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Boeing, dans l’angle mort de la crise

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© Boeing

Boeing cherche à résoudre un problème technique afin de pouvoir remettre en vol la flotte mondiale de 737MAX. Pour Louis Kulicka, les racines de la crise que doit gérer actuellement le constructeur américain sont avant tout financières. Sa démonstration…

Depuis bientôt 9 mois que le Boeing 737 Max est cloué au sol, l’ensemble des médias, spécialisés ou non, a rendu compte au grand public des éléments constitutifs d’une crise durable, et qui ne va pas s’arrêter de suite. Nul n’ignore plus rien de ce logiciel (le MCAS) installé à l’insu des pilotes sur le dernier-né de la firme Boeing, et dont le déclenchement intempestif a probablement provoqué ou contribué à provoquer la mort de 346 personnes lors de 2...

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23 commentaires

  • C’est aussi un problème de temps, combien d’années de développement et d’essais avant d’avoir le concurrent tout neuf contre l’A320Neo? C’était quasiment abandonner un segment du marché. Ils ont mis trop de temps avant de décider d’un nouveau développement inéluctable. Entre temps et argent, c’est le problème de la poule et de l’oeuf

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    • Et oui, la pente sera très raide à remonter, car le mal est très profond. On a déjà entendu parler par ci et par là de démantèlement de Boeing pour éviter que les divisions « saines », c’est à dire l’espace, la défense et les services ne soient contaminées par les mécomptes désastreux de la division « avions commerciaux ». Avec un des fournisseurs principaux qui licencie 2800 employés, la chaine de montage ne sera pas facile à redémarrer. Le certificateur sera plus dur à convaincre pour la remise en vol, la confiance des compagnies aériennes est durablement altérée, la note de la qualité de la dette de Boeing auprès des banque a été abaissée alors que Boeing va devoir lourdement s’endetter etc… Les défis sont immenses. Courant mars, la publication des comptes 2019 nous donnera une idée précise du désastre d’un point de vue financier.

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  • Vous remarquerez que l’on ne donne plus de calendrier pour le retour en vol de cet avion …. et pour info, tous ces avions stockés sans voler s’abîment (poussière au Moyen-Orient, humidité, voire corrosion, pneus qui s’ovalisent et qui seront de ce fait à jeter, liquides hydrauliques à l’intérieur des tuyauteries qui attaquent les joints…) Toutes proportions gardées, c’est comme si vous laissiez votre voiture quatre ans dans le verger en Normandie…. bon courage.

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  • par Nicolas Christophe

    C’est une crise technique qui a plus de 40 ans d’arriérés pour les industriels de l’aéronautique et qui se traduit par des soucis matériaux et de mécanique de la rupture. Cette crise a ses origines qui remontent à plus d’un siècle chez les savants donc ce n’est pas quelque chose de conjectural. C’est trop long à décortiquer ici mais c’est déjà dans les mains de qui de droit.
    Ils sont cuits chez Boeing, leur seul avenir est de sécuriser des anciennes recettes et d’éviter toute initiative malheureuse car ils évoluent désormais en terrain totalement miné. Après, il existe d’autres solutions novatrices pour le déplacement aérien qui n’ont rien à voir avec ce qui se fait actuellement mais c’est une toute autre histoire.

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    • par Pilotaillon du 21eme siècle

      Bonjour, le raisonnement tient sans compter l’ensemble des activités de Boeing, MCO, militaires etc… qui dilluent (un peu) l’impact mais il me semble que le plus important se situe dans le retard pris pour développer une nouvelle cellule qui met en jeu l’écosystème amont et donc des temps de développement incompressibles. Le moteur reste dispo…
      On ne tombe cependant pas de la dernière pluie à Seattle, les savoirs faires et moyens de production sont disponibles, maitrisées, y compris composites (Cf. le 787).
      Derrière toute crise sommeille une opportunité !
      Je me méfie du catastrophisme, de la résignation au bar du commerce… c’est parfois à l’occasion d’une crise (electrochoc) qu’on peut faire passer ce qu’un système considérait comme inaceptable : les évolutions techonologiques, managériales ou de modèle économique que le corps des managers « conservateurs », financiers compris avaient peut-être repoussés.
      -« L’assurance du leader se transforme en arrogance… ce qui fait la chance du second », X. Fontanet.
      Certes le coût est énorme mais une fois encore, l’importance / la place de ce constructeur est tellement stratégique. J’imagine difficilement qu’on (l’état, les parties prenantes…) laisse la situation hors de contrôle.
      Pendant qu’on commente abondamment, les équipes bossent…
      My 2 cents.

