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L’industrie spatiale européenne en profonde mutation

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Pierre Sparaco

Face à la montée en puissance de l’américain Space X, Airbus Group et Safran ont décidé de regrouper leurs forces dans le domaine des lanceurs spatiaux. La co-entreprise française se retrouve face à un entrepreneur d’un autre genre, Elon Musk, qui a fait fortune en créant Paypal. La NASA lui a « acheté » une douzaine de tirs à destination de la station spatiale internationale.


L’Airbus Group et Safran ont choisi de brûler les étapes et, sans attendre d’éventuelles propositions de leurs autorités de tutelle spatiales, ont amorcé un ambitieux programme de regroupements (« consolidation » en franglais). Les deux industriels vont créer une co-entreprise (« joint venture ») unifiant leurs activités en matière de lanceurs. C’est un événement majeur dans l’évolution de la filière Ariane dont les perspectives sont beaucoup plus sombres que ne veut bien l’affirmer le discours officiel.

En effet, un nouveau venu californien, Space X, va bouleverser le marché des lancements commerciaux en affichant des tarifs ultra concurrentiels hors de portée des Européens. Or son lanceur Falcon a déjà prouvé son excellente fiabilité et bénéficie d’un contrat de la NASA de 1,6 milliard de dollars portant sur une douzaine de tirs à destination, de la station spatiale internationale. Du coup, nombre de commentateurs dénoncent un système de subventions géré depuis Washington, une sérieuse erreur d’appréciation. En effet, la NASA s’en remet tout simplement au secteur privé pour acheminer des astronautes et, de ce côté-ci de l’Atlantique, on oublie tout simplement de rappeler qu’Ariane n’aurait pas existé sans aides financières étatiques.

Cette présence des Etats reste de mise mais, faute de goût, l’accord Airbus-Safran a été annoncé à l’occasion d’une réunion à l’Elysée du président François Hollande avec Tom Enders et Jean-Paul Herteman, présidents respectivement d’Airbus Group et de Safran. Bien qu’il s’agisse d’une activité de souveraineté européenne, l’accès indépendant à l’espace du Vieux Continent de se décide plus dans les palais de la République.

Si un langage diplomatique reste de mise, s’il s’agit bel et bien de rationaliser. Le fait est que les industriels européens craignent le pire en constatant que Space X brûle les étapes avec succès. Fondée il y a 12 ans seulement par Elon Musk, milliardaire, entrepreneur dans l’acception anglo-saxonne du terme, Space X affiche pour ambition de « révolutionner la technologie spatiale (…) et, à terme, de permettre à l’Homme de vivre sur d’autres planètes ». Voici , grâce à Musk, que la part du rêve revient au grand galop, alors qu’elle s’était évaporée avec le relâchement des efforts de la NASA et de l’ESA. D’où la sympathie que suscite Space X dans l’opinion publique, de part et d’autre de l’Atlantique. D’autant que la jeune société, forte de 3.000 personnes seulement, compte dans ses rangs quelques-uns des meilleurs spécialistes issus des grands programmes américains passés.

Musk est un homme pluridisciplinaire. Il a fait fortune en créant de système de paiement sécurisé Paypal qui a pris son envol avec la généralisation du commerce sur Internet. Puis il a installé sur le marché américain la voiture électrique haut de gamme Tesla, avant de se passionner pour le renouveau spatial américain. Space X a créé la révolution, en installant des méthodes de travail très éloignées de la manière de faire des agences de l’Etat. D’où une grande efficacité, des coûts sensiblement moindres et des perspectives de développement très importantes.

Du côté européen, on constate tardivement l’importance de l’erreur collective de jugement. En France, même Geneviève Fioraso, secrétaire d’Etat chargée de l’espace, vient de reconnaître que la nouvelle concurrence américaine en matière de lanceurs a été sous-estimée. Aussi l’accord Airbus-Safran est-il bien reçu, par exemple par Gérard Brachet, ancien directeur général du CNES. « C’est une bonne nouvelle, cela faisait longtemps qu’une rationalisation était nécessaire ».

Reste le fait que ce n’est là qu’une première étape. Ariane bénéficie d’une excellente image technique mais s’inscrit dans un contexte dont personne n’ose dire tout haut qu’il est complètement dépassé. Jadis, après l’échec du premier lanceur européen Europa II, basé sur la fusée militaire britannique Blue Streak, c’est grâce à une initiative française très forte qu’a été installée la filière Ariane en même temps qu’a été ébli le Centre spatial guyannais. Mais les conditions de l’époque ne sont plus de mise, à commencer le fait que le CNES, agence spatiale française, en détienne toujours 34,6 %, une situation paradoxale d’une autre époque. Airbus (à travers l’ex-Astrium et l’ex-CASA) et Safran détiennent ensemble 40 % environ d’Arianespace, à côté d’une myriade de petits actionnaires comme Avio (Italie), Sabca (Belgique), Volvo Aero (Suède), Ruag (Suisse), etc.

