En 2024, l’industrie aéronautique et spatiale a réalisé un chiffre d’affaires de 77,7 Md€ (+10%), dont 74% dans le civil, 26% dans le militaire et 82% à l’export. Les 500 adhérents du GIFAS ont embauché 29.000 personnes. Le secteur fait néanmoins face à de forts vents contraires. © Gil Roy / Aerobuzz.fr
Alors qu’elle n’a pas fini de digérer la crise du Covid, la filière aéronautique française est confrontée à l’instabilité géopolitique croissante et aux menaces de l’administration américaine. Face à des pouvoirs publics français et européens désorientés, l’industrie serre les rangs.
En 2024, le Groupement des industries françaises de l’aéronautique et de l’espace a vu ses effectifs franchir largement la barre des 500 membres. C’est le fruit du travail d’ouverture, notamment en destination des start up. Mais c’est aussi le signe que beaucoup d’entreprises sont à la recherche de réponses dans un environnement incertain. Un chiffre qu’il convient donc de relativiser, comme les résultats 2024 de la filière.
Au cours de l’année écoulée, la filière aéronautique française a réalisé un chiffre d’affaires de 77,7 milliards d’euros, en hausse de 10%, par rapport à 2023. Elle est repassée au-dessus de 2019, année de référence (74,3 Md€). Toutefois, avec une inflation comprise entre 15 et 18% sur la période, en euro constant, elle se situe encore en-dessous de 2019, fait remarquer Guillaume Faury, le président du GIFAS.
La même analyse en double teinte peut être faite au chapitre des recrutements. En 2024, les adhérents du GIFAS ont embauché 29.000 personnes, alors qu’ils prévoyaient 25.000 recrutements. « Ces 25.000 intentions de recrutement étaient supérieures aux départs naturels », souligne Clémentine Gallet, présidente du Comité Aero-PME. Au final, les entreprises de la filière ont créé 12.000 emplois nets. Mais là encore, il y a un bémol.
Depuis 2022, plus de 30% des emplois ont été renouvelés, ce qui implique beaucoup de formation d’un à deux ans, et de longues périodes de tutorat. « Beaucoup de cadres de production sont partis en 2020. Ils sont les acteurs de la compétitivité des ateliers. Il faut beaucoup plus de temps pour former leurs remplaçants ». Guillaume Faury, pour sa part, reconnaît que la filière dans son ensemble n’a pas récupéré la productivité de 2019.
Et comme si le Covid ne suffisait pas, il y a depuis quelques mois, Trump qui avec ses annonces, fragilise la chaine d’approvisionnement dans son ensemble. Les sous-traitants, en fonction de leur rang, n’ont pas la possibilité de répercuter les surtaxes. « Même 10% peuvent devenir léthal pour des PME », avertit Didier Kayat, vice-président du GIFAS.
Actuellement, pour l’industrie aéronautique les nouveaux droits de douane américains ont été fixés à 10%. L’aéronautique en était exemptée jusque-là. « Appliquer des droits de douanes en représailles n’a pas de sens. » affirme le président du GIFAS. « La surenchère serait stupide. » Il a « bon espoir que les choses vont se résorber ». Les industriels américains sont à la manœuvre pour expliquer au président des USA et à son administration, que compte tenu du niveau des échanges internationaux, maintenir les droits de douane, ou pire encore, les alourdir, conduirait à isoler les USA.
Sans prise ni sur les conflits armés qui ébranlent la planète, ni sur les décisions du locataire de la Maison Blanche, la filière aéronautique française ne peut compter que sur elle-même, d’où cette volonté de resserrer les liens, mais aussi sur la prise de conscience des enjeux du moment, de la part des pouvoirs publics français et européens.
Guillaume Faury dénonce « deux boulets » : d’une part les niveaux de charges, des taxes et des impôts qui font fuir les investissements hors d’Europe, d’autre part ce qu’il nomme « l’étau réglementaire européen ». Et sur ces deux points, il se dit « très préoccupé ».
Concernant la Défense et plus particulièrement la Loi de programmation militaire (LPM), il fait remarquer que « ce se sont les commandes qui alimentent l’industrie, pas les intentions ». En matière de Défense, le GIFAS soutient la notion de préférence européenne. La Défense représente pour l’heure un quart du chiffre d’affaires global de la filière aéronautique française qui, depuis le début 2025, est dans attente de nouveaux contrats. Peut-être devra-t-elle attendre quelques semaines encore, jusqu’au salon du Bourget.
Et comme si cela ne suffisait pas, Donald Trump vient de sabrer le budget de la NASA. Les coopérations internationales devraient être les premières impactées par la baisse de 25% des crédits accordés à l’agence spatiale américaine. Thomas Pesquet risque de voir son rêve de marcher sur la Lune s’éloigner.
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