Le dernier né du célèbre bureau d’études débarque à Paris sous les couleurs ukrainiennes. L’avion qui poursuit ses essais en vol vise le remplacement des Antonov 12. Plus facile à dire qu’à faire…
Sur le parking du Bourget, sa silhouette est sans égal. Avec son aile haute de petit costaud et sa pointe avant prolongée par la perche d’instrumentation d’essais, il jette un pont intéressant entre Jean-Claude Van Damme et Pinocchio. L’appareil n’est pas sans rappeler non plus le KC-390 d’Embraer, qui a effectué son premier vol en février dernier.
Difficile de dire pourtant qu’Antonov a copié Embraer : chez l’avionneur ukrainien, les avions cargo aux épaules solides sont une tradition. L’histoire récente a commencé avec l’Antonov 148 : un avion de transport régional de 85 places qui a volé pour la première fois en 2004. Puis est venu l’Antonov 158 transportant jusqu’à 99 passagers. L’Antonov 178 hérite de nombreux composants de ses grands frères, à commencer par l’empennage, la pointe avant et le cockpit. A l’inverse, son fuselage élargi à l’arrière abrite une rampe de chargement absente sur les autres appareils de la gamme et qui trahit la vocation utilitaire de l’avion.
L’Antonov 178 vise une charge utile de 16 à 18 tonnes sur courte distance, ou dix tonnes sur 4.000 kilomètres. Antonov est confiant et revendique pour son appareil un marché de niche qui reste selon lui inexploité : il s’agirait notamment de remplacer les derniers Antonov 12 encore en service qui emportent une vingtaine de tonnes. Construit à 1.235 exemplaires entre 1957 et 1972, le quadrimoteur à hélices fait encore les beaux jours de nombreux transporteurs, notamment en Afrique.
Avec son 178, Antonov propose d’aller plus vite, plus loin, avec deux fois moins de moteurs ! Mais la partie est loin d’être gagnée, car en fait de niche, le marché pourrait plutôt ressembler à un chenil… Entre dix et vingt tonnes de charge utile, les concurrents ne sont pas si rares que ça : Airbus propose le Casa 295, Embraer le KC390, Lockheed Martin le C-130J et Alenia le C-27J. Et sans l’URSSS pour placer les avions auprès des pays frères, la tâche d’Antonov s’annonce bien rude.
Frédéric Lert
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L’Antonov 178 débarque à Paris
Antonov souffre énormément de la crise ukrainienne ; état en faillite, pays traditionnellement alliés qui boudent (ou qui ne peuvent pas acheter le gouvernement ukrainien interdisant certaines transactions), des clients occidentaux difficiles à convaincre...
Et c'est dommage, car le bureau a sorti des appareils légendaires comme les AN-225 et 124, et perdre ce savoir faire serait une tragédie. C'est malheureusement actuellement un risque bien réel.