Il serait malvenu, contrairement à ce qui a été dit ici et là en début de semaine, d’accuser Airbus et Safran de lancer une OPA sur la filière Ariane, à commencer par son volet étatique. La réalité est qu’il convient de tout refaire, sans plus attendre, dans le but d’enfin confier aux industriels le rôle qui devrait être le leur de longue date. Et, s’il n’est pas trop tard, de se mettre en ordre de bataille pour contrer Space X. Et cela de préférence sans tenir d’autres réunions à l’Elysée.

Pierre Sparaco

Le californien Space X va bouleverser le marché des lancements commerciaux en affichant des tarifs ultra concurrentiels hors de portée des Européens.
Le lancement des programmes Ariane 5 ME et Ariane 6 est au cœur de la nouvelle coopération industrielle entre Airbus Group et Safran
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Pierre Sparaco

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  • L’industrie spatiale européenne en profonde mutation
    Permettez-moi de présenter quelques informations pouvant alimenter votre réflexion.
    Space X regroupe progressivement tous les cerveaux doués dans le domaine des fusées et voici quelques résultats:
    - le premier étage de la falcon9 a réalisé plusieurs atterrissages et le dernier en date l'a amené à une rentrée contrôlée dans l'atmosphère, à la verticale de l'océan, à la vitesse zéro,
    - ultérieurement, la fusée décollera de la côte texane parce que le 1er étage atterrira en Floride.
    - déjà la capsule Dragon va et revient de l'espace avec une importante charge utile.
    - l'oxygène-kérozène sera remplacé chez Space X par l'oxygène-méthane à peine moins performant que l'hydrogène.
    - le ministère de la défense allemand charge Space X du lancement de ses satellites...
    Je terminerai en reconnaissant que les solutions expérimentées par Space X sont très audacieuses et la fusée de Kistler paraissait moins difficile (son financement était lié à X33, mal pensé).

    • L’industrie spatiale européenne en profonde mutation
      Réponse et avis:
      Space X regroupe progressivement tous les cerveaux doués AMERICAINS (ils n'acceptent pas les non américains), il y a encore de très très bon ingénieurs ailleurs! Et heureusement! Même aux USA je doute que Boeing et Lockheed laisse partir tous les bons. Et n'oublions pas que AIRBUS est l'une des entreprise les plus attractives d'Europe, avec des ingénieurs issus de bonne formation (Supaéro, X, centrale, ENSAM et d’autre moins connues mais tout aussi qualitatives... pour ne parler que des français. De plus il y a aussi des gens de grande expérience issue de 60 ans de R&D spatial). Notons aussi qu’en aéronautique en général, les européens et russes sont plus efficaces pour le critère innovation/budget (exemple de Dassault qui a toujours étonné les USA à ce sujet). Enfin le management de spaceX semble être tellement brutale qu’à terme ils ont intérêt à changer sinon les gens vont se barré.
      - Les tests de la F9R au sol sont certes très spectaculaires, mais les tests en mission sont très flous, sans véritables infos techniques et la politique de communication de spaceX à tendance à bien grossir les choses : un impact de l'océan à une vitesse non admissible peut se transformer en atterrissage possible … (SI je me crache en avion sur l’eau, je ne peux pas vraiment dire que je suis capable d’apponter sur un porte avion…). Bref la réussite de cette phase est à mettre au conditionnelle. Et je ne parle pas de la perte énorme de perfo du aux réserves d'ergols nécessaires à un atterrissage complet.
      -Si la fusée décolle de la côte texane pour atterrir en Floride, pourquoi pas, mais de gros problèmes de sauvegarde vont se poser pour le survol (et l'atterrissage) de zones habitées ou denses en plateformes pétrolières.
      -Capsule Dragon: c'est vrai. Dommage que le budget manque en Europe, il y a des projets dérivés de l'ATV pour faire de même et en plus gros (et plus fiable), c’est ARV. On a toutes les compétences, cela n’a finalement rien d’exceptionnel, mais pas le budget... Notons que l’ATV est le véhicule spatial les plus perfectionné actuellement (il a d’ailleurs bluffé les américains et russes), et ce n’est pas sans raison : les USA ont imposé à l’Europe un niveau extrême de sécurité et de fiabilité pour rejoindre l’ISS, alors que les entreprise américaines ne sont pas du tout soumises aux mêmes standards.
      -On ne remplace pas un ergol par un autre d'un claquement de doigt, donc développement d'un nouveau moteur et techno différente (le kéro et le CH4 n'ont pas la même température etc..) à prévoir.
      - satellite allemand sur SpaceX : point horripilant et ridicule sachant que l’Allemagne est le deuxième contributeur d'Ariane... mais en fait l’Allemagne n’a pas passé un marcher avec SpaceX, mais un marcher tout en un avec OHB (qui fabrique les satellites), et c'est OHB qui a choisi SPACEX (petite pic pour AibusDS qui est concurrent qui a dû faire bien plaisir à OHB). Là c'est un travers des pays européens, les USA ne feraient jamais ça
      Bref au final SpaceX a du mérite, c’est claire et évident, mais leur politique de communication agressive te très bien faite grossi fortement le trait. J’en prends comme exemple que leur fussé n’est pas la première fusée privée à voler puisque AirbusDS, Boeing et Lockheed sont aussi des sociétés privées ! Il faut aussi signaler que leur prix de lancement de cesse d’augmenter, et ils ne les rendent plus publique d’ailleurs. Le principal problème de l’Europe est le manque de budget et d’ambition spatiale, mais les compétences, le savoir-faire et les idées sont belle et bien là. L’un des avantage de la JV SAFRAN/AIRBUS est qu’elle va faire taire des guerres fratricides et augmenter l’efficacité du petit monde des lanceurs Européens.

