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Défense

Donald Trump sort le F-22 de son chapeau pour Israël

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Frédéric Lert

Selon des médias israéliens, Donald Trump aurait donné son accord pour la vente du F-22 Raptor à Israël. S’agit-il d’un besoin réel de l’état hébreu ou d’un coup électoral de dernière minute de la part du président américain sortant ? Le F-22 n’étant plus produit, où Donald Trump imagine-t-il trouver les exemplaires destinés à Israël ? Dans les effectifs de l’US Air Force ?

De passage en Israël, le secrétaire américain à la défense aurait proposé la vente du chasseur furtif de Lockheed-Martin à son homologue israélien, bien entendu avec la bénédiction de Donald Trump. L’information est tellement énorme que l’on ne sait pas trop par quel bout la prendre… Comme dans toute vente d’avions de combat, il y a des enjeux politiques, diplomatiques, techniques et militaires.

Mais en pleine campagne électorale américaine avec comme mots clefs Israël et F-22, on se doute bien que tous sont largement démultipliés.

Alors commençons par une valeur sûre : l’Histoire. Avant même que l’avion entre en service au sein de l’US Air Force, Israël était déjà cité comme pays client potentiel, au même titre que le Japon ou l’Australie. Pour tous ces pays, la vente se heurta à des considérations pratiques (coût de l’avion et contraintes de sa mise en oeuvre) mais aussi à une impossibilité légale : en 1998, le Congrès américain avait voté l’amendement Obey (du nom bien trouvé de son rapporteur) interdisant purement et simplement l’exportation de l’avion.

Les Etats-Unis craignaient alors que l’avion tombe entre de mauvaises mains ou que quelques-uns de ses secrets soient revendus à des gens mal intentionnés. Israël était alors particulièrement visé par cette loi, le pays étant fortement soupçonné d’avoir aidé la Chine à développer son chasseur J-10, frère siamois du Lavi, lui-même bâti sur de la technologie américaine…

Mais depuis 20 ans, beaucoup d’eau a coulé sous le pont Allenby. Israël a été maintes fois pardonnée et les Etats-Unis ont approuvé la vente du F-35 aux Emirats Arabes Unis (EAU).

Or il est un principe intangible qui structure les relations américano-israéliennes : les USA se sont engagés à toujours donner à Israël des équipements militaires supérieurs à ceux vendus à ses voisins.

Les F-15 saoudiens sont moins bien équipés que les israéliens. Idem avec les F-16 en service dans la région, et il en ira de même si la vente de F-35 aux EAU devait aller à son terme. On pourrait alors voir la vente de F-22 comme une manière de donner plus et mieux à l’état juif qu’à ses voisins.

Mais la question se pose-t-elle vraiment ? D’abord, rien ne prouve que ce que intéressait les israéliens il y a vingt ans les intéresse toujours.

Les israéliens ont maintenant fait le choix du F-35 en matière de furtivité et de bombardement.

Pour le reste, leurs F-15 et F-16, qui évoluent sans cesse, continuent de dominer sans partage le ciel du Proche-Orient. La combinaison de ces avions, des drones, de munitions spécifiques et d’un haut niveau de savoir-faire tactique doit permettre à Israël de maintenir son ascendant sur ses voisins.

Plusieurs considérations pratiques font ensuite douter de la valeur de l’annonce américaine : la chaine de fabrication du F-22 a été arrêtée en 2011, les outillages démontées et stockés.

Le coût d’une relance de la fabrication du F-22 serait prohibitif.

Pourrait-on alors imaginer que l’US Air Force se sépare d’un escadron, de la même manière que la France donne ses Rafale à la Grèce ?  L’US Air Force se plaint déjà de ne pas avoir assez d’avions : 195 F-22 ont été fabriqués et aujourd’hui sans doute moins de 150 sont aptes au combat.

Enfin, on imagine mal Israël investir sur un appareil qui vola pour la première fois en 1997, alors même que les Etats-Unis ont annoncé récemment avoir fait voler le démonstrateur d’un avion de combat de nouvelle génération. Pourquoi acheter la première génération de Qashqai quand son remplaçant arrivera bientôt en concession ? Réponse à cette question dans quelques jours, quand la poussière des élections américaines sera retombée !

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Israel a besoin d un avion qui marche en temps de guerre puisque ca fait depuis leur creation qu ils y sont. Pas d un f22 qui n a jamais ete associé à un conflit car trop complexe à mettre en oeuvre.
    C est n importe quoi ce trump. Pourquoi il leur vend pas un porte avion aussi ?

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