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Avions Apex : liquidation judiciaire imminente

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Gil Roy

Le tribunal de commerce de Dijon prononcera, mardi 9 septembre 2008, la liquidation judiciaire des sociétés Apex Aircraft et Apex Industries qui produisent les avions légers DR400. Guy Pellissier, l’actuel dirigeant du groupe, affirme que le suivi de navigabilité et le service des pièces de rechange seront assurés par la société CEAPR, propriétaire des fonds de commerce.


La rumeur enflait depuis le début du mois de septembre. Guy Pellissier le PDG du groupe Apex a voulu lui tordre le cou en anticipant l’annonce de la liquidation de sa société. Elle sera officiellement prononcée, le 9 septembre 2008, par le Tribunal de commerce de Dijon.

Dans un communiqué de presse daté du 5 septembre 2008, Guy Pellissier affirme que cette liquidation est la conséquence « des difficultés importantes rencontrées par leur principal fournisseur de moteurs (Thielert Aircraft Engines) ». Ce n’est évidemment pas la seule raison.

Certes, Apex a misé sur le moteur diesel Thielert pour relancer ses ventes. L’Ecoflyer, équipé du moteur Centurion 1.7 de 135 cv se révèle être un excellent avion léger. Le constructeur de Darois a enregistré un regain d’activité grâce à lui qui a très vite été brisé par les graves difficultés rencontrées par le motoriste allemand. La rupture de l’approvisionnement et surtout la remise en question de la garantie ont coupé Apex dans son élan. Mais, cet incident industriel n’est qu’une nouvelle péripétie dans une histoire agitée.

La liquidation des sociétés Apex Aircraft et Apex Industries s’inscrivent dans le prolongement du dépôt de bilan du 10 septembre 2002. Celui-ci est la conséquence de choix stratégiques plus ou moins correctement assumés. Apex qui avait repris en 1988 les avions Pierre Robin (gamme DR400) et en 1997 les avions Mudry (avions Cap de voltige), a tenté de développer un programme d’ULM baptisé Zulu qui a été abandonné. Pendant plusieurs années, les moyens de la société se sont également concentrés sur la certification d’un nouveau biplace de voltige en composite (Cap222), sans lendemain. Apex a aussi tenté de s’implanter sans succès sur le marché américain où chacun sait que les pilotes privés ne sont pas fans des avions en bois et toile. Pendant tout ce temps, la société a négligé son cheval de bataille qu’est l’avion léger DR400.

Suite au dépôt de bilan de 2002, Apex a été placé en redressement judiciaire. Ses créances s’élevaient alors à 15,5 M€. Le plan de redressement présenté en mai 2003 par Apex a été accepté par le Tribunal de commerce de Dijon.

La société fragilisée a également du faire face à l’affaire du longeron des DR400. Suite à un accident survenu en 1997 à un DR400 qui avait perdu son aile droite en vol, et après plusieurs rebondissements judicaires dans le dossier qui l’opposait à la Fédération française aéronautique, le constructeur a finalement été condamné à prendre en charge les 2,5 M€ de réparations imposées par une consigne de navigabilité émise par la DGAC. Ce montant est venu alourdir les créances, puisqu’en septembre 2007, le Tribunal de commerce de Dijon a accepté de l’inscrire sur la liste des créances d’Apex.

L’arrêt de l’activité des sociétés Apex Aircraft et Apex Industries ne peut qu’inquiéter les propriétaires privés et les aéro-clubs qui exploitent les 4.500 avions légers de la famille DR400.

C’est évidemment en pensant à eux que Guy Pellissier a rédigé son communiqué de presse dans lequel il précise que « la société CEAPR, propriétaire des fonds de commerce qui étaient exploités par les sociétés Apex Aircraft et Apex Industries, assurera sous le contrôle du Tribunal de commerce de Dijon avec les moyens appropriés, la navigabilité et le service des pièces de rechange des avions concernés ». Ils ne devraient être rassurés qu’à moitié.

D’ores et déjà, des repreneurs sont sur les rangs. La production des avions Apex pourrait être relancée. Le dossier de certification du moteur Thielert Centurion de 155cv sur EcoFlyer est quasiment bouclé. Le DR400 n’a pas dit son dernier mot.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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