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Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence

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Gil Roy

Trois ans après sa démission d’Air Austral et alors que la compagnie réunionnaise qu’il a contribué à créer fête son 25ème anniversaire, Gérard Ethève livre un passionnant témoignage sur les coulisses d’une compagnie aérienne française long courrier.


Ce n’est pas un règlement de compte, tout au plus une mise au point. L’homme a trop le sens de l’intérêt général pour dénigrer publiquement ceux qui ont exigé sa démission au lendemain d’un changement politique à la Réunion. Sa grande idée qui était de desservir son île natale avec des A380 densifiés à 810 sièges ne verra pas le jour. En revanche, dans quelques mois, en juin 2016, Air Austral sera la première compagnie française à exploiter le 787-8 Dreaminer.

« Ailes australes, une histoire réunionnaise », le livre que signe Gérard Ethève replonge le lecteur dans l’époque héroïque des charters long courriers qui voulaient s’attaquer au monopole d’Air France. Dans le sillage de la pionnière Point Air disparue en 1987, Minerve, AOM, Air Liberté, Aérolyon ou encore Air Bourbon se bruleront les ailes. Seule Corsair parviendra à résister à la domination de la compagnie nationale. L’axe métropole-Réunion va est le théâtre d’une incroyable hécatombe dont Gérard Ethève fait la chronique méticuleuse. C’est dans ce contexte, qu’en 2003, Air Austral créée en 1990, ouvre sa ligne Réunion-Paris en Boeing 777-200.

Le lancement de cette ligne est l’un des chapitres les plus intéressants de ce livre. Les raisons du choix du 777-200, son financement, les options retenues pour l’aménagement de la cabine qui fera école, la fixation des prix des billets, le recrutement des équipages, le yield management imposé par la concurrence, … en technicien, Gérard Ethève argumente.

Face à Air France et à Corsair, Air Austral va grignoter des parts de marché jusqu’à devenir le numéro un sur l’axe Réunion-métropole. Les relations avec Air France seront d’autant plus complexes que la compagnie nationale détenait alors 34% du capital de celle qui lui menait la vie dure. Aujourd’hui, la compagnie nationale n’a plus de lien capitalistique avec Air Austral, et Marie-Joseph Malé, qui a remplacé Gérard Ethève en 2012 à la tête de la compagnie est un ancien d’Air France.

Les premières années d’exploitation des longs courriers seront profitables, mais à partir du tournant des années 2010, la hausse du prix du pétrole aura raison des bons résultats comptable d’Air Austral. Le contexte politique réunionnais n’arrangera pas la situation financière de la compagnie. A partir de 2010, elle va traverser une période de fortes turbulences. A la suite du départ de Gérard Ethève, elle va renoncer à plusieurs de ses ambitions dont la plus emblématique est de toute évidence la mise en ligne des A380. Le projet Outre-Mer 380 était pourtant déjà bien engagé.

Air Austral avait versé en 2009, 40 millions d’euros d’acompte à Airbus. Face au refus des loueurs d’avions d’aménager la cabine de leurs appareils avec 810 sièges, la compagnie réunionnaise avait en effet été contrainte d’acheter plutôt que de louer. Pour Gérard Ethève, l’A380 devait permettre de baisser les coûts de l’ordre de 25% et ainsi pouvoir offrir des tarifs sensiblement plus bas. L’exploitation aurait du débuter en 2014. Il reconnaît qu’ « une nouvelle formule low cost, appliquée au long courrier, devait être inventée ».

Finalement, après sa démission, le projet Outre-Mer 380 sera abandonné, et la nouvelle direction optera pour le 787-8. L’arrivée du Dreamliner dans sa flotte sera un temps fort de l’année 2016 pour Air Austral, de même que l’ouverture de la ligne directe Mayotte-Paris, une liaison symptomatique du contexte politique dans lequel Air Austral s’est développée pour devenir aujourd’hui une compagnie internationale à part entière. Un jour sans doute, les réunionnais mesureront l’apport de Gérard Ethève dans le désenclavement de leur île. Ce jour-là, un 787 ou pourquoi pas un A380, sera baptisé de son nom. En attendant, il faut lire ce cours pratique d’économie du transport aérien que signe ce visionnaire de 85 ans.

