Elixir Aircraft, la nouvelle génération de l’aviation générale

En 2015, au salon du Bourget, le trio fondateur d’Elixir Aircraft est venu, avec une maquette au 1/72è, présenter son projet de biplace. Huit ans plus tard et une vingtaine d’avions produits, l’avionneur de La Rochelle part à la conquête du monde après avoir levé des millions d’euros.

Il fallait être bien accroché pour encaisser les « g » de l’ascenseur émotionnel dans lequel se sont retrouvés Arthur, Cyril et Nicolas, en juin dernier. La séquence a débuté par une décision acceptée de l’EASA de clouer au sol tous les avions produits par Elixir Aircraft depuis le premier. « Down ». Et puis il y a eu l’intégration dans le Programme French Tech 2030 annoncée par le Président de la République en personne et dans la foulée l’aide publique de 13 M€ qui ouvre la voie à une levée de fonds de 40 M€. « Up ». Tout cela quelques jours seulement avant le salon du Bourget et au moment où il fallait expédier deux avions à Oshkosh, afin de pouvoir les présenter à AirVenture, fin juillet 2023.

Le salon du Bourget n’a pas non plus été de tout repos. Aux clients et aux prospects, il a fallu expliquer pourquoi l’EASA n’a pas jugé satisfaisant le suivi de fabrication, comment Elixir Aircraft a prévu d’y remédier et comment allait se dérouler l’inspection de la flotte pour permettre la remise en service des avions déjà livrés et pour pouvoir livrer la demi-douzaine d’avions prêts à être livrés.

C’est indéniablement un incident de parcours dont se serait bien passé le trio de La Rochelle. Même s’il se répète que toute aventure industrielle est émaillée d’imprévus qui viennent bousculer les plans les mieux ficelés, à chaud le coup est rude. Il se console en se disant que les process en ressortiront optimisés et que l’outil industriel sera prêt pour la montée en cadence de la production. Sur le coup, quand ils ont reçu la mise en demeure de l’EASA, Arthur, Cyril et Nicolas ont eu l’impression que c’était le ciel qui leur tombait sur la tête. Ils ont tout de suite cherché la solution au problème. L’action est le meilleur remède pour sortir le plus vite possible de la sidération.

Et puis les bonnes nouvelles apportées par le Président de la République obligent à se projeter dans le futur. La construction de la future usine, sur l’aéroport de La Rochelle, est amorcée. Il faut accélérer les embauches. Dans le contexte actuel, recruter plusieurs dizaines de professionnels est un défi, d’autant qu’il va falloir mettre en place un parcours interne de formation.

En juin 2015, quand ils sont venus pour la première fois au salon du Bourget pour parler de leur projet, Arthur Léopold-Léger, Cyril Champenois et Nicolas Mahuet n’avaient qu’une maquette à montrer. Huit ans plus tard, Elixir Aircraft est un constructeur aéronautique à part entière. Et comme tous les constructeurs dans un salon aéronautique, Elixir Aircraft a multiplié les annonces : sa future usine sur 14.000 m2 d’une capacité de 300 avions par an, ses 1.000 salariés à l’horizon 2033, une intention de commande de 100 avions par une école américaine, d’autres contrats plus modestes au Luxembourg et en Nouvelle Zélande…

Devant le hall Paris Air Lab, la vitrine de l’aviation du futur au salon du Bourget, à côté de l’EcoPulse, Elixir Aircraft présentait son biplace Elixir équipé d’une turbine Turbotech. Ce démonstrateur est emblématique du projet BeautHyFuel soutenu par le CORAC et qui réunit, aux côtés d’Elixir Aircraft et Turbotech, trois groupes de premier ordre : Safran, Daher et Air Liquide. La finalité du projet BeautHyFuel est de réalisés les premiers essais des moteurs à hydrogène au sol, en hydrogène gazeux dans un premier temps, puis en hydrogène liquide.

Pas mal comme parcours pour un trio qui il y a huit ans seulement, déambulait au salon du Bourget, sans stand, juste avec une maquette d’un petit avion biplace. C’était la première fois qu’au salon, on entendait parler d’Elixir Aircraft.