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  • La vraie faiblesse du fric c’est de ne croire qu’au fric…

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  • Oui mais enfin la decision ingéneuriale (guidée aussi, en cette époque de 2012, par les containtes financières de satisfaction de l’actionnaire) de faire du neuf avec du vieux en réponse à l’A320 néo, date des années 2012, 2013.
    Ne confondons nous pas ici la cause et l’effet? En tout cas les dates imposent la réflexion (le point d’inflexion du rachat d’actions est entre 2016 et 2017, c’est donc un effet et pas une cause, à priori à moins de croire à la machine à remonter le temps).
    Pourquoi ne pas imaginer qu’en 2013 et par la suite les financiers de B. aient senti qu’il fallait vite fait reprendre le controle de l’investissement en recherche et développement avant que les ennuis commencent, et donc racheter les actions pour avoir les mains plus libres! Mais que ce qui devait arriver arriva, patatra la faute technique, et carrément institutionnelle (FAA) , de la certification du 737 Max, se transforma en 300 morts. Moi j’attend l’avis d’un insider financier ou mieux ingénieur-financier par exemple de chez AIrbus, à défaut de Boeing, qui doit bien avoir compris le scenario pour nous expliquer … Mais cette clarifition evidemment ne viendra jamais. En attendant il y a une justice, car si ce que j’avance est vrai, c’est la démonstration que c’est l’ingénieur qui fait un produit et non pas le financier.

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  • Airbus joue aussi sur un carnet rempli à ras-bord, encore plus que Boeing et la crise du max va provoquer un afflux vers le 320neo, mais est-ce que Airbus ne va pas avoir lui aussi des problèmes?
    Car depuis le début je dis que ce n’est pas seulement Boeing, mais un problème qui concernent l’aviation internationale dans son ensemble.

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  • Chez Boeing, ont ils bien compris votre analyse ?
    En nommant David L. Calhoun 62 ans actuel directeur général de la société d’investissements Blackstone et président du conseil d’administration de Boeing, UN PUR FINANCIER, non réellement issu et/ou ayant une connaissance approfondie et pratique de l’aéronautique. (si ce n’est un peu chez GE et un passage chez boeing en 2009 en tant que directeur indépendant).

    Avec ce profil financier, Boeing vise à nouveau le court terme…
    De mon avis, ça ne va pas les sortir du trou et sous peu un « Please, Trump help! » ou bien un appel au peuple américain et à son chauvinisme national.

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  • Le malheur des uns peut faire le bonheur des autres.
    Sur le court terme AIRBUS tire la couverture à lui…. peut être aussi bientôt les chinois.
    Mais votre réflexion / analyse bien documentée, extrêmement claire, dont il faut vous remercier, devrait aussi attirer notre attention sur le fait que l’on privilégie le court terme, le rendement financier, on veut suivre le « moove des start-up » comme disent les jeunes.
    L’appât du gain rapide rend aveugle.
    Ne faut il pas, que l’on ouvre les yeux, qui que l’on soit, ouvriers, cadres, employeurs, actionnaires ou non, investisseur, réfléchir à privilégier les « long-run companies », avoir une conscience éthique et savoir pondérer ses attentes de retour, tant pour ce qui concerne travail et emploi, salaire ou dividendes, pérennité de la situation plutôt que rendement valorisation immédiate.
    Vous me direz, les mentalités n’ont pas encore changées pour la consommation, on préfèrent choisir un prix et une grande surface plutôt qu’une qualité et une provenance de circuit court, pourquoi changeraient elles plus vite pour des choix professionnels ou de rentabilité financière personnelle ou d’entreprise. Le mauvais côté du capitalisme sans doute.
    La gestion en bon père de famille avec du bon sens paysan… un retour aux sources peut être, ah mais oui dans notre nouveau monde! père et paysans, on ne sait plus trop ce que c’est….