Gil Roy

Basée dans l'océan indien (La Réunion), Air Austral est devenue en 25 ans, un acteur de premier plan du transport aérien français
C'est en 2003, qu'Air Austral ouvrit sa première ligne long courrier avec un Boeing 777-200
Ailes australes, une histoire réunionnaise

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
    @garcia =que la malaisie se sépare de ses A 380, compte tenu de ses problèmes, elle a moins de clients, et donc moins besoin de capacité, d'ailleurs , elle se sépare également de 777 qui ne sont pas dans les plus mauvais des avions de ligne ;
    à croire qu'il n'y aurait que les emirates qui soient capables de rentabiliser l' A 380, ce qui serait pour le moins curieux
    en ce qui concerne les russes, l' accident de ce jour ne va certainement pas arranger les choses, quelque soit la cause de ce crash
    en ce qui concerne air et cosmos, chacun sait que comme tous les journaux, il cherche à noircir du papier pour vendre son canard, ce qu'il dit n'est pas faux, mais serait plus sérieux de faire une étude aprondie et de préciser les causes de cette désafection
    en ce qi concerne l'escale de Djibouti, que ce soit à l' aller ou au retour, il y avait le même nombre de pax, et je n'ai pas vu charger, ou décharger de nouveaux passagers, je ne pense pas que l' armée ait offert des vacances à la réunion à la place de ceux qui auraient pu venir en garnison, et comme à chaque fois, compte tenu que c'était en période estivale ( ce qui est pratiquement toujours le cas) il fallait retenir sa place au moins 10 jours à l' avance
    tout porte à croire que les militaires pour Djibouti prenaient des avions militaires.
    je reste persuadé que des A 380 haute densité pourraient remplacer valablement d' autres appareils utilisés sur cette ligne, et que les touristes européens n'ont pas à emporter de brosses valises. un prix du billet très compétitif merite quelques concessions.
    j'ose espérer que A.F. pourra revoir sa position concernant l'utilisation de l' A380 qu'il utilise avec succès sur d' autres lignes.

  • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
    @garcia = si emirates est un client pour les A 380 , il n'est pas le seul, les autres n'ont pas l' air de s'en plaindre et tout les passagers de cet appareil eont unanimes pour louer son confort et son silence.
    que reproche t-on à air austral, c'est d'avoir voulu innover, c'est toujours la politique des moutons, et de celui qui est le premier, s'il réussi, il aura les copieurs sur le dos...s'il loupe son coup, il aura droit aux critiques...cher ami, ne faites rien ! et allez à la Réunion en bateau !
    je pense que l' A 380 aurait pu remplacer valablement les 747 qui faisait la ligne à une époque, en se ravitaillant à Djibouti, et en changeant d' équipage...trop fatiguant de faire la totalité du vol ? maintenant, ils le font, alors, il ne fallait pas innover ?

    • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
      @Marmiton....
      - Il y a déjà plus de 20 ans AirFrance faisait Paris-La réunion en direct avec un B747-200, sans escale (mon carnet de vol peut en témoigner) et plus de 400 pax à bord.... on a pas attendu l'A380 pour aller à la Réunion en "haute densité". Le vol faisait la même durée que pour aller à LAX. Les vols avec escale à Djib' permettaient à Air France de faire d'une pierre deux coups : rajouter une fréquence sur RUN et déposer des pax à Djibouti (des militaires...)

      - Depuis quand les passagers choisissent leur billet d'avion en fonction de l'avion qui sera utilisé sur le voyage ? 90% des passagers ne savent pas sur quel avion ils vont voyager quand ils achètent leur billet. Les compagnies choisissent leur avion sur un seul critère : combien d'argent va-t-il rapporter. Après le pipeau sur le bruit et le confort c'est pour Science et vie et Air&Cosmos....

      Quant à l'A380, ouvrez les yeux....bossez un peu le dossier et comparez les ventes du B777 (et meme celles du B777X) à celle de l'A380.

