Publicité
Dépose minute

La retraite à 54 ans

Published by
Frédéric Lert
© Vincent / Aerobuzz.fr

L’US Air Force annonce le retrait de service de ses A-10, au plus tard en 2029 pour les derniers avions en escadrons. A cinquante-quatre ans seulement ! En plein débat sur les retraites en France, l’US Air Force jette un sacré pavé dans la mare… Si la volonté de fragiliser Emmanuel Macron ne fait pas de doute, sans doute une réponse à ses prises de position sur Taïwan, on ne peut écarter non plus l’idée que l’âge canonique des avions ait joué dans la décision.

On est aux Etats-Unis et donc forcément tout ne se fait pas exactement comme en France. Ainsi, c’est l’USAF qui insistait ces dernières années pour se débarrasser des avions. Et ce sont les élus du Congrès qui ferraillaient pour les garder. D’un côté, on faisait valoir que le A-10 ne correspondait plus au besoin et que l’argent nécessaire à son entretien aurait été mieux employé pour financer des programmes nouveaux.

Emmené par quelques figures de proue, le Congrès répondait que l’avion avait encore un rôle à jouer et qu’en l’absence de remplaçant, il était nécessaire de le garder en ligne. Et aux Etats-Unis, c’est le Congrès qui a le dernier mot… Mais ces dernières années, les soutiens de l’avion se sont progressivement effacés : le sénateur John McCain, éternel empêcheur de tourner en rond, a fini par passer l’arme à gauche en 2018. Martha McSally, ancienne pilote de A-10, a raté une marche dans sa carrière politique et a quitté le Sénat en 2020. Et l’USAF a fini par avoir gain de cause.

Un premier avion du 74th Fighter Squadron a déjà rejoint la base de stockage de Davis Monthan en Arizona. Vingt autres appareils suivront d’ici la fin du mois de septembre et 42 de plus l’année prochaine.  L’ensemble de la flotte, environ 250 avions, aura définitivement été placée en stockage d’ici 2029.

Le scandale n’est pas que l’avion soit écarté ; après tout il avait déjà un âge canonique pour un avion de combat. Le scandale est bien qu’il n’ait jamais été remplacé. C’est que les hautes sphères de l’Air Force n’ont jamais aimé le A-10, et elles ne l’ont jamais aimé parce qu’elles n’ont jamais apprécié la mission d’appui-feu. D’ailleurs, est-ce une coïncidence, on apprenait que non contente de retirer l’avion, l’USAF allait diviser par deux le nombre de ses contrôleurs aériens avancés dans les trois ans à venir. Inutiles dans le cadre d’une guerre contre la Chine…

Quant aux 54 ans, que l’on se rassure ici : l’âge est une chose, les trimestres validés en sont une autre. Dans le cas du A-10, on est bien au-delà des 43 annuités exigées en France. La logique est sauve : c’est bien aux Etats-Unis que l’on travaille le plus.

Publicité
Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une vingtaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Mon sentiment est que la guerre en Ukraine met par terre tout ce qui était en l'air.
    Avant, on disait que la maitrise du ciel était la clé de la victoire. Aujourd'hui pas un avion ne s'aventure dans le ciel pour appuyer les combats au sol, car les défenses aériennes les enverraient au tapis sans coup férir.
    La suprématie n'est plus dans les avions mais dans la capacité des moyens de détection à identifier l'intrus, dès lors victime sans faillir des missiles anti-aérien.
    Voilà qu'apparaissent sur les théâtres d'opération des drones kamikazes et des essaims de drones capables de performances sans cesses améliorées.
    La France va lancer la construction d'un nouveau porte-avion alors que des missiles hypersoniques pourraient le couler avant même d'avoir été détecté.
    L'intelligence artificielle va devoir aider les décideurs à bien identifier les cibles pour y placer nos sous.

    • Bonjour Anemometrix,
      Je vois un contresens dans ce que vous écrivez. Je pense en effet que la maitrise du ciel reste une clef de la victoire, et c'est bien parce que les Russes n'ont pas pu obtenir cette maitrise qu'ils ne peuvent prétendre à la victoire. Cordialement. Frédéric

      • Il faut voir aussi ce que l'on appelle la maîtrise du ciel. Est-ce le tapis de bombes façon OTAN ? Est-ce la capacité d'attaquer précisément à basse altitude et à grande vitesse (avec des A-10 ou des SU-25) ? Est-ce la fameuse frappe, qui n'a de chirurgical que le sang qui gicle ?

