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Germanwings : Le BEA entre en scène

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Gil Roy

C’est dans un contexte de cirque politico-médiatique que le Bureau d’enquête et d’analyses (BEA) a donné sa première conférence de presse. Le directeur du BEA a annoncé que les enregistrements de la première boîte noire (CVR), qui contient les sons, sont exploitables.


La conférence de presse du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), prévue mercredi 25 mars, à 16h00, a finalement eu lieu à 17h00. A 16 heures, c’est en fait le président de la république française, entouré de ses homologues allemand et espagnol, qui a pris la parole, depuis Seyne-des-Alpes, devant des centaines d’envoyés spéciaux. Cela n’a sûrement pas du être facile à Rémy Jouty, le directeur du BEA, de démentir le président de la république, en affirmant que le deuxième enregistreur de vol (FDR) n’avait pas encore été localisé, et que contrairement à ce que venait de déclarer François Hollande, aucun des débris dispersés de cette boîte noire n’avait encore été retrouvés . Pour l’heure, dans les laboratoires du BEA au Bourget, les enquêteurs sont focalisés sur le CVR (Cockpit voice recorder), la boîte noire contenant les enregistrements des sons du poste de pilotage.

Rémy Jouty a précisé qu’un fichier audio exploitable avait réussi à être extrait du CVR malgré l’état apparent de l’enregistreur. Quelques minutes avant le début de la conférence de presse, les enquêteurs ont pu l’écouter pour s’en assurer. Ils ont entendu des voix, sans toutefois chercher à les identifier à ce stade de l’analyse. « Il est trop tôt pour en tirer la moindre conclusion », a affirmé le directeur du BEA qui a par ailleurs précisé que « l’exploitation du CVR doit se faire en coordination avec les paramètres de vol » et que cela pourrait prendre des semaines.

Rémy Jouty s’est déclaré « raisonnablement optimiste » : « on a le fichier audio exploitable et même si le site est difficile d’accès et vaste, on finira bien par trouver le FDR qui est conçu pour résister à un très fort choc ». Toutefois, avant même de pouvoir corréler les informations des deux enregistreurs, si la transcription des échanges enregistrés dans le cockpit permet de préciser l’enchaînement du vol, une communication n’est pas exclue.

Pour l’heure, à partir des traces radar, le BEA confirme que le dernier message de routine entre le vol GWI 18G et le contrôle à eu lieu à 9h30, alors qu’il survolait les côtes françaises, au niveau de Hyères. L’A320 de Germanwings venait de recevoir l’autorisation de poursuivre en direction de la balise IRMAR. Il était à 38.000 ft d’altitude. Une minute plus tard, il commençait sa descente inexpliquée, à un taux moyen de 3.000 ft/mn, en conservant le même cap. Sa dernière trace radar est enregistrée à 9h40mn47s, alors qu’il passe 6.000 ft en descente. « Les radars l’ont suivi quasiment jusqu’à son point d’impact » conclut le directeur du BEA.

La conférence de presse donnée par Rémy Jouty a tranché avec l’hystérie médiatique dans laquelle baigne l’accident depuis le moment où la disparition de l’A320 de Germanwings a été annoncée. En laissant l’émotion à la porte du BEA, elle a permis de faire sereinement le point sur les faits avérés. A cette occasion aussi, on a pu noter que le BEA était sur la bonne voie. Plus tôt dans la journée, des photos du premier enregistreur de vol récupéré avaient été mises en ligne sur le site du Bureau, et c’est un directeur relativement à l’aise avec les journalistes que nous avons découvert. L’exercice n’était pas facile, Rémy Jouty s’en est bien tiré, en français comme en anglais.

On n’en dira pas autant du gouvernement français qui a dépassé les bornes de la compassion. Depuis 24 heures, le défilé des ministres et des chefs d’état à Seyne-les-Alpes où est installé le PC des opérations de recherche a des relents de récupération politique. Ce va-et-vient n’est pas fait non plus pour faciliter le travail des professionnels. Dommage parce que jusqu’au débarquement des personnalités dans les Alpes-de-Haute-Provence, la France avait été exemplaire. De la déclaration de l’état de détresse du vol GWI 18G par le contrôle aérien jusqu’à la mobilisation des moyens de secours et leur déploiement dans une zone réputée inhospitalière, la gestion de crise a été remarquable. Sur le terrain, les services de l’Etat ont fait honneur à leur pays, à l’image des habitants de la région, dignes et dévoués à l’égard des familles des victimes.

Gil Roy

2. Le CVR a été localisé, le 24 mars à 17h sur les lieux du crash de l'A320 de Germanwings. Il est arrivé au BEA, au Bourget, le 25 mars, à 9h45
2. Le choc a été d'une exceptionnelle violence, lors de l'impact de l'A320 contre la montagne
2. Les excès politico-médiatiques place l'enquête sur l'accident du vol GWI18G dans une ambiance peu propice à la sérénité nécessaire.
2. Rémy Jouty, le directeur du BEA, a maîtrisé sa première conférence de presse relative à l'enquête sur le crash de l'A320 de Germanwings
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Germanwings : Le BEA entre en scène
    je ne peux croire que le copilote a fait descendre sciemment l'appareil ....
    certes il a modifié les paramètres , il a fermé le cockpit par sécurité, et il a peut être eu un malaise cardiaque ou autres, juste après avoir fermé le cockpit...il s'écroule et respire anormalement fort, c'est ce que l'on entend, mais il est inconscient.
    Je crois plutôt à cette version plus indulgente vis à vis de ce pauvre co pilote.
    Bd

    • Germanwings : Le BEA entre en scène
      En fin de compte , le pilotage type US aurait bien permis de sauver -très probablement - cet avion ,et ses passagers ...Pourquoi l'Europe n'a t elle pas suivi l'exemple des nord américains , qui me paraissait logique ,dès le début de cette affaire ( isolement Volontaire du copilote , et manoeuvre Volontaire ,itou .. ); c'est fait ,maintenant ; et la compagnie ... va payer ses erreurs ...((pourquoi n'a t elle pas mis ce pilote "à problème-s- " sur transport cargo , ou même écarté , tout simplement ... dans les cas "douteux" , il faut enquêter , c'est la conclusion ... la confiance , c'est bien ,mais ...

  • