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Industrie

Airbus chevauche l’A320

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Gil Roy

Avec un carnet de commandes de plus de 6.000 A320neo, Airbus attend confortablement la rupture technologique qui lui permettra de lancer l’étude de son futur monocouloir. Rien ne presse. L’A321XLR qui doit entrer en service en 2023 est un succès commercial, et d’autres évolutions de l’A320 semblent envisageables.

Cheval de bataille ou vache à lait ? Quel que soit le qualificatif qui lui est attribué, l’A320 est un succès commercial pour Airbus. Certains n’hésitent pas non plus à parler, à propos de l’A320 pour Airbus, de rente de situation, comme l’a été jusqu’au printemps 2019, et devrait le redevenir d’ici quelques mois, le 737 pour Boeing. Contrairement aux longs courriers, les monocouloirs ne se vendent pas à l’unité, mais par paquets de dix ! La première commande de l’année 2020, passée par la low cost américaine Spirit Airlines en est la preuve : 100 A320neo d’un coup.

654 commandes nettes d’A320 en 2019 pour 642 livraisons

Sur les 768 commandes nettes enregistrées par Airbus en 2019, 654 portent sur des modèles de la famille A320, soit un peu plus que le nombre des livraisons de ce type effectuées sur la même période. En 2019, Airbus a en effet livré 642 A320 (16 de plus qu’en 2018) dont 551 de la famille neo (contre 386 en 2018). Au 31 janvier 2020, il en avait 6.249 à livrer, soit une dizaine d’années de production à la cadence de 2019.

Il est évident qu’aujourd’hui, un délai de 10 ans n’est pas acceptable pour une compagnie aérienne. D’où les efforts demandés aux sous-traitants pour augmenter les cadences de production. Actuellement, les A320 sortent de 8 lignes de production situées sur trois continents : 4 lignes à Hambourg (A320/321), 2 lignes à Toulouse (A320), 1 à Mobile (A320/321) et 1 à Tianjin (A320). Le 21 janvier 2020, Airbus a annoncé l’implantation d’une nouvelle ligne à Toulouse pour assembler des A321. « D’ici mi-2022, l’usine Jean-Luc Lagardère, site d’assemblage actuel de l’A380 à Toulouse, abritera une chaîne A321 dotée des dernières technologies numériques, dans le cadre d’une modernisation du système de production de l’A320 à Toulouse. », précise Airbus.

Produire 67 A320 par mois d’ici fin 2023

L’avionneur européen s’est fixé un objectif de 63 avions par mois en 2021. Lors de la présentation des résultats annuels du groupe, le 13 février 2020, Guillaume Faury, le PDG, a annoncé qu’il « anticipe déjà des conditions favorables pour continuer d’accroître la cadence de production mensuelle de 1 ou 2 pendant chacune des 2 années suivant 2021. » Autrement dit, Airbus vise 67 avions par mois à fin 2023, soit environ 800 A320 par an !

Le successeur de l’A320 risque d’attendre encore longtemps. Dans ce contexte, Airbus n’est pas pressé de lancer un nouveau programme. Comme Boeing, son objectif est de chercher à tirer parti des innovations technologiques, en particulier des progrès réalisés par les motoristes, pour faire évoluer la gamme, en proposant un nouveau modèle qui permette un gain substantiel de productivité.

Trop tôt pour envisager le successeur de l’A320

Boeing semble être arrivé au maximum de ce qui est possible avec le MAX. Airbus est convaincu qu’il a encore une marge de progression même si l’A321XLR qui représente « la nouvelle étape évolutive qui répond aux besoins du marché en termes d’accroissement du rayon d’action et de charge utile, pour créer davantage de valeur pour les compagnies », n’entrera pas en service avant 2023. Airbus a coupé l’herbe sous les pieds de Boeing en proposant un monocouloir « un rayon d’action très long-courrier sans précédent pouvant aller jusqu’à 4.700 nm, avec une consommation de carburant par siège inférieure de 30 % à celle des avions concurrents de la génération précédente. » L’européen est apparemment convaincu qu’il peut encore enfoncer le clou…