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  • Merci beaucoup pour cet article si précisément documenté.
    Aéronautes, nous sommes tous très sensible à la situation particulière de Boeing, mais hélas, loin d’être isolée, elle est presque devenue une règle de l’industrie moderne : dès qu’un fabricant de corn flakes s’introduit en bourse, la qualité des céréales cesse d’être un critère pour le management.
    Il y a beaucoup plus à gagner (pour les actionnaires, et par conséquent pour les dirigeants « incentivés » sur tel ou tel ratio) avec le commerce de l’argent qu’avec celui des corn flakes.

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  • et voilà pourquoi la FAA a craqué, laissé passer cet objet mal volant; sinon Boeing vivait à coup sur ce problème économique et financier, faute d’un produit et de liquidités.

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  • On ne peut qu’applaudir la démonstration!
    Sans doute peut-elle être appliquée à de nombreuses autres entreprises, aux USA, en France ou ailleurs, qui, n’ayant pas eu la « malchance » d’être frappées par des catastrophes accidentelles, apparaissent beaucoup moins dans les radars des médias, les chômeurs faisant moins vendre que les victimes.
    Ainsi va le capitalisme financier mondialisé…

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  • Une approche bien plus globale qui met une fois de plus en évidence ce que l’optimisation des variables financières en viennent à mettre à mal tout ce capital technique industriel et humain plus que centenaire pour générer un tel désastre … pas de soucis pour Mr Muillenbourg , ses arrières sont assurées !
    Une lecture qui rappelle d’autres épisodes sur fond de délits d’inititiés du côté de Toulouse il y a une douzaine d’années, et qui nous changes des communiqués habituels…

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  • Merci pour cet article !
    On comprend mieux que les lanceurs d’alerte au sein de Boeing n’aient jamais été entendus, ils n’avaient aucune chance de l’être.
    De faire une telle politique de court terme, au sein d’une telle compagnie est simplement hallucinant autant que suicidaire ! Mais tant que ça passe on continue encore un peu plus !
    Qui sont les responsables ? Et qui s’en est mis plein les poches (je ne parle pas de l’actionnaire lambda bien sûr) ?
    En tout cas, les gagnants a moyen terme risquent d’être les chinois, qui pourront moins facilement être attaqués sur leur manque de qualité, et leur Comac qui arrive..

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  • Article bien documente qui insiste sur un fait evident: les financiers ont pris le pouvoir il y a qqs annees quand il a ete decide de transferrer le siege social de Seattle a Chicago. Cette manoeuvre avait pour bur d’eloigner le centre de descision financier des ingeneiurs qui concoivent les avions. Ca aurait pu marcher sans le fiasco du 737 MAX.
    Quand Airbus a decide de remotoriser les A320 Boeing s’est trouve devant un choix epineux, faire du neuf avec du vieux ou concevoir un appareil entierement nouveau. La premiere option a ete choisi pour des raisons economiques. Seul probleme et non des moindres, les jambes de trains courtes qui avaient ete choisies voila 50 ans pour permettre un handling plus facile sur des aeroports secondaires s’est revele un casse tete pour loger les nouveaux moteurs, on connait la suite …

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    • par Pilotaillon, Européen vigilant

      Nous avons « facilement » une lecture réduite de l’actualité de l’éco et des entreprises.
      Une entreprise est un tout, mais en aucun cas un ventre à subvention, ni un puit d’argent sans fond, pas davantage un abri pour personnel incompétent.
      Lorsque les cycles de production sont longs, capitalistiques et la concurrence forte, les erreurs stratégiques se paient cher. Il me semble que nous en avons un parfait exemple.
      Longtemps décrié – rappellons nous les réactions des équipages face au A320 « jeu vidéo » arrivant des mercures par ex. – le modèle fly by wire porté par un acteur d’envergure continentale est le choix gagnant… 30 ans plus tard.
      Si le jeu est aujourd’hui favorable à Airbus, la partie n’est pas finie. Le contexte qui a donné l’avantage à l’Europe sera le même demain. La concurence fait apparaitre les faiblesses et les erreurs se paient cher. (Y compris avec l’A380, bravo Airbus d’être parvenu à faire jeu égal !)
      Pourtant tout ceux qui le souhaitent en connaissent le principe et les enjeux : https://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/bfm-strategie-croissance-ou-dividende-0303-1043013.html
      A postériori, tout comme les conséquences des cachoteries logicielles VW, l’accident industriel était prévisible, X. Fontanet en parle : https://www.youtube.com/watch?v=SXmS0riny-M
      Aussi je me garde de tout triomphalisme, wait and see.
      Le succès n’a de valeur que sur l’instant, avec réalisme et modestie !
      Joyeuses fêtes.