      Allez....une petite question pour vous... : de quel avion la direction d'Air France avait-elle prévu de se séparer au cas ou elle aurait mis en oeuvre la version la plus "dure" de son plan "B"...? Un petit indice.... il est très gros et a 4 réacteurs....

      et un petit dernier pour la route :
      http://www.air-cosmos.com/airbus-a380-malaysia-airlines-a-mis-en-vente-ses-6-exemplaires-33649

  • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
    iln' y a pas que les Reunionnais qui prennent l' avion entre ces deux points de la France, quel est le pourcentage ? à mon avis beaucoup plus d' Européens qui vont en vacances
    Air Austral a fait tourner cette compagnie avec de faibles moyens financiers, ce qui est tout à son honneur, on peut toujours critiquer, je dirai à ceux-là = faites-en autant !
    il a toujours fallu un certain courage pour se lancer dans le transport aérien, A.F. veillant à na pas perdre son exclusivité de fait, maintenant c'est terminé, la concurrence n'est pas venue d' l 'intérieur, mais fait beaucoup plus mal.
    il est certain qu'un A 380 à forte densité aurait sa place sur cette ligne,

    • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
      Il est tellement certains que l'A380 aurait sa place..........qu'aucune compagnie n'a jugé bon de l'utiliser sur cette ligne et encore moins d'en acheter uniquement pour ça.
      Posez vous la question de savoir pourquoi cet avion n'intéresse que Emirates....

  • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
    Bonjour,

    Dommage que l'article n'évoque pas, au moins quelques mots, les nombreux ennuis judiciaires qu'à connu Gérard Ethève avec Air Austral. Je pense en particulier à la gestion des ressources humaines... Une compagnie aérienne, ce n'est pas qu'un président charismatique mais des pilotes, des personnels naviguant etc. Il est qualifié ici de "visionnaire", ce qui semble suffire pour tout lui pardonner. Non, humainement, il n'a pas laisser que des bons souvenirs !

    • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
      Moi j'y suis, et ce n'est pas mieux maintenant.
      Certes les deuxièmes couteaux ont pris du galons, mais beaucoup regrettent le bon vieux temps ou l'on innovait et où l'on pouvait s'exprimer et contredire le patron sans se voir mis à l'écart rapidement.

      Pourriez vous nous citer des noms de grosses boutiques dans lesquelles toute la population est en accord parfait avec les dirigeants ?

    • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
      Effectivement, je ne l'ai pas évoqué, mais Gérard Ethève dans son livre y consacre plusieurs paragraphes.

  • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
    ma parole Gil Roy venez faire un tour chez air austral et vous verrez que contrairement a votre dernier paragraphe on fera tout pour que aucun de nos avions porte son nom et la population nous suivra. vous essayez de redorer le blason de l'ancien ?

  • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
    Bonsoir,
    Comment fait-on pour mettre les bagages de 810 personnes dans les soutes d'un A380...? (A priori, les passagers ont souvent des valises quand ils voyagent entre Paris et La Réunion....).
    D'avance merci pour les réponses....

    • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
      On peut effectivement imaginer que le problème de la capacité des soutes est entré en ligne de compte au moment du choix de l'A380, d'autant que Gérard Ethève explique dans son livre qu'Air Austral a du renoncer au TGV Air (pour prolonger son réseau en France) parce que précisément, les réunionnais voyagent avec beaucoup de bagages et que les rames du TGV ne sont pas adaptées.

    • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
      C'est bien une réaction de salarié d'Air France. Questionner, toujours questionner, avec une pointe de dédain, sur le modèle de fonctionnement de la concurrence. Avant de faire un chèque d'acompte de 40 millions d'euros, vous ne pensez pas que les dirigeants de cette entreprise se sont posé la question ?
      On a beaucoup entendu Air France questionner le modèle de ses concurrents chez qui ses pilotes vont (ou vont bientôt) se faire embaucher. Air France s'est posé les mauvaises questions, et s'est permis d'apporter les (mauvaises) réponse à la place de ceux qui en France souhaitaient faire émerger un véritable secteur du transport régi par la loi du marché.
      J'aime Air France, parce qu'il y a le mot France dedans. Le nom de cette compagnie est la seule chose qui lui a permis de subsister jusqu'à ce jour.

    • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
      d'autant que dans des configurations beaucoup moins denses sur AF, il semblerait que sur certains vols; des bagages restent à terre...

  • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
    Air France aurait précipité l'avenir de beaucoup de compagnies franco-françaises, donc d'emplois français, pour se retrouver impuissante face à l'Irlandaise Ryanair ou à l'Anglaise Easyjet. Bêtise franco-française!

    • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
      C'est hélas pourtant si vrai... Air liberté (airlib), AOM, Air littoral et bien d'autres. La roue tourne...

    • Celui qui voulait desservir la Réunion en A380 sort de son silence
      Et bêtise aussi de se précipiter dès qu'on pense avoir trouvé le moyen d'allumer Air France même si c'est hors contexte.

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