        Le conflit ukrainien nous montre un autre type de maitrise du ciel : les drones. Pas des MALEs ou des NEUROns... Non, des drones presque artisanaux, que l'on peut sacrifier, car personne à bord, et peu de dégâts en cas de chute. Pourtant, des utilisations très créatives en sont faites, de la reconnaissance, au largage de grenades en passant par des vols kamikazes (et donc des bombardements de précision).

        L'aérien militaire évolue, et j'ai l'impression que nous sommes à une nouvelle étape ; tout comme il y a eu l'âge d'or des montgolfières, puis des dirigeables, puis des avions, puis des satellites, re-avions + satellites, c'est maintenant l'âge d'or des minidrones.

        Je me trompes peut-être, je ne fais qu'observer de loin avec les moyens que j'ai, mais c'est mon sentiment.

        • Sentiment partagé !
          Aux drones en appui au sol, je rajouterai les investissements à engager pour la défense aérienne contre les ... drones ! et pour les drones pour déjouer les défenses aériennes.

          Pour Frédéric Lert :
          Bonsoir,

          Si les russes n'osent engager un avion nous verrons si les ukrainiens domineront le ciel avec leurs F-16. Je n'ai aucune idée des performances de la DCA russe.
          Quant aux B 52 ...

          • Le sujet de la défense face à des drones est, en effet, assez critique ; on l'a vu avec le survol de la Place Rouge par des drones notamment.

            Comment les détecter au radar ? Ils ont une signature, une vitesse et une altitude proche de celles des oiseaux.

            Avoir des snipers H24 qui surveillent et qui shootent, c'est valable pour une durée limitée, comme la protection des festivités du 9 mai en Russie.

            Au quotidien, et dans l'immédiat, je ne vois que le dressage de rapaces à l'attaque de drones, la reconnaissance automatisée par IA n'étant pas mûre, surtout si les conditions météo sont mauvaises.

            C'est une question que doivent maintenant se poser tous les pays, pas seulement la Russie.

          • Oui, c'est un changement d'ère. Comme pour les avions, travailler à être efficace en attaque autant qu'en défense.
            Développer des armes nouvelles pour les drones d'un côté et de l'autre des systèmes de détection pour les identifier avant qu'il ne soit trop tard.
            Multiplier les essaims de drones pour saturer les défenses.
            La LPO s'opposera à l'usage des rapaces, leurs pattes ne résisteraient pas aux pales des rotors ...

            Les F 16 en Ukraine vont-ils tester les défenses russes et du train où va l'escalade des A10 pilotés bien sûr par des pilotes locaux repousseront peut-être la retraite pour quelques passes sur les tanks russes sortis des senoriales sibériennes : une imprévue fin de carrière !

Share
Published by
Frédéric Lert

Recent Posts

Lilium fait monter les enchères

La start up allemande Lilium qui porte le projet d’un eVTOL (avion électrique à décollage… Read More

13 mai 2024

Airbus Helicopters et Babcock assureront la maintenance de 48 EC145 français

Le ministère français de l'Intérieur a attribué à Airbus Helicopters et Babcock la maintenance des… Read More

13 mai 2024

Le Tecnam P-Mentor certifié aux USA

Tecnam annonce que la Federal Aviation Administration (FAA) a accordé un certificat de type complet… Read More

13 mai 2024

Alsim place un simulateur ALX chez Accademia del Volo

Vingt ans après l'acquisition de son premier simulateur, l'école de pilotage italienne Accademia del Volo… Read More

13 mai 2024

Décès de Jean-François Georges

Son nom est évidemment associé à Dassault où il a effectué l’ensemble de sa carrière… Read More

13 mai 2024

Le« aérobio » validé

L’obtention de la validation par Bureau Veritas du processus de labellisation des terrains aéronautiques est… Read More

13 mai 2024
Publicité