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      • Bonjour, dans l’interview « croissance ou dividendes » que vous citez sur BFMTV, il s’agit de modèles économiques complètement différents. Les actionnaires d’Uber et d’Amazon acceptent de ne pas recevoir de dividendes pendant plusieurs années pour avoir une croissante très forte de l’entreprise qui sur un marché en train de se créer a pour objectif d’éradiquer et de tuer dans l’oeuf toute concurrence. En quelque sorte, on promet le Nirvana à l’actionnaire : « si tu me prête ton argent sans me demander de contrepartie pendant un certain nombre d’années, tu deviendras le roi du pétrole ». Je résume. Le problème c’est qu’en économie les choses ne se passent pas souvent comme prévu, c’est un euphémisme et n’est pas Apple qui veut, surtout lorsqu’on s’endette très fortement. Pour le marché des avions de transport de passagers, le contexte est complètement différent. On est en présence d’un quasi duopole actuellement, où à l’heure où j’écris le fabricant d’avions A ne peut répondre à la demande des clients du fabricant B. Il s’agit d’un duopole stable, où pour les quelques années à venir les parts de marché de chacun sont assurées, aucun des deux concurrents (Airbus et encore moins Boeing désormais) ne pouvant satisfaire l’ensemble de la demande solvable à court voire moyen terme. Mais que ce soit le modèle du « Jackpot » pour Boeing ou le modèle du « Nirvana » pour Amazon (décrit dans le présent propos), je pense que l’on est en présence de situations pouvant potentiellement déboucher sur des bulles spéculatives, de nature à engendrer des crises financières de grande ampleur façon subprimes ou Enron à un moindre degré pour ceux qui s’en souviennent.

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      • par Pilotaillon du 21eme siècle

        Merci Louis pour ce complément !
        Je souhaitais partager les « mécanismes » de la stratégie d’entreprise pour disposer d’autres clés afin de lire l’actu dans un contexte plus global. Aussi l’ensemble des séquences difusées par BFM ont du sens… mais c’est un investissement en temps pour toute les visionner.
        Il y en a 78.
        Les Gafa montrent la forme la plus extrème de l’usage de capitaux.
        Le cas spécifique du duopole est abordé dans ce cours https://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/bfm-strategie-cours-37-airbus-boeing-un-duopole-indeboulonnable-1606-1083619.html
        Bonne lecture joyeuse fin d’année !

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  • Merci Louis pour cette étude pragmatique et compréhensible. Aussi claire que le plan de ton ASK13-4m 🙂 . Incroyable le talent qui peut se cacher derrière un découpeur de balsa 🙂 Joyeux Noël à toutes et tous.

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    • Et moi , je desagraffe et découpe de la cagette , pincée collée , ça fait solide , mais augmenter les ailes fait mieux planner que dans les pieds , attention aussi aux dièdres inversés …!
      Pour Boing , le moins cher pourrait être un agrandissement du stabilisateur ?

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  • Un immense merci pour l’article le plus explicite, accessible qu’il m’es été donné de lire depuis la crise du Max.
    Et croyez-moi ou non, j’ai du en lire plus d’une centaine depuis.
    Ne faudrait-il pas aller plus loin dans votre analyse?
    L’exemple que vous décrivez , qui n’est pas une vue abstraite, une théorie pompeuse; mais bien une description objective des agissements d’une des plus grandes sociétés de notre temps, devrait nous alerter sur la nocivité extrême de l’emprise financière des marchés boursiers sur nos sociétés.
    L’appât du gain à court terme ne sera jamais une structure d’investissement pérenne pour quelque entreprise que ce soit.

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