Quand on pose la question du successeur de l’A320 à Christian Scherer, le directeur commercial d’Airbus, la réponse est directe : « pas d’actualité ! ». Pour lui, « l’écosystème n’a pas la maturité technologique pour proposer un avion tendant vers les objectifs Corsia »Le CORSIA est un régime mondial de mesures basées sur le marché conçu pour compenser les émissions de CO2 de l’aviation internationale (OACI) afin de stabiliser les niveaux de ces émissions à partir de 2020 (CNG2020). Pour compenser les émissions de CO2, les exploitants d’avions vont acquérir et annuler des unités d’émissions provenant du marché mondial du carbone.. En d’autres termes, en l’état actuel des recherches, notamment du côté des motoristes, « le successeur de l’A320 serait conventionnel et empêcherait d’atteindre ces objectifs » La stratégie d’Airbus est donc l’amélioration constante des produits existants, en attendant le moment où un saut technologique significatif sera envisageable.

A coup de 12 à 15% de réduction de la consommation, les compagnies aériennes adhèrent. Avec plus de 6.000 A320neo à livrer pour Airbus et 4.000 737MAX pour Boeing, Christian Scherer veut rester « serein ». Pour l’heure, sa priorité est de continuer à livrer à ses clients les « machines-outils » que sont les A320.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • C'est peu sur cette base de raisonnement d'acquis commerciaux que Boeing est allé dans le mur. A Blagnac on a déjà commencé à faire du réchauffé comme Boeing l'a fait pendant des décénies tellement le 37 était avant-gardiste à son époque, jusqu'au jour ou il sont allés trop loin.
    Chez Airbus on a fiabilisé l'autoflight, puis on a raccourci le fuselage, puis on a rallongé le fuselage, puis on a changé de motorisation, puis on rajoute des ACT, ect, ect, ect...
    Fondamentalement l'avion est le même, l'aile n'a pas changé contrairement au 37, donc l'évolution du 320 en termes de performances n'est point : M.82 / FL391. Concernant les winglets / sharklets, cela faisait un bail que le 37 en était équipé.
    En 33 ans, pas d'amélioration de masse à vide donc pas d'évolution payload alors que les matériaux composites pululent sur les avions modernes.
    Tout cela pourrait se payer un jour quand une nouvelle machine moyen courrier innovante verra le jour tel le 787. C'est bien beau 6000 commandes en portefeuille mais cela n'authorise pas à se reposer sur ces lauriers (très, provisoires).

    • Vous êtes un peu pessimiste et ronchon.
      La machine innovante que vous craignez, susceptible de remplacer le 320 est -probablement- ... le 220 allongé.
      Dans ces conditions, je vois pas airbus se casser la nenette et ça me parait normal...
      La dernière évolution possible, c’est le changement de l’aile, oui. Ça dépendra peut être de ce que proposera Boeing avec le 797 ?
      Après, il faudra passer à autre chose. Mais Airbus contrairement à Boeing a Le temps de voir et de ne pas se précipiter.

      • @Desi
        Je ne suis ni pessimiste, ni ronchon, par contre je vous trouve médisant en me jugeant personnellement alors que je n'ai pris personne à parti mais simplement formulé des observations concernant le constructeur et la machine.
        Vous acquiescez néanmoins dans mon sens en ce qui concerne l'aile du 320 : c'est la même depuis la certification alors que celle du 37 à été modifiée moultes fois.
        De même qu'un A220 allongé n'aura pas la capacité d'un A321 : avec sa surface alaire actuelle, son diametre fuselage et sa combinaison sieges 2+3, il est improbable qu'il est la charge offerte d'un A321 ...
        Ne pas se "casser la nenette" n'est pas "normal" et est plutôt une attitude endémiquement Française en comparaison des efforts de conceptions réalisés par beaucoup de constructeurs.
        Juste un rappel : l'A220 n'est pas un produit issu de l'ingénierie AIRBUS.

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