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Défense

L’A400M cartonne à Khartoum

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Frédéric Lert

Après trois jours d’activité et l’évacuation du Soudan d’un peu plus de 500 personnes par voie aérienne, la France met un terme à l’opération Sagittaire conduite par les armées françaises. Retour sur l’utilisation des moyens aériens français.

Le savoir-faire est maîtrisé depuis des décennies et l’utilisation des A400M et A330 MRTT a grandement facilité les choses : l’opération a donc été un succès avec l’évacuation réussie de plusieurs centaines de personnes dans un temps très court, et malgré des élongations conséquentes : 5.500 km entre la France et Djibouti, 1.300 km de plus entre Djibouti et Khartoum.

L’opération a débuté avec l’envoi à Djibouti le 18 avril de trois A400M, un C-130H et un ravitailleur A330MRTT. Les escadrons de transport en France se relaient pour garder en permanence des avions et des équipages disponibles pour répondre avec un très faible préavis à de telles urgences.

A Khartoum, des négociations s’engagent avec les belligérants pour mettre en place l’opération et la base de Wajdi Sayyidna, sous le contrôle des forces régulières du pays, est choisie comme point d’évacuation central. Il faut ensuite négocier les autorisations avec l’Ethiopie pour l’ouverture d’un couloir aérien entre Djibouti et le Soudan.

Le premier A400M décolle finalement de Djibouti le 23 avril à 15h25 et le deuxième suit à 18h. A bord de ces deux premiers avions, du matériel médical, de la nourriture, sans doute quelques centaines ou milliers de bouteilles d’eau et environ 150 militaires français (éléments de protection, de reconnaissance, de soutien logistique et médical, échelon de commandement). Dès leur arrivée à Wajdi Sayyidna, ceux-ci prennent t contact avec les Soudanais, sécurisent les accès à la base et mettent en place un PC opération pour coordonner les mouvements aériens.

Très vite, des reconnaissances sont lancées et les premiers convois routiers sont organisés entre les points de rassemblement en ville et l’aérodrome. Une dizaine de convois ont été mis en place au total entre les points de regroupement à Khartoum et la base aérienne. Un soldat français a été gravement blessé par balle le 23 avril, les deux belligérants se renvoyant mutuellement la responsabilité des tirs.

Les avions de l’Armée de l’air et de l’espace réalisent un total de 9 rotations vers Djibouti, sept à porter au crédit des A400M et deux des C-130. La distance entre Djibouti et Khartoum est d’environ 1.300 kilomètres et il est à priori hors de question de prendre du carburant au Soudan : les avions doivent donc être capables de faire l’aller-retour sur leurs seuls pleins internes. Si l’on ajoute que la température au sol à Khartoum est supérieure à 40°C en journée (l’altitude de la ville, moins de 400m, est heureusement négligeable…) on aboutit à une équation compliquée en terme de performances.

L’A400M fait face sans problème avec une centaine de personnes emportées à chaque rotation. Le C-130 suit d’un peu loin, avec une capacité sans doute deux ou trois fois moindre. De toute évidence, l’opération Sagittaire conduite avec des Transall aurait eu un tout autre visage, beaucoup plus laborieux !

Le volet aérien de Sagittaire a pris fin mardi matin, le 25 avril, le président Macron annonçant alors  l’évacuation de 538 personnes d’une quarantaine de nationalités, dont 209 ressortissants français. La porte ouverte par l’Armée de l’air et de l’espace sur l’aérodrome de Wajdi Sayyidna a également été utilisée par d’autres pays, et notamment européens, avec l’entrée en action des militaires allemands (A400M), espagnols (A400M), italiens (C-130) hollandais (C-130) et, bon derniers, britanniques (A400M). Un retard à l’allumage de la Royal Air Force pour lequel le gouvernement britannique a d’ailleurs été vertement critiqué par son opposition politique.

A noter que la frégate française Lorraine déployée en Mer Rouge a également participé à l’évacuation de plusieurs centaines d’employés de l’ONU et de leur famille depuis Port Soudan vers Djeddah (Arabie Saoudite), à quelques heures de navigation de là.

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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  • Réussite française assez sommairement relatée par les diverses chaînes TV. Prudence de la communication du Ministère, "manque d'images"... Air France excepté? Dommage, en tout cas.
    François Henriot

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