Roland Garros, l’embrasseur de nuages

Eric Boulogne propose une biographie de Roland Garros qui se distingue par son approche iconographique. L’aviateur réunionnais vainqueur de la Méditerranée est en effet raconté ici par la carte postale.

2013 fut l’année Roland Garros, et le monde aéronautique a très légitimement commémoré l’exploit de ce pilote pionnier de l’aviation qui s’illustra par le survol de la Méditerranée en 1913, et par bien d’autres prouesses. Peut-être d’ailleurs le « cloud kisser », ainsi qu’il fut surnommé lors de sa période de saltimbanque au sein du Moisant International Aviators, sorte de cirque de aérien américain, début 1911, peut-être reviendra-t-il sur le devant de la scène lors de l’anniversaire de sa mort survenue, d’ailleurs de manière quelque peu mystérieuse, en 1918.

Au moins 2013 nous aura donné la chance d’enrichir les rayonnages de nos bibliothèques avec cet ouvrage qui s’avère très intéressant. Certes, il s’agit d’une biographie de l’aviateur, mais qui se distingue toutefois de celle qui fait référence d’une part par son approche iconographique : elle fait place à une profusion d’illustration, axée exclusivement sur les cartes postales et les cartes-photos anciennes. Et d’autre part, par son angle « géographique », puisque la vie et les hauts faits du pilote sont relevés au travers de la perception qu’en ont eu les habitants de la Réunion (à l’époque une colonie française) dont il fut natif. Certes Roland Garros n’y vécut que les toutes premières années de sa prime enfance, mais les Réunionnais le considérèrent toujours avec affection comme un enfant du pays.

Ces deux approches ont conduit à l’élaboration d’un volume bien singulier, agrémenté de très nombreuses cartes postales – un vrai média, à l’époque – consacrées à sa carrière, mais aussi illustrant les lieux que Garros fréquenta, baignant ces 180 pages d’une agréable couleur chaude, et d’encadrés reprenant les articles de la presse locale, publiés alors avec le décalage dû à l’éloignement de la métropole.

C’est donc un vrai document que est livré ici, en dépit de quelques erreurs de légendes (l’auteur semble avoir du mal à différencier les monoplans Deperdussin des Morane-Saulnier, le pilote au départ à Vincennes pour le Circuit européen est Vidart et non Garros…), qui n’obèrent en rien la qualité générale de cet opus. Opus que je recommande sincèrement pour en savoir plus sur ce personnage aussi modeste qu’exceptionnel que fut Roland Garros.

Jean Molveau