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Air France redresse lentement la tête

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Pierre Sparaco

En 2013, Air France a perdu, 349 millions d’euros, soit 347 millions de moins qu’en 2012, pour un chiffre d’affaires de 25,5 Mds€ (+2,3%). L’augmentation de 2,4% de son trafic demeure relativement faible compte tenu de la conjoncture. Transavia, filiale d’Air France, a perdu 23 millions d’euros.

Le plan de redressement Transform d’Air France-KLM gagne en crédibilité à la lumière des résultats financiers de l’année 2013 qui viennent d’être publiés. Certains des indicateurs économiques les plus importants sont repassés au vert et, de manière générale, l’évolution du groupe, bien que fragile, incite à un minimum d’optimisme. Le chiffre d’affaires, 25,5 milliards d’euros, a progressé de 2,3 %, les coûts unitaires sont en recul de 2 %, le désendettement diminue et, surtout, les pertes nettes sont ramenées à 349 millions d’euros, en amélioration de 347 millions. On comprend d’autant mieux le commentaire du PDG du groupe, Alexandre de Juniac : « l’année 2013 a marqué une étape importante dans le redressement du groupe ». Mais, de toute évidence, rien n’est acquis pour autant.

On retient que le trafic a augmenté de 2,4 %, ce qui est relativement peu, en période de haute conjoncture. Il aurait fallu faire deux fois mieux pour mettre l’entreprise en conformité avec la tendance mondiale, ce qui revient à confirmer qu’au plan commercial, il reste beaucoup de chemin à faire. Air France-KLM n’évoque pas volontiers le sujet mais le fait est qu’elle souffre gravement de la concurrence débridée des compagnies low lost, y compris sur le réseau intérieur français. Aussi, au vu des chiffres de 2013, on ne comprend toujours pas pourquoi Transavia, instrument de reconquête, ne passe pas sans plus attendre à la vitesse supérieure.

Certes, l’année dernière, le trafic de Transavia a augmenté de 13,5 %, avec un solide coefficient d’occupation de 90 %, mais les chiffres restent modestes. Qui plus est, l’année dernière, elle a perdu 23 millions d’euros, ce qui est difficile à comprendre. C’est en vain qu’on attend une contre-offensive de très grande envergure contre Ryanair, EasyJet, Vueling et les autres. Il manque à Air France-KLM l’équivalent de Germanwings, c’est-à-dire l’artillerie lourde. Les intentions sont louables mais tout est beaucoup trop lent.

En revanche, un soupçon d’optimisme apparaît en constatant que le coût unitaire du siège/kilomètre a diminué de 1,8 % à change constant. Et, dans le même temps, la recette unitaire moyenne a augmenté de 0,8 %. C’est bien mais peut mieux faire, bien sûr.
De même, on reste perplexe en notant que le trafic long-courrier, 81 % de l’ensemble du trafic, a augmenté de 2,5 % seulement. C’est incontestablement trop peu et très en-dessous de la moyenne mondiale.

Dans cet esprit, chacun a pu noter, au cours de ces derniers jours, l’importance considérable des efforts d’attractivité commerciale consentis par Air France au profit de la clientèle dite à haute contribution. De nouveaux sièges, merveilles de technique et de confort, sont prêts à recevoir les passagers haut de gamme les plus exigeants. C’est bien qu’il en soit ainsi pour contrer Emirates et ses émules mais, dans le même temps – on en revient inévitablement au point de départ – il faudrait s’attaquer plus violemment à la concurrence low cost. Et c’est là que le bât blesse.

Involontairement, on retrouve ainsi la préoccupation de la FNAM, Fédération nationale de l’aviation marchande, qui s’inquiète du net recul de la part du pavillon français dans le transport aérien, intérieur et européen. Le mal n’est pas propre à Air France mais cette dernière pèse évidemment très lourd dans les statistiques. Un coup de fouet est nécessaire mais se fait dangereusement attendre. « Nous ne sommes pas loin de la désespérance », avoue Alain Battisti, président de la FNAM, en annonçant un rapport circonstancié qui sera remis dans quelques mois au Conseil supérieur de l’aviation civile. Reste le fait qu’Air France-KLM se redresse, lentement.