  • L’industrie spatiale européenne en profonde mutation
    L'agonie des constructeurs spatiaux européens Claude Brasseur

    Les décisions de nos « responsables » donnent trop souvent l'impression d'avoir été inspirées par un lobby puissant. Nous connaissons tous les pouvoirs de Monsanto, des cigarettiers, des promoteurs d'éoliennes vertes comme le dollar... Et voici encore une histoire de groupe nocif qui ruinera les citoyens impuissants. Il s'agit de la construction de lanceurs spatiaux dans un contexte d'impuissance intellectuelle qui ignore l'évolution du monde.

    Ariane 5 est une merveille de l'aéronautique française ! La future Ariane 6, elle, est composée essentiellement de 4 moteurs à poudre très coûteux. Il s'agit d'une vieille, d'une lourde technologie développée pour les militaires indifférents aux prix. Face aux fusées à liquides dont le prix baisse chaque jour, Ariane 6 est mort-née. Aucun espoir de rentabilité, même si l'avenir est aux satellites légers.

    Une excellente solution existe pour une Europe qui a peu de moyens face à l'apparition soudaine d' une rude concurrence : les 2 boosters à poudre d'Ariane 5 sont remplacés par 2 boosters à liquide dérivés du premier étage d'Ariane 4 et munis d'ailes et de gouvernes. Ils atterrissent. Le corps central reçoit une protection thermique et des ailes ainsi que des gouvernes. Il atterrit. 36 variantes sont possibles et les mots-clés sont : récupérable et réutilisable à peu de frais.

    Les milliards d'euros qu'il est prévu de jeter dans la nouvelle version d'Ariane 5 et dans la création d'Ariane 6 peuvent servir réellement à rendre l'Ariane 5 actuelle récupérable par étapes. La perte de la moitié (?) de la charge utile coïncidera avec les objectifs de l'ESA et le marché spatial qui se dessine.
    Plusieurs responsables de l'industrie européenne des lanceurs spatiaux ont tiré la sonnette d'alarme mais aucun n'ose être clair et envisager pour 2020 des lancements en orbite basse à 1 million d'euros la tonne...et je voudrais juste montrer qu'un scientifique, qui  construit des fusées dans sa tête depuis des décennies, partage leurs craintes.

    Jusqu'ici l'ESA profitait de la prise de contrôle du secteur des fusées américaines par les mafias et la stérilité – durant 50 ans - des USA. Le seul concurrent de l'ESA était donc paralysé, tout comme l'ancien programme soviétique, et les autres pays qui se lancent dans la conquête spatiale sont à la case départ et créent cette industrie...

    Mais voilà qu' aux USA les mafias n'ont pas (encore) pu empêcher le progrès de réapparaître. Il y a des entreprises privées où l'intelligence est au poste de décision et qui ont de sérieux moyens financiers. En Europe Alan BOND a l'intelligence – son Skylon est génial – mais pas les moyens...ils sont aux mains des pouvoirs politiques et dépendent des budgets des états membres et cela « explique » des décisions dépourvues d'imagination, liées à des structures d'une lourdeur mortelle.(1)

    Depuis des années, je tente d'intéresser des responsables de l'ESA. Mon espoir est qu'il s'y manifeste des gens intelligents et désireux de progrès, gens qui doivent être plus qu'effrayés par les dernières décisions... C'est dans 2 ou 3 ans que le marché international des lanceurs spatiaux aura disparu pour l'ESA !

