Des NH90NFH pour la marine allemande sous conditions

Après trois ans d’hésitation, l’Allemagne commande 18 NH90 NFH pour remplacer ses Sea King et Lynx à bout de souffle. Cette commande n’apaise pas pour autant le différent qui oppose Berlin au constructeur dans le dossier du NH90 et qui s’est traduit par l’annulation de 40 NH90TTH.

Plus de trois ans après avoir annoncé son intention d’acquérir de nouveaux hélicoptères navals, le Bundestag a finalement ratifié, le 4 mars 2015, l’achat de 18 NH90NFH. Ces hélicoptères de nouvelle génération seront produits en Allemagne, sur le site Airbus Helicopters de Donauworth. Ils seront basés aussi bien à terre qu’en mer. Bien que démunis de système ASW/ASuW, ils seront capables d’assurer des missions de transport, des opérations spéciales et des opérations de sauvetage dans les conditions les plus difficiles. La décision d’acquérir ces hélicoptères, qui implique la mise à disposition d’un budget de 1,4 Milliards d’euros, n’a pas été simple car elle s’inscrit dans un mouvement de réforme plus vaste des acquisitions de matériels de Défense.

En effet, en décembre 2013, à son arrivée au poste de ministre de la Défense, l’ambitieuse Ursula Von der Leyen avait décidé qu’il était urgent de remettre à plat tout le système des acquisitions. Le ratage de la mise en service du drone américain Eurohawk avait déclenché une tourmente politico médiatique à propos des contrats d’armement en cours, en Allemagne. Après analyse de la situation, le gouvernement a finalement revu à la baisse sa commande d’hélicoptères de combat Tigre, la ramenant de 80 à 40 unités. Ceux déjà livrés seront cannibalisés. De même, le nombre des NH90 TTH de transport tactique en commande est passé de 122 à 82.

Concernant le Tigre, la décision de Berlin peut, en partie, s’expliquer par le fait que le standard allemand actuel du Tigre n’est pas le plus adapté aux opérations modernes, à l’inverse de la France qui a fait le pari réussi du Tigre HAD. Au total cette réorganisation coutera 8,7 milliards euros au contribuable allemand. On notera le courage et la rigueur des autorités allemandes dans cette affaire, cette décision ayant été prise sous une pression médiatique sans précédent.

Depuis trois ans, la presse papier et en ligne tire à boulets rouges sur les programmes d’armement en général et sur le NH90 en particulier. Ainsi tous les avatars techniques de ce programme compliqué en quête de maturité ont été étalés sur la place publique avec pour résultat l’arrêt provisoire de la flotte.
Les critiques de la presse sont très larges. Elles concernent aussi bien la rampe arrière jugée glissante, que la fiabilité des moteurs, le manque de rangements, les risques de court-circuit, sans oublier les problèmes de corrosion détectés sur les NH90, au Pays-Bas. Cette instruction à charge occulte les vies sauvées en Afghanistan, les remèdes techniques apportés par les industriels et les milliers d’heures de vol réussies dans les conditions climatiques les plus exigeantes. Elle passe également sous silence les réussites des autres pays utilisateurs tels que le France, l’Italie, les Pays-Bas et la Finlande dont les pilotes ne tarissent pas d’éloges sur le NH90. Des critiques qui ont tout l’air d’une guerre politico médiatique qui aurait laissé deux grands perdants. Les travailleurs allemands chargés d’assembler le NH90 et les militaires allemands dont les Sea Kings et Lynx ont d’ores et déjà atteint l’âge de la retraite.

Pour calmer l’opposition politique Allemagne et les détracteurs du NH90, le Bundestag recommande d’assortir la commande de clauses sévères concernant la mise en service et les performances du NH90 avec, en cas de non respect du cahier des charges, des risques de pénalités, voire de sortie du contrat. Le fiasco du drone Eurohawk a laissé des séquelles.

Gil Roy