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Défense

L’ALAT en quête du graal numérique

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Frédéric Lert

La numérisation des hélicoptères de l’Alat, leur capacité à échanger des données sans passer par la phonie, est une longue histoire… Un nouvel élan devrait être donné en 2018 avec NUMESIM, une nouvelle itération du système SITALAT.

Le 3ème régiment d’hélicoptères de combat (RHC) d’Etain, leader dans l’expérimentation de SITALAT (Système d’Information Terminal de l’ALAT), a reçu sa première Gazelle équipée d’un terminal en… 2009 ! Trois ans plus tard, il disposait de quatre appareils équipés d’un équipement de présérie (deux Viviane et deux Mistral), dont deux étaient pour la première fois envoyés en Opex, en République Centrafricaine. Encore quelques années, on était alors en 2015, et arrivait le premier SITALAT de série en régiment. Et depuis ?

Le système NUMESIM

Depuis, une centaine de terminaux ont été commandés mais les appareils étant très sollicités, l’ALAT a semble-t-il du mal à les libérer le temps du chantier d’installation. Si bien qu’à ce jour seul les 26 Cougar rénovés et la moitié des Gazelle prévues ont reçu le système. Lors de la journée innovation de la DGA qui s’est tenu sur le campus de Polytechnique le 7 décembre dernier, une équipe du Gamstat et de la DGA présentait le système NUMESIM, une interface nouvelle facilitant l’intégration du SITALAT.

Le boitier de commande NUMESIM (à gauche) avec la tablette GETAC. Le premier prendra la place du boitier de commande du PR4G tandis que la tablette tiendra chaud à la jambe du pilote… © Frédéric Lert/Aerobuz.fr

« Nous avons travaillé avec la tablette numérique GETAC que l’on connait bien puisqu’elle est déjà utilisée pour les « electronic flight bag » des équipages et sur laquelle nous faisons tourner le SITALAT explique le Cdt C. Le point dur concernait l’interface avec la radio : nous avons pour cela développé un boitier de commande qui remplace celui de la radio PR4G à bord de l’hélicoptère. La tablette, portée sur la cuisse du pilote, communique directement avec ce boitier de commande par bluetooth ou par câble USB. Nous évitons ainsi tout couplage avec l’avionique déjà installée ou le système d’arme ». L’inconvénient que cela peut représenter pour l’utilisateur est largement compensé par la facilité d’intégration du système dans l’aéronef.

Implantation allégée

La voilà donc l’astuce, faire vivre SITALAT en dehors des systèmes existants pour faciliter son implantation dans l’hélicoptère. La mise en place prend dix minutes pour un Puma, avec un boitier à déposer et un câble à rebrancher. L’installation est un peu plus compliqué à bord du Tigre, le pilote n’ayant pas assez de place pour accrocher quoi que ce soit sur sa jambe ! La tablette sera donc installée dans le cockpit en déplaçant une boite déjà en place…

Les fonctionnalités offertes sont identiques à celles installées sur le SITALAT « historique » : partage de la situation tactique échange d’ordres et de compte-rendus. Le SITALAT permettra également une coordination avec le système Scorpion qui équipera les forces terrestres à partir de 2019.

Tigre, NH90, Caracal, Gazelle

Le projet a été lancé en décembre 2014. Six mois d’essais menés par la DGA sur les environnements Tigre et NH90 (tests vibratoires, tests de compatibilité électromagnétique…) ont validé les solutions techniques et l’équipement est maintenant validé pour ces deux appareils. Les premiers appareils de série seront fabriqués en mai prochain et on les retrouvera en unité à la fin de l’année 2018.

La première commande porte sur 180 équipements devant donc équiper les Tigre et NH90, mais aussi les Caracal et les Gazelle autres que Viviane. Ces appareils cohabiteront avec ceux équipés du SITALAT première mouture.

A noter enfin qu’un développement en cours concerne l’ajout d’une liaison par satellite, via une connection par téléphone Iridium. « On pourra suivre demain depuis Paris les évolutions des hélicoptères dans le Sahel note le commandant C. Il y a un risque de micromanagement des unités, mais il ne pèse pas lourd face au confort et à la sécurité que représente la liaison de données par satellite. Parce qu’aujourd’hui, la VHF/FM qui véhicule SITALAT ne porte guère en transmissions de données… »

Frédéric Lert

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

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