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Airbus Group décidé à vendre sa participation dans Dassault Aviation

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Pierre Sparaco

Airbus Group envisage de céder les 46,3% du capital qu’il détient dans Dassault Aviation. Cette décision pourrait mettre fin à une situation paradoxale. Sur le marché des avions de combats les deux entreprises sont en effet concurrentes. Le retrait d’Airbus Group pourrait donc être un soulagement pour Dassault.


C’est un coup de théâtre dont on parle peu, pour cause de trêve estivale : l’Airbus Group envisage de céder sa participation de 46,3 % dans Dassault Aviation. Ce qui pourrait lui rapporter 5 milliards d’euros environ et, surtout, mettre un terme à une curieuse anomalie capitalistique. Les deux entreprises, au demeurant de tailles très différentes, ne se comparent d’aucune manière. L’une, l’Airbus Group, ex-EADS, est une multinationale très puissance entraînée par les succès fulgurants des avions commerciaux Airbus, près des trois quarts de son chiffre d’affaires. A l’opposé, Dassault Aviation est une entreprise de taille moyenne, qui s’inscrit dans le Groupe Industriel Marcel Dassault, dont les dimensions sont trompeuses. En effet, l’avionneur, de longue date, a adopté une politique de sous-traitance, estimant que l’essentiel est d’entretenir un bureau d’études très performant et un service d’essais en vol exemplaire.

Cette stratégie étonne de longue date experts et analystes, notamment américains. Il y a longtemps, à la demande du Pentagone, la Rand Corporation s’est penchée sur le « cas » Dassault et, en termes admirateurs, en a conclu que ce modèle industriel ne pouvait être reproduit en Amérique du Nord. D’où la volonté politique très vigoureuse déployée par les Etats-Unis pour contrer le Mirage F1E lorsqu’il était opposé aux YF-16 et YF-16. Il s’agissait en effet d’éviter à tout prix que l’avionneur français ne s’impose dans la partie la plus noble du marché OTAN. Depuis lors, dans un contexte différent, cette victoire américaine a été rééditée avec le Lockheed Martin F-35 Joint Strike Fighter, issu des mêmes usines de Fort Worth, au Texas.

Les actions Dassault détenues par l’Airbus Group ont connu un cheminement compliqué mais la gestion patrimoniale n’en a pas moins vaincu ou contourné tous les obstacles. Cela pour en arriver à une situation curieuse, l’Airbus Group détenant près de la moitié de son concurrent sur le marché des avions de combats, Eurofighter contre Rafale.

Les mois qui viennent, dans cette optique, annoncent de grands changements. L’Eurofighter, en effet, conçu dans sa configuration actuelle d’une réorientation opérationnelle née de la chute du Mur de Berlin, s’achemine à petits pas vers la fin de la carrière industrielle. A l’opposé, le Rafale qui n’a pas encore obtenu de première commande à l’exportation, est produit à rythme minimal (onze exemplaires par an) pour l’armée de l’Air et l’Aéronautique navale mais suscite un intérêt croissant et bien réel sous d’autres horizons, à commencer par l’Inde. Du coup, sa deuxième moitié de vie apparaît prometteuse.

On imagine volontiers que le retrait de l’Airbus Group serait salué avec beaucoup de satisfaction par Dassault. De là à racheter directement 46,3 % du capital, d’une valeur de plus de 5 milliards d’euros, il n’y aurait peut-être qu’un pas à franchir, quitte à en remettre une partie en bourse.

Entre-temps, Dassault est devenu un avionneur à vocation principalement civile, grâce aux succès répétés de sa gamme d’avions d’affaires Falcon, largement renouvelée avec l’apparition des 7X, 5X et 8X, des appellations déroutantes appliquées à des machines très performantes. Ce qui n’enlève rien aux perspectives militaires illustrées, notamment, par l’avion sans pilote nEUROn, démonstrateur européanisé, ou encore le drone multinational développé avec Finmeccanica/Alenia et l’Airbus Group et l’étude de faisabilité, conduite avec BAE Systems, du SCAF, Système de combat aérien futur. Pendant les grandes manœuvres financières, les travaux continuent.

Pierre Sparaco

2. Eurofighter d'Airbus Defence and Space filiale d'Airbus Group
2. Rafale F3 de Dassault Aviation
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Pierre Sparaco

View Comments

  • Airbus Group décidé à vendre sa participation dans Dassault Aviation
    M. Enders recentre pour mieux gagner de l'argent... vendre des actifs fait partie d'une stratégie rentabilité à court terme, même si à moyen terme, ces actifs pourraient être très intéressant. Notamment son bureau technique pour le développement de futures avions (mais bon c'est au goût du jour trop cher). Faut il rappeler que Catia a été développé par Dassault?

    Vivement que Airbus vende ATR, afin qu'il puisse développer le 90-100 places et grignoter le duo-pole depuis le bas.

  • Airbus Group décidé à vendre sa participation dans Dassault Aviation
    En rendant actifs sess 46% dans Dassault (par exemple avec l'accord d'un gouvernement de gauche plus lié à la famille ou en dénonçant le pacte d'actionnaires):
    Airbus Group détenait
    - de supers Bureaux d'Etudes,
    - un complément clef vers le bas de sa gamme d'avions civils,
    - un pilotage certain des futurs drones européens
    - et un potentiel de rationalisation économique de ses gammes d'avions militaires.
    Il est certain que cela recentrait le Groupe vers un management français et que les allemands préfèrent détruire une potentielle valeur économique, stratégiue et commerciale que de voir leur pouvoir contesté dans Airbus !
    Cela est bien navrant !

  • Airbus Group décidé à vendre sa participation dans Dassault Aviation
    Bonjour,
    Vous dites "En effet, l’avionneur, de longue date, a adopté une politique de sous-traitance, estimant que l’essentiel est d’entretenir un bureau d’études très performant et un service d’essais en vol exemplaire." --> voulez-vous dire que Dassault sous-traite plus que d'autres entreprises du secteur ?
    Merci pour la clarification

  • Airbus Group décidé à vendre sa participation dans Dassault Aviation
    "Depuis lors, dans un contexte différent, cette victoire américaine a été rééditée avec le Lockheed Martin F-35 Joint Strike Fighter, issu des mêmes usines de Fort Worth, au Texas."

    Cette anticipation me parait un peu exagéré. Le succès du F-35 n'est rien, en témoigne tous les déboires du programme JSF... L’Australie vient tout juste de recevoir un exemplaire et les autres partenaires à l'image du Canada se demandent et s'inquiètent de leur participation tant l'avion et le programme ont fait grimpé le coup de l'avion. Le Rafale et Dassault Aviation ont encore de beaux jours devant eux.

  • Airbus Group décidé à vendre sa participation dans Dassault Aviation
    Il faudrait dire aussi que l'intérêt à l'époque d'Aerospatiale était d'avoir une gamme complète d'avion incluant le business jet Falcon. Ceux-ci sont absents de la gamme Airbus Group.

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