Le Cap332SC remet le Cap232 dans la course

Régis Alajouanine de l’AVA propose une version musclée du Cap232 destinée à relever le défi des Extra 330 SC et Sbach300. Première confrontation à l’occasion du championnat d’Europe 2010 qui débute le 2 septembre 2010 en république Tchèque.

Régis Alajouanine, président de l’Amicale de voltige aéronautique (AVA) de Saint-Cyr-l’Ecole, a peut-être trouvé le moyen de redonner confiance aux pilotes français de Cap232 en mettant sous leur capot, le moteur de l’Extra 330 SC qui est aussi celui qui équipe le Sbach 300 d’ExtremeAir. Il s’agit d’un Lycoming AEIO-580-B1A qui développe 330 ch, soit environ 10% de puissance en plus que le moteur d’origine. Il est associé à une nouvelle hélice triplace en composite MT-Propeller MTV-9-B-C/C203-20d. Le Cap332 SC (pour Spécial Compétition) a également été allégé. Le gain de poids a été réalisé sur des éléments non fondamentaux comme l’alternateur qui a été remplacé. Le tableau de bord a aussi été dépouillé. Au total, 17 kg ont été « grattés ».

Le Cap232 sur lequel Régis Alajouanine a travaillé est N°35 qui appartenait initialement à l’Equipe de voltige de l’armée de l’air. Il a fait l’objet d’une grande visite dans les règles de l’art avec au passage le changement du train d’atterrissage et de la gouverne de profondeur, et le renforcement du support de profondeur et du treillis de l’arrière du fuselage.

Les trois pilotes de l’équipe de France qui vont voler sur ce nouvel avion au championnat d’Europe, l’ont pris en main lors du stage d’entraînement organisé à Mende, cet été. Malgré la chaleur et l’altitude, le Cap332SC s’est montré prometteur affirme Régis Alajouanine : « il offre plus de souplesse au pilote. Il permet de passer facilement sept tonneaux verticaux ».

La réalisation du Cap 332SC est une initiative de l’AVA et de son président. Le projet a été réalisé dans le même esprit que la recherche d’une solution pour remettre en vol les Cap 232 après l’accident qui a coûté la vie à Jean-Michel Delorme, pilote de l’EVAA, en 2005. A l’époque, face à l’attentisme général qui menaçait de clouer au sol les Cap 232 pour plusieurs saisons , Régis Alajouanine s’était attaqué à la résolution du problème de son côté, en mobilisant autour de lui les compétences nécessaires. L’EASA avait approuvé le renforcement des trois premiers cadre du fuselage, en lui octroyant une STC (supplemental type certification) reproductible à l’ensemble des appareils de la flotte. L’atelier du club de voltige présidée par Régis Alajouanine, est la seule structure associative en France à détenir les agréments nécessaires.

Dans le cas du Cap332SC, l’EASA a également approuvé la modification majeure proposée par l’AVA, sous forme d’une STC. Le dossier a été rondement mené puisque le club n’a récupéré le Cap 232 de l’EVAA que le 19 décembre 2009. Le premier vol d’essai du Cap 332SC a eu lieu, quatre mois plus tard seulement, et la STC ne date que du 25 mai 2010. Régis Alajouanine n’a pas attendu d’obtenir des aides financières pour se lancer. Le programme a été développé sur des fonds de l’AVA pour un montant total d’environ 200 000 euros (acquisition du Cap323 comprise). Total, sponsor de l’écurie de voltige, a apporté son soutien.

Le coût de la transformation des Cap232 classiques en Cap332SC est évaluée à 100 000 euros. « Comme dans le cas du renforcement des cadres, en 2006, ce sont des propriétaires américains et anglais qui ont été les premiers à prendre contact avec nous afin que nous fassions les modifications », explique le président de l’AVA qui prévoit trois autres modifications complémentaires. La plus facile consiste à rendre plus ergonomique le tableau de bord. Il a également l’intention d’incorporer un pare-brise pour garantir une meilleure sécurité « en cas de casse de la verrière en vol, l’avion restera ainsi pilotable et en cas de passage sur le dos, le double arceau de sécurité protégera le pilote ». La troisième modification porte sur le design du capot moteur. Elle implique de refaire les essais en vol. Régis Alajouanine la fera uniquement si il est sûr que le coût engendré en vaut la peine. Quoi qu’il en soit, le futur Cap332SC doit être prêt pour les championnats du monde 2011.

D’ici là, l’Euro 2010 devrait être riche d’enseignements.

Gil Roy