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Industrie

La filière aéronautique française resserre les rangs

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Gil Roy

Le GIFAS (Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales) qui espère sortir des « turbulences » à partir 2023 s’efforce de limiter la casse parmi ses adhérents, et en particulier chez les plus petits. Les aides gouvernementales qui ont permis, jusqu’à présent, d’éviter l’hécatombe, masquent la situation réelle des entreprises.

« Nous nous attendons à des défaillances. Nous faisons tout pour identifier en amont les entreprises en difficulté », affirme Eric Trappier, Président du GIFAS. Une « task force » de gestion de crise a été mise en place dès mars 2020 pour repérer les maillons fragilisés qui pourraient mettre en difficulté la chaine d’approvisionnement. « Dix à 15 sociétés à risque ont été identifiées. Je crains plus les défaillances à venir ».

Pour le GIFAS : le « soutien exemplaire et sans faille de l’état » a permis d ’ « éviter l’effondrement de la supply chain ».

L’inquiétude du président du GIFAS est liée à la fin à venir des aides publiques accordées aux entreprises depuis le début de la crise, et le début du remboursement des prêts aidés. Quand l’Etat va débrancher la perfusion, c’est à partir de ce moment que vont commencer les difficultés, et que l’économie française va entrer dans le dur. L’échéance est prévue à l’été 2021. Il faudra sans doute la repousser, mais à un moment, il faudra se passer du soutien de l’Etat. D’où la nécessité de planifier cette sortie affirme Eric Trappier.

La filière aéronautique et spatiale française en 2020

Valeur 2020/19
C.A. Total 50,9 Md€ -28%
Dont Export 33,6 Md€ -30%
C.A. Civil 34,4 Md€ -36%
C.A. Militaire 16,5 Md€ -3%

Source : GIFAS

Activités Défense de la filière aéronautique française en 2020

Valeur 2020/19
C.A. Total 16,5 Md€ -3%
dont Export 8,3 Md€ +7%
dont France 8,2 Md€ -12%
Commandes 11,6 Md€ -11%
dont Export 3,3 Md€ -36%
dont France 8,3 Md€ +6%
Source : GIFAS

Les raisons n’ont pourtant pas manqué. En 2020, le chiffre d’affaires de l’industrie aéronautique et spatiale française a chuté de 28% (à 50,9 Md€) et les commandes de 53% (à 28,2 M€). Grace aux mesures d’activité partielle de longue durée, la compression des effectifs se limite pour l’heure à 8.000 emplois perdus, soit 4% des effectifs totaux. Les PME ont perdu 12% de leurs effectifs, alors que les ETI 7% et les grands groupes 2,7%.

Selon le GIFAS, les aides spécifiques ont « permis de sauvegarder environ 10% de l’emploi de la filière ».

Les recrutements qui ont concerné 6.700 postes en 2020, ont chuté de 65% par rapport à 2019. Pour 2021, les embauches externes sont « très limitées », avec une « poursuite de l’attrition de l’emploi mais un maintien d’un volume significatif d’embauches d’apprentis ». Le GIFAS proclame que l’apprentissage est une « priorité incontournable de toute la filière pour 2021-22 ». Il affirme poursuivre sa politique active de soutien aux formations aéronautiques et spatiales. Il s’agit de répondre aux besoins en compétences des entreprises de la filière, au moment il où il faut anticiper la reprise en cadence de la production et un retour à la croissance, sans aucune certitude quant aux échéances.

Une chose est sûre : « la supply chain est fragmentée et fragilisée par la crise », affirme le GIFAS.

Le GIFAS poursuit ses programmes majeurs pour faire en sorte que « la filière aéronautique et spatiale française reste une filière d’excellence de niveau mondial ». Il affiche sa volonté de « sortir de la crise par l’innovation ». C’est l’aviation décarbonée, la loi de programmation militaire (LPM), l’avion de combat du futur, l’industrie 4.0, etc

Evolution du chiffre d’affaires de la filière aéronautique et spatiale française entre 2016 et 2020. (source : GIFAS)

Evolution des commandes pour la filière aéronautique et spatiale française entre 2016 et 2020. (source : GIFAS)

2021 et 2022 pour le GIFAS seront « des années de turbulences fortes« . La supply chain a tenu le choc et ne s’est pas effondrée. Le soutien du gouvernement a été extraordinaire. Mais « attention de ne pas débrancher les aides trop tôt » prévient le président du GIFAS.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Il y a un truc que je pige pas. Avant le covid tout le monde était au taquet, les carnets de commande etaient plein pour 20 ans. Avec le covid beaucoup de compagnies ont annule ou retardé leurs commandes. Mais sur les milliers d airbus a fabriquer avant le covid il doit bien en rester plusieurs centaines en commande ferme ? Alors il est où le manque de travail ? C est pas pour faire le con mais vraiment je comprends pas.

    • Les constructeurs travaillent a flux tendus avec les sous traitants, toute baisse de production impacte immediatement la supply chain.

    • Bonjour Philippe,
      La production a instantanément chuté de 40% malgré le carnet de commande restant ! Ce dernier n'est qu'en trompe l’œil puisque beaucoup de livraison sont retardée ou replanifiée.
      40% de CA en moins pour des entreprises qui sont prise en étau entre leur frais fixe et la guerre des prix menée par les donneurs d'ordre pour réduire les couts font que la marge des entreprises est plus que réduite voire négative...
      Résultat : licenciement et fermeture de site pour la réduction des frais fixe dans les cas extrêmes

  • Quoique puissent dire les chauvins, les deboires de Boeing frappent de plein fouet la filiere aeronautique francaise. Les FAL (lignes d'assemblage final) pour spectaculaires qu'elles soient ne representent en valeur que 5%. Le poids des sous traitant est considerable.

    • Et même au delà
      Je travaille chez Capgemini et nous étions sur le point de signer une affaire avec safran l’année dernière quand Boeing a décidé d’arrêter sa chaîne de production de 737, et donc de commander 2 réacteurs neufs à safran pour chaque exemplaire construit. Résultat : restrictions budgétaires et l’affaire est tombée à l’eau en attendant des jours meilleurs

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