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Défense

La nouvelle histoire belge du SCAF

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Frédéric Lert

Le Président Macron l’a annoncé, les industriels devront se plier à cette décision : la Belgique rejoint le SCAF aux cotés de l’Allemagne, de la France et de l’Espagne. Peu importe les objections du patron de Dassault, les F-35 en commande outre-Quiévrain et le partenariat industriel de la Belgique avec Lockheed-Martin.

Le jour de l’inauguration du salon du Bourget, le président de la République a donc déclaré « Je suis heureux de pouvoir vous confirmer la rejointe prochaine par la Belgique du programme SCAF. Initialement comme observateur. »

La Belgique a pourtant choisi en octobre 2018 d’acheter des F-35 américains, de préférence au Rafale ou à l’Eurofighter. C’était quelques mois seulement après que la France et l’Allemagne, plus tard rejointes par l’Espagne, eurent officiellement lancé le programme de Système de Combat Aérien du Futur.

Quelques heures après la déclaration d’Emmanuel Macron, la SABCA, un des principaux industriels aéronautiques belges, annonçait quant à elle a signature d’un accord cadre avec Lockheed Martin, portant sur la fabrication de panneaux de fuselage et de voilure en matériaux composites destinés au F-35. L’industrie belge, déjà sous traitante sur le programme F-16 avec des technologies métalliques classiques, se prépare donc à maitriser de nouveaux savoir-faire et elle ne fait pas mystère de sa volonté de les appliquer au programme SCAF.

Eric trappier, le PDG de Dassault Aviation, avait fait part de son opposition à l’entrée de la Belgique dans le programme SCAF lors d’une audition au Sénat en début de mois. « J’entends dire qu’on pourrait donner du travail aux sociétés belges tout de suite. Non. Si on me l’impose, je me battrai. Mais je ne vois pas pourquoi je donnerais du travail aux Belges aujourd’hui », avait-il déclaré. En cause, l’achat de F-35, en 2018, mais aussi de F-16, 40 ans plus tôt…

On sait bien en outre, et Eric Trappier ne se prive jamais de le rappeler, que plus les partenaires d’un programme sont nombreux, plus compliquée est la gestion de ce programme. Faisant contre mauvaise fortune bon coeur, Eric Trappier a ensuite déclaré au micro de BFM TV, pendant le salon du Bourget accueillir « (…) favorablement le fait que la Belgique rentre comme observateur (…) C’est une décision politique, on la respecte, mais le statut d’observateur me va bien. »

Et c’est là que ça risque de coincer : que la Belgique observe, pourquoi pas. Mais il y a dans la déclaration d’Emmanuel Macron le mot « initialement », et l’on sait bien que dans l’industrie, on ne paie jamais très longtemps pour le simple plaisir de voir. L’observateur d’un programme où circulent les milliards a vocation à mettre les doigts dans le pot de confiture de tôt ou tard, l’écot versé se transformera en investissement pour préparer l’avenir. Mais avec ses F-35, la Belgique s’est engagée à minima pour trente ou quarante ans aux côtés de l’industrie américaine (rappelons au passage que l’Allemagne, en toute schizophrénie, s’est elle aussi engagés sur l’achat de 35 F-35…)

Y aura-t-il de la place dans ce calendrier pour un jour acheter des chasseurs de nouvelle génération issus du programme SCAF ? Eric Trappier déclarait également sur l’antenne de BFM TV que l’implication de Bruxelles dans le SCAF pouvait donner l’idée qu’un jour la Belgique achèterait un avion non-américain. Etait-ce de l’ironie, de l’amertume, ou un peu des deux à la fois ?

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Soyons un peu lucides... Lors du fameux contrat du siècle, auriez-vous choisi le F1-M53 (dont, je crois me souvenir, l'armée de l'air française ne voulait pas...) face au F-16 ? On n'était plus dans un combat F-104 contre Mirage III lorsque les deux concurrents étaient proches. Et aujourd'hui, comment l'industrie française qui produit 1,5 Rafale par mois, peut-être 2, peut-elle prétendre être forte à l'export ? Si la Belgique avait choisi le Rafale, combien d'avions auraient dû être prélevés en urgence dans les escadrons français ? Quand on veut être présents à l'Export, il faut produire massivement pour pouvoir servir des armées étrangères qui ne peuvent se suffire de 4 ou 5 avions par an... La faute à qui ? Pas à M. Macron, mais aux multiples gouvernements français successifs qui ont amoindri les capacités de production de l'industrie française d'armement, avec des LPM jamais respectées, des cadences de production qui en résultent étant ridicules (et pas seulement pour les matériels aériens: regardez l'aventure du char Leclerc face au millier de Léopard produits encore et encore! ) Quant aux transferts de technologies, ils font partie intégrantes des programmes en coopération: le SCAF comme le F-35. Et sans programmes en coopération, pas de production en masse... et pas de chances à l'export... La boucle est bouclée!

  • Macron continue... à donner notre savoir faire et a aider à pirater nos secrets, la destruction de nos industries continue.

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