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Tous les voyants sont au vert pour ATR

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Gil Roy

ATR a livré 74 avions en 2013 (10 de plus qu’en 2012) et réalisé un chiffre d’affaires de 1,63 Mde$ (+ 13%). Le constructeur a vendu 89 biturbopropulseurs l’année dernière et enregistré 106 options. Son carnet de commandes (221 avions) lui garantit trois années de production.


Un jour, il faudra prendre le temps d’écrire l’histoire d’ATR. La revanche est un ressort qui fonctionne bien. Ce sera un succès. Submergé par la concurrence des jets régionaux au début des années 2000, au point de produire des avions non vendus (« queue blanche ») pour maintenir son outil de production en état, le constructeur de Toulouse fait aujourd’hui jeu égal avec ses concurrents canadiens et brésiliens. Sur les quatre dernières années, et sur le segment des avions de 50-90 sièges, ATR a, en effet, vendu 400 turbopropulseurs quand Embraer vendait 352 E170/175 et Bombardier 112 CRJ 700/900. Et qu’il s’agisse de marchés émergeants (Afrique à court terme) ou de marchés de renouvellement (USA notamment), l’avenir semble appartenir aux ATR 42/72… pour ne parler que des modèles disponibles. Pour l’ATR 92, il est encore trop tôt…

Depuis 2010, ATR enchaîne les années record. En 2013, le constructeur franco-italien a encore enregistré une hausse de son chiffre d’affaires (+13% à 1,63 Mde$), une progression de ses livraisons (74 avions contre 64 en 2012) et un bond spectaculaire de ses commandes fermes (+20% avec 89 unités, soit 2,1 Md$). Options comprises (106), ATR a signé pour 4,65 Mde$ de commandes l’année dernière.

Son carnet de commandes atteint 221 avions (5,3 Mde$), soit trois années de production. ATR navigue à ce niveau depuis 2011 et cela lui convient parfaitement. D’où sa volonté de conserver cet atout malgré la montée en cadence. En 2013, il a produit 10 avions de plus qu’en 2012, 20 de plus qu’en 2011. Son objectif est d’arriver au moins à 90 en 2014.

Le lancement, en 2007, de la version « -600 » avec un moteur plus performant, une suite avionique et une nouvelle cabine a remis le turbopropulseur franco-italien dans la course. Cette remise au goût du jour s’est traduite par un rééquilibrage du marché à l’avantage d’ATR. En 2013, le constructeur toulousain a livré quasiment la moitié (48%) des avions régionaux de 50 à 90 places. Au passage, le lifting de l’ATR a permis de creuser l’écart avec le Q400 de Bombardier. Le canadien n’a livré que 17 turbopropulseurs en 2013, contre 50 en 2012.

Depuis plus de 5 ans, les ATR 42/72 représentent près de 85% des ventes d’avions de moins de 90 sièges en Amérique Latine et dans les pays à plus forte croissance d’Asie du Sud-Est. Dans ces régions du monde, il s’impose comme le défricheur de réseaux. Pour ATR, l’Afrique est un marché en devenir. Quant aux USA, c’est un défi. Le constructeur franco-italien a en ligne de mire le renouvellement des turbopropulseurs de 19-39 places (Saab 2000 et Brasilia principalement), mais aussi celui des biréacteurs de 50 places vieillissants (CRJ200 et E145) : un marché de volumes avec de grosses flottes. La patience est de mise. Elle l’est aussi avec la Chine qui continue d’imposer des taxes dissuasives de l’ordre de 24%. Tant que le gouvernement chinois n’aura pas donné son feu vert au transport régional, ATR n’a rien à faire en Chine.

Les succès commerciaux remportés ces dernières années par ATR et notamment les importantes commandes passées par les sociétés de leasing sont étroitement liés à la montée en puissance du support client. L’agrément d’unités de maintenance au plus près des flottes (15 contrats en 2013) et la mise en place de centres de formation en Asie du Sud-Est, en Afrique et en Amérique centrale (mise en œuvre d’un simulateur « full flight » à Bogota fin 2013) constituent aujourd’hui des arguments de ventes. Les seuls besoins en nouveaux pilotes qualifiés sur ATR sont actuellement de 2.000 pilotes par an.

Pour l’équipe dirigeante d’ATR, la satisfaction sera totale le jour où ses actionnaires l’autoriseront à lancer son programme d’ATR de 90 sièges. En attendant, la success-story prend parfois des airs de feuilleton à suspense.

Gil Roy

ATR a assemblé 74 avions à Toulouse en 2013, il espère atteindre 90 en 2014
La compagnie indonésienne Garuda a acquis 25 ATR 72-600 en 2013
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • A court terme, les voyants sont au vert pour ATR
    Et si le lancement de l'ATR92 faisait baisser les actions d'EADS, avez-vous pensé au coup dur que cette éventualité représenterait pour l'avenir de l'industrie aéronautique? Pourtant ATR ne représente que 2 ou 3% du capital d'EADS, ce serait prendre beaucoup de risques pour un projet qui n'intéresse pas le BE d'EADS. En contre partie, une refonte de la gamme ATR génèrerait quelques 3000 emplois et certainement plus avec la nouvelle génération de turbopropulseurs SNECMA.
    En appuyant ce projet, le Ministre du Redressement productif aurait une belle opportunité de se refaire une auréole tout en permettant au Président d'affirmer sa préférence au "Produire en France" au lieu de se plier à la volonté du capital géré par des actionnaires de plus en plus timides.
    Faut-il faut voir dans ces hésitations les raisons du pessimisme tant reproché aux Français alors que la Puissance Publique est incapable pour le moment de doper son industrie et de partager avec le peuple, son optimisme.

  • Tous les voyants sont au vert pour ATR
    L'Atr 92, l'Arlésienne du transport aérien. Un binôme 82-92 avec ailes et fuselages communs serait peut-être davantage profitable qu'une unique offre "92". Faut voir comment répondent les clients...

  • Tous les voyants sont au vert pour ATR
    il faut autoriser ATR à lancer rapidement son programme de 90 places, ce n'est pas quand il se sera fait " doubler " qu'il faudra donner le feu vert, un avion ne se fait pas en cinq minutes !
    l'étude sérieuse prouve que ce programme est fiable, pourquoi attendre..;et attendre encore !

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