Ce que l’on sait avec certitude : en réaction à ce qui a été décrit comme une attaque chimique contre la ville syrienne de Douma le 7 avril dernier, la France a participé cette nuit avec la Grande Bretagne et les Etats-Unis à l’attaque d’objectifs syriens. « La ligne rouge fixée par la France en mai 2017 a été franchie a déclaré le président Macron. J’ai donc ordonné aux forces armées françaises d’intervenir cette nuit, dans le cadre d’une opération internationale menée en coalition avec les Etats-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni et dirigée contre l’arsenal chimique clandestin du régime syrien ».
Sur les images diffusées par la présidence de la République, on distingue quatre Rafale, dont au moins un monoplace, décollant à priori de St Dizier. Chaque avion emporte deux missiles de croisière SCALP-EG, trois réservoirs supplémentaires de 2000 litres et au moins deux missiles MICA d’auto défense. Le ministère des armées annonce également la participation d’une frégate multimissions de la marine. Ce navire, dont quatre exemplaires sont aujourd’hui en service dans la marine, peut emporter 16 missiles de croisière naval.
Du côté du Pentagone, on évoque le tir de diverses munitions dont des missiles de croisière Tomahawk. Le ministère américain de la défense précise par ailleurs avoir tiré deux fois plus de munitions que lors du raid du 7 avril 2017 : les Etats-Unis avaient alors lancé 59 missiles de croisière contre la base militaire d’Al Shayrat désignée par les services de renseignement américains comme le point de départ d’un précédent bombardement chimique.
Les Etats-Unis auraient donc lancé à eux seuls une centaine de missiles contre « trois cibles liées au programme d’armement chimique syrien ». Un chiffre de trois cibles, « un centre de recherche et deux autres sites » également évoqué par la France. Les britanniques annoncent quant à eux l’emploi de quatre Tornado GR4 de la Royal Air Force, sans doute basés à Chypre, avec de missiles Storm Shadow.
Voilà pour les certitudes, tout le reste n’étant qu’hypothèses et supputations enrobées d’un épais brouillard médiatique.
Le ministère russe de la défense a annoncé que plus de cent missiles de croisière et missiles air surface ont été tirés par les trois pays de l’Otan et « qu’un nombre significatif de missiles ont été abattus par la défense aérienne syrienne ». Une annonce semblable avait été faite la semaine dernière après le tir de missiles par des F-15 israéliens depuis l’espace aérien libanais. Selon Moscou, la défense anti-aérienne syrienne (rééquipée avec des systèmes russes modernes) avait abattu cinq des huit missiles tirés par l’état hébreu.
On retiendra en dernier lieu tout l’intérêt que présente l’emploi de missiles de croisière (hormis pour le contribuable) : le missile est précis et il offre une autonomie suffisante pour instaurer de facto un no man’s land entre les avions ou navires tireurs et les cibles et leurs défenseurs. Dans une situation hautement volatile comme celle de la Syrie, c’est une solution politiquement très pratique : les pays tireurs peuvent se satisfaire d’avoir agi tandis que du côté du pays ciblé, on peut annoncer avoir résisté avec succès. Tout le monde garde la tête haute sans jamais avoir risqué un contact direct avec l’ennemi. Un scénario qui convient finalement à tous.
Frédéric Lert
Une conférence de presse qui s’est tenue à 17h samedi 14 avril a permis d’apporter quelques précisions quant à l’engagement français contre la Syrie dans la nuit du 13 au 14 avril.
« A l’heure actuelle (…) je peux affirmer que la mission est un succès » a déclaré Florence Parly, ministre des armées, qui faisait estrade commune avec le général François Lecointre, chef d’état-major des armées. « Les objectifs militaires sont atteints et la capacité de la Syrie à concevoir, produire et stocker des armes chimiques ont été considérablement amoindries. Par ailleurs tous nos missiles sont parvenus à leurs objectifs ».
Les deux intervenants ont également insisté sur l’éloignement des cibles (7.000 km aller-retour depuis la France et une dizaine d’heures de vol pour les appareils en moyenne) ainsi que la complexité de l’opération : il fallu coordonner les tirs entre armée de l’Air et Marine, qui a tiré trois missiles de croisière navals avec ses frégates, mais également entre alliés. Malgré l’éloignement des avions (B-1B pour les Américains, Tornado pour les Britanniques et Rafale pour les Français) et des navires, tous les missiles ont convergé de façon synchronisée vers leurs cibles.
Florence Parly a également précisé qu’il n’y avait eu « aucun incident entre nos forces et les autres forces présentes dans la région ». Il semble en effet que la force aérienne syrienne soit restée l’arme au pied sur ses bases et que la Russie se soit contentée quant à elle d’observer ce qu’il se passait, sans intervenir.
Le volet aérien de l’intervention française s’est traduit par l’engagement de 17 avions au total : 5 Rafale de la 4ème escadre de chasse, 4 Mirage 2000-5F de l’escadron 1/2 « Cigognes », 6 Boeing ravitailleurs et enfin deux E-3F « Awacs ». Les Rafale emportant chacun sans doute de deux à quatre MICA pour leur auto-protection, on peut penser que les Mirage étaient quant à eux engagés pour la protection des ravitailleurs et/ou des Awacs.
Le ministère des armées a par ailleurs précisé que neuf missiles seulement ont été tirés sur les dix emportés par les Rafale. Ce qui signifie qu’un missile n’a pas été tiré pour une raison technique et est revenu à son point de départ sous l’aile d’un Rafale. On l’a dit, la mission a duré une dizaine d’heures avec un décollage vers 21h le vendredi 13 et un retour des derniers avions vers 7h du matin le lendemain. Elle a nécessité trois ravitaillements en vol sur le trajet aller et deux sur le retour pour les Rafale.
Clin d’œil de l’histoire, le scénario qui s’est joué dans la nuit du 13 au 14 était à peu de chose près celui qui avait été prévu dès 2013, quand la France voulait attaquer directement Damas. Un scénario ensuite rendu public par François Hollande au cours de ses entretiens avec des journalistes du Monde, en préalable à la publication du livre « Un président ne devrait pas dire ça » ! Clin d’œil au carré, puisqu’il s’agissait à l’époque de sanctionner également une attaque chimique, déjà contre le quartier de la Ghouta, et dont la paternité attribuée à Damas faisait aussi déjà débat… F.L.
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Surtout qu après plusieurs années de guerre civile et de centaine de milliers de morts faire la vierge effarouchée pour une attaque chimique alors que ça fait des années qu Ils en font est franchement ridicule. Les syriens ont quasiment anéanti tous les "rebelles". C'est au début qu il fallait agir. Après si Assad était tombé est ce que l EI n aurait pas été surpuissant dans la région car contrôlant aussi entièrement la Syrie ? Peut être que la victoire contre daesh dans la région et due aussi au fait que Assad les a tenus pendant plusieurs années. Dossier très difficile.
Ce coup à environ 70 000 000 d'euros, juste pour casser de la vaisselle, ressemble à un baroud de " déshonneur " , en attendant le déploiement des T50 du Russe, sur les bases Syriennes et maintenant sans nul doute sur les Balkans. Nous verrons alors si " camembert " osera encore ...........
Une belle histoire de riches en mal être de puissance.
A'ment donné( comme disent les Marseillais), pour se battre il faut aller au contact physique, c'est la réalité de toute guerre.
Non, ça c'est l'ancienne théorie ! N'importe lequel de nos sous-marins d'attaque peut réduire l'état major et le gouvernement de n'importe quel pays sans jamais aller au contact. Faut juste avoir assez de "cojones" pour oser aller au bout des choses !