Pierre Sparaco

En 2013, le trafic de Transavia a progressé de 13,5% pour des capacités en hausse de 11,6% et une perte d'exploitation de 23 millions d'euros.
Sur l’année 2013, le chiffre d’affaires de l’activité passage s’est établi à 20,112 milliards d’euros, en hausse de 2,6%.
Le trafic moyen-courrier d'Air France a augmenté de 1,7% en 2013, malgré la réduction de 1,2% des capacités.
L'activité cargo d'Air France a généré une perte de 202 millions d'euros en 2013
A charge de retraite et périmètre constant, les frais de personnel (intérim inclus) ont baissé de 218 millions d’euros, en ligne avec l’objectif d’une baisse de 200 millions d’euros sur l’année.more
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Pierre Sparaco

View Comments

  • Air France redresse lentement la tête
    Quand on parle des bénéfices d'AF-KLM c'est surtout la KLM qui fait des bénéfices...qui servent à combler les trous d'AF.

  • Air France redresse lentement la tête
    AF a gardé bien trop longtemps de vieux 747-100 dédiés au fret qui coutaient une fortune en fuel et en GV. Emirates a rebattu les cartes avec une flotte ultra jeune et du fret en soute de ses avions passagers. Il faut évoluer ou mourir et dans ce métier l'ancienneté n'est pas forcément le meilleur atout pour le faire. Culture archaïque, gestion du personnel naviguant sans flexibilité, flotte trop vieille, etc...

  • Air France redresse lentement la tête
    On peut dire beaucoup de choses sur Air France mais il faut reconnaitre qu'ils reviennent de tres loin. D'autant plus que Alexandre de Juniac a beaucoup fait pour cette compagnie (contrairement a son prédécesseur).

    Il y a certes encore pas mal de boulot mais en tout cas ils ont déja posé des bases relativement stables. Je les encourage par la suite.

    Quand au probleme des courts/moyens courriers, il est de rappeler qu'ils avaient lancé Transavia pour contrer tout ca... mais que le fameux syndicat des pilotes SNPL a TOUT fait pour empecher son développement.
    Perso je suis contre l'idée qu'ils fassent du 100% transavia mais ont-ils le choix? (cf avec Iberia et Lufthansa qui ont fait de meme).

  • Air France redresse lentement la tête
    Il y a beaucoup de choses que l'on ne comprend pas dans l'attitude et la politique d'Air France, on attend une réaction pugnace contre les compagnies low coast qui viennent grignoter dans sa gamelle et l'on se demande encore pourquoi elle n'a pas fusionné Régional et Britair dès leur achat, ou est la synergie quand l'une utilise des Embraers et l'autre des CRJ ? Aujourd'hui elles sont encore indépendantes et Hop n'est qu'une strate supplémentaire. Idem pour Transavia qui utilise des 737 ce qui interdit le transfert "Economique" de pilotes d'AF puisque la compagnie mère n'exploite que des Airbus.

  • Air France redresse lentement la tête
    Un peu contradictoire avec l'article de la Tribune....
    On se félicite de limiter les pertes, c'est un certain état d'esprit.

    "Deux ans après le lancement du plan Transform, le groupe a dégagé en 2013 un bénéfice d'exploitation de 130 millions d'euros contre une perte de 336 millions en 2012. Après le redressement qu'il estime achevé fin 2014, le PDG du groupe, Alexandre de Juniac, explique dans une interview à La Tribune que le développement sera l'axe central de sa stratégie après 2014.
    "

  • Air France redresse lentement la tête
    La fin de votre article me laisse perplexe! Qui est Mr Battisti pour porter un jugement sur le redressement d'une grande compagnie comme Air France, alors que ce Monsieur, patron de la FNAM, fait voler des ATR pilotés par des pilotes basés au Portugal, au détriment de ses propres salariés basé à Caen ?
    Une bien mauvaise image et en tout cas aucune crédibilité dans ses propos........

    • Air France redresse lentement la tête
      A la DGAC, on peut ajouter ADP... partenaire inévitable, couteux et responsable d'un grand nombre de problèmes d'exploitation.

    • Air France redresse lentement la tête
      Et surtout que dire de l'attitude de la DGAC qui pèse tant dans les comptes des compagnies aériennes. Tant qu' on tirera une balle dans le pied des opérateurs et pilotes français dès qu'ils bougent un orteil, nous perdrons des parts de marché.

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