Jean Pierson est décédé le 3 novembre 2021. Il incarnera pour toujours le décollage industriel d’Airbus sur la scène mondiale.
Dans le monumental ouvrage qu’il a consacré à l’histoire d’Airbus, Pierre Sparaco écrit de Jean Pierson, qu’il fut « un industriel et aucunement un politique ». Et pourtant, quand il fut nommé à la tête du consortium européen, le projet Airbus était avant tout politique. L’organigramme de l’époque en est la parfaite illustration. Le 1er avril 1985, il devient administrateur-gérant du GIE. Il chapeaute alors trois grandes directions en charge des affaires commerciales, des finances et de la production, qui sont dirigées par des cadres des trois nationalités principales du consortium. La volonté politique de rééquilibrage est évidente.
Jean Pierson réussira l’exploit de rester treize ans à la tête d’Airbus Industrie. Un record. Sa forte personnalité en imposait. Son énergie et sa force de conviction lui ont permis de s’imposer. « Il a animé le GIE avec fougue et dynamisme, en complétant la gamme au pas de course tout en enrichissant le carnet de commandes », écrit Pierre Sparaco.
Philippe Jarry qui fut le directeur commercial de Jean Pierson se souvient de « l’homme qui faisait trembler la planète de l’aérien…« . Pour celui qui fut Vice-président Marketing et Stratégie Airbus de 1994 à 2009, Pierson fut « Un homme de l’aéronautique qui connaissait son sujet, avec une vision et une compréhension singulière de l’industrie et des gens. Il était très bon négociateur, intuitif, au bon endroit, au bon moment, souvent par surprise. Il a réussi des coups magistraux… »
Diplômé de Supaero, Jean Pierson avait démarré sa carrière à la direction des contrats Concorde. Il a organisé et dirigé la production du supersonique franco-britannique avant de prendre les rênes de la Socata. Il sera nommé par la suite directeur de l’établissement de Toulouse d’Aérospatiale (une des composantes du GIE Airbus) avant d’être placé à la tête de la division avions d’Airbus.
Dès sa prise de fonction comme patron d’Airbus, il a fait de deux gros dossiers sa priorité : la finalisation du partage industriel de l’A320 et surtout sur l’avenir de la gamme. Pierson annonce la couleur. Il vise 30% du marché. Airbus est alors à 17%. Il faudra du temps à Boeing pour le prendre au sérieux.
Gil Roy / Jérôme Bonnard
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