    (1) Il n'y a pas que le secteur spatial ! Enthousiaste des énergies renouvelables depuis mes recherches au Congo, j'ai averti le public dès 2003 de l'impossibilité de rentabiliser les parcs industriels éoliens. Il y a aujourd'hui 200.000 éoliennes qui, en finale, font augmenter la pollution et vivent toutes d'aides qui enrichissent « certains »... L'instauration de la démocratie directe pourrait-elle limiter le pouvoir des mafias ? Rétablir un enseignement rendant le citoyen plus critique ?

    • L’industrie spatiale européenne en profonde mutation
      Bonjour,

      Je peux comprendre votre point de vue et les motivations qui vous poussent à ces réflexions... Néanmoins j'ai beaucoup de réserves sur votre texte qui semble plus issu d'un désenchantement que d'une réflexion posée.

      Je serai court: "construire des fusées dans sa tête" ne permet pas d'appréhender l'ensemble des problèmes en jeu.
      Quelques exemples: les boosters réutilisables sont alléchants (et ont était étudiés), mais tellement lourds et inefficaces avec les techno actuelles que ce sont des doux rêves.
      Les militaires se sont toujours souciés du prix et le delta de coût entre le solide et le liquide est loin d'être évident (un étage Cryo est extrêmement complexe). Le choix du solide pour le militaire est due à sa facilité et rapidité de mise en œuvre.
      Les chimères sont séduisantes depuis l'extérieur, mais la réalité est tout autre dans les bureaux d'études des industries en jeu. Rendre A5 récupérable est impossible, Tout les pays ayant une industrie spaciale y ont réfléchi et n'ont pas trouvé la solution (économiquement viable: Cf navette spaciale). SpaceX fait beaucoup de com là dessus mais cette capacité reste à prouver (même avec de toutes petites charges utiles).

      L'idée du Skylon est belle, mais sera peut-être réalisable dans 50 ans, pas avant...
      Et après tout spaceX n'utilise que de très vielle techno (kero/LOX). là où la nouvelle version d'A6 proposé par les industriels se base sur la techno A5 et Vega.

      D'ailleur votre annalyse du secteur spacial au §5 de votre commentaire n'est pas représentatif de la réalité.

      Arrêtez ces alarmes aux lobbys et autre mafia étouffeuse de progrès... là aussi la réalité du terrain est tellement différente. Vous insultez les ingénieurs qui y travaillent et qui trouvent les solutions les plus adaptées au contexte actuel. Et le carnet de commande d'Arianespace va au-delà de 2 ans, ...

      Généralement les individus scientifiques avérés, ou non, qui crient sur tous les toits que l’ensemble des solutions proposées sont des impasses (à la fois dans des domaines aussi divers que le spatiale et l'énergie) sont au mieux et le plus souvent non compétant et décourageant et au pire contre productifs. Qui connait de manière assez pointue les techniques de deux domaines aussi différents pour avoir un avis qui peut être considéré comme fiable dans ces domaines?

      Pour faire une comparaison de circonstance, il ne suffit pas de s'intéresser au foot pour être capable d'être sélectionneur de l'équipe de France.

  • L’industrie spatiale européenne en profonde mutation
    Notons que les prix que paye la NASA à SpaceX sont bien supérieurs aux prix publics de spaceX, de plus plusieurs sites spaceX sont gracieusement prêtés par l’état, et enfin les lanceurs Falcon sont eux même issus d’études NASA, d’où le jugement de subventions cachées. De plus "lanceur Falcon a déjà prouvé son excellente fiabilité" ? L’un des points principaux que doit confirmer SpaceX est justement sa fiabilité, les lanceurs falcon n’ont pour l’instant que très peu de tirs à leur actif (comparons au plus de 50 succès consécutifs d’ariane5).
    Les autres points a confirmer sont le prix (qui augmente continument) et le respect du planning de lancement qui prend en compte à la fois la fiabilité du lanceur (lancement à l’heure dite) et la capacité à produire à la cadence demandée.
    Enfin le cnes ne détient pas 34,6 % de la filière Ariane, mais détient 34.6% d’Arinespace. Une société qui ne fait que vendre des lancements, un service, mais ne participe en rien à la production ou au développement du lanceur.

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