’Air. Pour le constructeur, l’association est un véritable laboratoire de recherche qui peut l’aider dans ses propres travaux. Au passage, Réplic’Air récupère un partenaire de poids qui prouve, sa crédibilité. Si tant est qu’il fallait encore démontrer la rigueur et le professionnalisme de cette équipe qui fédère de plus en plus de compétences. C’est ainsi, par exemple, qu’un groupe s’est mis au travail à Melun-Villaroche.

Réplic’Air a acquis en Suisse un moteur Saurer, équivalent du V2 Hispano-Suiza d’origine © Replicair

Ils sont une vingtaine sous l’expertise de Claude Chudzik. Ils travaillent pour la plupart d’entre eux dans des filiales du groupe Safran. C’est eux qui ont en charge la remise en état des moteurs Hispano-Suiza 12Y51 avec le support du musée Safran. Réplic’Air a déjà récupéré un premier moteur Saurer HS-51 équivalent du moteur d’origine construit sous licence suisse. L’association en a deux autres en vue. Les moteurs seront entièrement démontés et refaits à neuf. A Melun-Villaroche, elle a trouvé la compétence qui lui manquait à Toulouse.

Au total, 80 personnes, dont une vingtaine en région parisienne, vont travailler sur le chantier de construction de la réplique du Dewoitine 551. « Pour le Morane-Saulnier nous aurions été trop nombreux, mais pour le Dewoitine, c’est ce qu’il faut. Nous étions au départ une association d’ingénieurs. Ce n’est plus le cas avec les mécanos qui sont entrés dans l’association avec de nouvelles compétences. Chacun apporte quelque chose dans son domaine. C’est un vrai travail d’équipe ».

80 à 90 plaques d’aluminium vont être commandées prochainement. Elles serviront à l’habillage de l’avion. Début mai devrait débuter la fabrication du bâti qui sera utilisé pour la préparation du découpage laser des tôles. D’ores et déjà, il est prévu que la mise en route des moteurs et des systèmes se fasse avant la mise en croix de l’avion, comme cela se pratique dans l’industrie. Les équipes dédiées étant différentes, elles peuvent ainsi travailler en parallèle. L’objectif est de mettre en vol le Dewoitine 551 entre fin 2017 et début 2018.

Le premier vol se fera à Toulouse, soit à partir de Blagnac, soit à partir de Francazal. « Nous avons besoin de services de sécurité habitués aux essais en vol. Nous allons surtout travailler avec une télémesure pour collecter les informations. Il n’est pas possible d’utiliser un avion d’accompagnement comme nous l’avons fait avec le MS Type G. Le Dewoitine est trop rapide. A Toulouse nous avons la chance d’avoir deux télémesures, l’une chez Airbus et l’autre à l’ISAE ». Dans leur cour, les grands accueillent aujourd’hui Réplic’Air avec bienveillance.

Par son expertise, son approche méthodique des problèmes et par son humilité aussi cette équipe impose l’écoute et le respect. Le 27 avril prochain, les grands de l’aéronautique seront tous là à Toulouse pour l’inauguration officielle du nouvel atelier mis à disposition par Derichebourg. Ils découvriront la maquette en bois qui préfigure le futur Dewoitine 551, le chasseur français des années 40 qui aura attendu 70 ans pour effectuer son premier vol. Les ingénieurs français ont de la suite dans les idées…

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Bonjour, je découvre par hasard cette entreprise magnifique qui est de reconstruire un Dewoitine 551. Je ne connais pas cet appareil , seulement le Dewoitine 520. Dommage que je ne peux pas visionner les images en bas du texte. Bonne continuation pour votre belle initiative que je vais suivre aussi de près ;-)

  • Très belle initiative ! Je vais suivre avec beaucoup d'intérêt de projet et je vous souhaite bonne continuation.

  • Le Dewoitine 551 de Réplic’Air prend forme
    bonjour,
    depuis toujours passioné d'aviation, je tente malgré mon travail dans l'agriculture d'obtenir mon brevet d'ulm, j'ai beaucoup apprécié l'article sur ce descendant d'un avion de légende (à mon sens) au même titre que d'autres "spitfire"et "mustang". je vous adresse humblement mon admiration et aimerai simplement être informé de l'avancement des travaux.
    Bon courage

  • Le Dewoitine 551 de Réplic’Air prend forme
    Congratulations on your work so far. Hope to see the D551 flying in 2015. I am an American who's parents were born in France. I speak and can read it well, but my writing is not that good. Good luck to you and all your supporters. I will keep in touch via this site.
    Regards,
    Joseph A. Giraud
    San Carlos, CA. USA

  • Le Dewoitine 551 de Réplic’Air prend forme
    Bravo pour cette formidable initiative, j'espère qu'un site internet sera ouvert pour suivre cette reconstruction.

  • Le Dewoitine 551 de Réplic’Air prend forme
    Bonjour,
    Votre article concernant la construction du D 551 par Replic’Air est très complet. Cependant, il y aune petite erreur qui ne change rien au fond : la cellule aménagement échelle 1 a été réalisé dans les Hautes-Pyrénées à Saint Laurent de Neste et non en Ariège. Merci de rectifier si c’est encore possible.
    Cordialement
    DR

  • Le Dewoitine 551 de Réplic’Air prend forme
    Voir se réaliser un tel projet est un grand bonheur. Quel engagement de la part de cette équipe! Mes meilleurs encouragements et, vivement que cette merveille rejoigne son élément!
    Gerzam

  • Le Dewoitine 551 de Réplic’Air prend forme
    Magnifique, super. J'ai hâte de le voir et l'entendre voler.

  • Le Dewoitine 551 de Réplic’Air prend forme
    Le professionnalisme, la discrétion, l'humilité de cette équipe sont impressionnants. Rencontrer Jérémy Caussade pour en parler est chaque fois un moment de plaisir.
    Avec ce Dewoitine, Réplic'Air honore l'histoire aéronautique de Toulouse, la mémoire de son constructeur qui avait été injustement malmené. Il me rappelle aussi le grand Doret que j'ai connu dans mon enfance.
    Ce sera une grande émotion de voir voler cet appareil.
    Merci à vous tous, Mesdames, Messieurs les ingénieurs, mécaniciens et "petites mains", sans oublier le chat !

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