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Industrie

Fregate-F100 : Et si le successeur des Canadair était Bordelais…

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Frédéric Marsaly

La relève, à l’échelle mondiale, des vénérables bombardiers d’eau CL-215, CL-415 et dérivés, n’a rien d’une gageure puisqu’il faut relancer tout un processus industriel et le temps presse. Une société française, Hynaero, implantée en région bordelaise, étudie un amphibie bombardier d’eau, le Fregate-F100, susceptible de convenir à ce marché si spécifique.

La société Hynaero (pour Hydravion de Nouvelle-Aquitaine) est une startup récente accompagnée par l’incubateur Bordeaux-TechnoWest. Pour son développement, elle peut s’appuyer sur les ressources d’une région où l’industrie aéronautique, et les formations afférentes, sont fortement représentées.

Le projet Fregate-F100 se présente comme un amphibie à coque, biturbine à aile haute de facture tout à fait classique bien que sensiblement plus encombrant que son prédécesseur historique. Le constructeur annonce une capacité d’emport, et d’écopage, de 10 tonnes, soit 1,6 fois la capacité d’emport maximale d’un CL-415, avec une vitesse de croisière d’environ 250 kt (450 km/h) contre environ 180 kt (320 km/h) pour la dernière version du Canadair. Pour cela, une motorisation solide est nécessaire et les turbines PW150A (qu’on retrouve aussi sur les Q400 déjà en service au sein de la Sécurité Civile française) semblent des candidates des plus sérieuses.

L’autonomie de l’appareil est généreuse avec un « playtime » de 2h30 à 400 km de la base de départ. Les commandes de vol seront électrique et l’appareil devrait embarquer un viseur tête haute et des systèmes de maintenance prédictive évolués.

Alors que le dernier rapport sénatorial de la commission des finances précise que le coût du DHC-515 sera compris entre 55 et 65 € millions d’euros pièce, la place existe pour que des concurrents, plus ambitieux, technologiquement parlant, puissent tenter de renverser la situation de DHC, souvent qualifiée de « quasi-monopole. »

Le projet Fregate-F100 tel qu’il se présente aujourd’hui et en comparaison avec une silhouette de Cl-415. © Hynaero

Parce qu’il s’agit de construire un projet industriel cohérent, Hynaero annonce son intention de contacter un certain nombre d’industriels du secteur, potentiellement intéressés par le projet et pouvant s’investir dans la conception de certains sous-ensembles. Et l’entreprise de citer des opérateurs de bombardiers d’eau mais aussi des industriels propriétaires de brevets (de soutes de largage notamment) à même de concevoir des systèmes essentiels de l’appareil, mais aussi, pas exemple, Airbus Atlantic, Thales, Safran, entre autres.

Les promoteurs d’Hynaero insistent sur le caractère français de leur solution pour un problème d’ordre mondial. Il est temps. Car, les jeux ne sont pas faits, même les dernières annonces présidentielles semblent montrer que la société canadienne pourrait avoir un temps d’avance sur ses hypothétiques concurrents. L’émergence d’une solution française semble tardive, elle était pourtant inéluctable si ce n’est espérée par beaucoup, notamment en raison des retombées économiques d’une production aéronautique emblématique.

C’est d’ailleurs l’objet de deux points essentiel du rapport « Mission sur la modernisation de la sécurité civile et la protection contre les risques majeurs, pour des territoires plus résilients » présenté en juin 2023 par Hubert Falco, l’ancien maire de Toulon, pour qui il est essentiel de conforter « les filières concernant le matériel de lutte et créer de nouvelles filières de recherche et développement » (point 110) et surtout : « Rechercher des solutions alternatives aux Canadairs et favoriser le développement d’une filière française ou européenne de bombardiers d’eau. » (point 111).

Pour offrir à ce projet la possibilité d’aboutir, Hynaero lance donc un appel au soutien concret des autorités françaises et européennes.


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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

View Comments

  • Nous voyons apparaitre une multitude de méga-incendies.
    Et le risque est grand que l'exceptionnel devienne l'habituel.
    L'an passé VIKING (le nouvel actionnaire qui fabrique les CANADAIR) a peiné à faire signer la vingtaine de commandes nécessaires à lancer la conception-certification du nouveau modèle CL-515.

    La communauté internationale est-elle capable de se mobiliser pour A LA FOIS relancer timidement le CL-515, un programme fiable et court (il ne s'ait que de modification-certification tandis que l'industrialisation doit être largement commune avec les modèles antérieurs) ET lancer un tout nouvel avion l'HYNERO dont l'entrée en service ne peut raisonnablement pas espérée avant 7 à 8 ans.

    Pourt espérer convaincre ce ne peut pas être un programme purement Français mais au moins européen.

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Frédéric Marsaly

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