Malgré les menaces proférées par le président des USA, à l'encontre de l'Europe, les clients européens du F-35 ne remettent pas en question leur choix. © US Air Force
Donald Trump met à rude épreuve les alliés traditionnels des Etats-Unis et la question se pose : qui contrôle véritablement les F-35 exportés et est-il prudent de faire confiance à Lockheed Martin ?
Le Danemark a commandé 27 F-35A et vient tout juste de recevoir l’intégralité de sa commande. Naîvement, le pays pensait utiliser ces avions pour protéger les abords de la Baltique. Hors, voici que se pose la question d’une annexion par les Etats-Unis du Groenland, dont la sécurité est confiée à Copenhague. Situation tout aussi ubuesque du côté du Canada où le choix du F-35 (à priori 88 avions souhaités) en remplacement des F/A-18 vient se heurter de plein fouet aux velléités expansionnistes de son voisin du sud.
Cette situation inédite s’est très rapidement traduite ces dernières semaines par une interrogation légitime : les pays acheteurs auraient-ils vraiment le contrôle de leurs avions s’il devaient un jour les employer contre le pays qui leur a vendu ? Question existentielle qui a rapidement trouvé une variante plus sexy sur les réseaux sociaux : existe-t-il un « kill switch » dans les F-35 qui permettrait à Lockheed Martin ou au Pentagone de neutraliser les avions à distance, à l’insu du plein gré de leurs propriétaires ?
Après quelques semaines de spéculations les plus folles, le Pentagone a formellement réfuté cette idée : « le programme F-35 est sous-tendu par des accords qui garantissent que les utilisateurs ont les capacités de mettre en oeuvre leurs avions ». La Belgique et la Suisse ont également réfuté officiellement cette idée de « kill switch ». Bruxelles a déjà acheté 34 avions et pourraient s’engager rapidement sur 11 supplémentaires. La Suisse a quant à elle signé pour 36 avions qui seront livrés à partir de 2027.
Rappelons ici que les exportations pèsent lourdement dans le programme F-35 avec près de 40% des ventes, l’Europe étant elle-même en première ligne avec 13 pays clients. De programme américain tri-partie (Air Force, Navy et Marines), le F-35 est devenu ces dernières années un pilier de la stratégie américaine en matière de politique étrangère et d’alliances militaires.
Dans ce contexte, les pays européens ont fait partie des soutiens les plus enthousiastes du F-35. La Grande-Bretagne est le seul partenaire de premier rang et contribue à hauteur d’environ 10% des coûts de développement. L’Italie, la Hollande, la Norvège et le Danemark contribuent également au développement mais dans une moindre mesure. Tous sont heureux de participer au financement du programme et d’acheter simultanément un avion et un lien d’amitié qu’ils pensaient indéfectible.
En l’espace de quelques jours, tout a été remis en question et la possibilité d’une annulation des contrats en cours a été posée ouvertement. En vérité, les chances que la mise en service des avions déjà commandés soit remise en questions sont proches du zéro absolu. Le train est lancé à pleine vitesse et plus rien ne peut l’arrêter.
L’Allemagne, qui a prévu l’acquisition de 35 avions, est en revanche sous pression pour réévaluer son choix. Mais la personnalité du locataire de la Maison Blanche étant ce qu’elle est, les mesures de rétorsion économiques américaines seraient sans doute sanglantes. Passé le choc des déclarations sur le Groenland, le Danemark évoque maintenant l’achat d’une dizaine d’avions supplémentaires pour compléter sa commande.
Tous les regards se tournent aujourd’hui vers le Portugal, qui n’a pour l’instant pas officiellement choisi de successeur à ses F-16 et qui se pose ouvertement la question du bien fondé d’acheter un avion américain. Le ministre portugais de la défense a lui-même déclaré le 13 mars dernier que « Washington n’étais pas un allié fiable dans le contexte politique actuel ».
Le Canada évoqué plus haut se pose également des questions existentielles qui viennent ajouter un nouveau chapitre à la saga du F-35 dans le pays. Quelques heures après le Portugal, Ottawa avait reconnu évaluer la possibilité de trouver une alternative au F-35. L’avion avait été sélectionné une première fois en 2009 par le gouvernement conservateur de Stephen Harper. Six ans plus tard, le contrat n’était toujours pas signé et l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau, qui avait critique le choix de l’avion pendant qu’il était dans l’opposition, mit un terme aux négociations.
En 2017, il fut fortement question d’acquérir des Super Hornet mais deux ans plus tard, pour se donner le temps de la réflexion, les canadiens commencèrent finalement par racheter des Hornet d’occasion auprès de l’Australie. Puis vint une nouvelle compétition à laquelle le Rafale et l’Eurofighter ne voulurent pas participer. Ne resta plus en lice que le Gripen et… le F-35, miraculeusement remis en selle par Justin Trudeau, celui-là même qui l’avait éjecté en 2015. Le F-35 ne fit qu’une bouchée du Gripen et en 2022 ; Ottawa commanda 88 avions pour environ 14 milliards de dollars US.
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Le F 35 est un avion de combat. Le Portugal, l'Italie, la Suisse et tous les autres s'équipent pour se battre contre qui ?
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Peut-être pas de kill-switch à proprement parler, mais qu’en serait-il de la disponibilité opérationnelle des machines en cas d’arrêt brutal de tout support technique de Lockheed Martin et des équipementiers US ainsi que de la chaîne logistique US?