REX – Un hélitreuillage qui aurait pu très mal tourner

Un pompier participant à un exercice d’hélitreuillage depuis un voilier se retrouve à l’eau, avant d’être immédiatement récupéré sain et sauf. Le résultat d’une mauvaise appréciation de la situation par le treuilliste…

Le 12 septembre 2024 à 11h20 un EC145 de la base hélicoptères de sécurité civile (BHSC) de Guyane réalise un entraînement à l’hélitreuillage de jour sur un catamaran à proximité des Îles du Salut. L’hélicoptère a décollé de Cayenne avec cinq personnes à bord : un pilote commandant de bord, deux mécaniciens opérateurs de bord (MOB) et deux spécialiste sauveteurs hélicoptère (SSH), ces derniers devant être successivement treuillés sur le bateau puis récupérés par l’hélicoptère. Les conditions météo sont bonnes avec un ciel peu nuageux, une température extérieure de 32°C et une brise de 15 noeuds bien établie avec des rafales autour de 20 kt. A la surface de l’eau, une houle régulière avec des creux d’environ un mètre.

Après la dépose des deux SSH, le pilote positionne son hélicoptère en vol stationnaire relatif par rapport au bateau pour entamer la remontée du premier homme. L’EC145 évolue alors face au vent, dans le sens inverse à la vitesse d’avancement du catamaran, à environ 25m au-dessus de la surface de l’eau. Le premier SSH s’est positionné à l’avant du flotteur tribord, sur une zone étroite convenue à l’avance. Il emporte à la ceinture le sac de guidage qui ne sera toutefois pas utilisé lors de l’incident. Voici le récit de l’incident que fait le BEA-É (Bureau Enquêtes Accidents pour la sécurité de l’aéronautique d’état) dans son « rapport réduit d’enquête de sécurité » :

« Le crochet du treuil descend vers lui, il s’y accroche avant de faire le signe conventionnel au mécanicien opérateur de bord pour demander sa remontée. Peu après avoir quitté le pont, alors qu’il vient de vérifier l’accrochage de son sac de guidage, le SSH se retrouve dans l’eau toujours accroché au câble du treuil. Il passe immédiatement sous le catamaran, longeant l’intérieur du flotteur tribord avant que le câble du treuil ne se rompe à deux mètres du crochet. Ni le treuil ni l’hélicoptère n’est endommagé. Le second SSH saute immédiatement à l’eau pour lui porter assistance pendant que l’équipage du bateau effectue une manoeuvre de récupération d’homme à la mer ».

Les enregistrements (enregistreurs de voix et de données de vol à bord du H145) montrent que le pompier s’est retrouvé dans l’eau trois secondes après avoir quitté le pont du catamaran. Le rapport souligne que pendant ce temps, « l’hélicoptère a maintenu le stationnaire relatif et n’a pas contribué à la trajectoire descendante du pompier ». Au terme de son enquête, voici l’analyse de l’incident qui est faite par le BEA-É :

« Après le déjaugeage et alors que la montée du SSH débute, le MOB perçoit un mouvement du sac de guidage du SSH associé simultanément à une action de celui-ci qui pose la main sur son sac. Vus d’en haut, ces mouvements peuvent laisser penser que son sac est resté accroché au bateau, ce qui n’est pas le cas, et ce qui conduit à une analyse erronée de la situation par le MOB. Il ne partage pas son impression avec le pilote. Cette analyse est à l’origine de sa décision immédiate d’interrompre la remontée du secouriste et de redescendre le câble pour donner du mou et limiter les risques vis-à-vis du SSH et de l’hélicoptère. Cette action provoque l’immersion du SSH. »

Le rapport conclut donc que la cause de l’évènement relève des facteurs organisationnels et humains conjuguant une perception de la situation dégradée par la hauteur de treuillage à une surestimation du risque d’erreur des secouristes.  

Le rapport du BEA-È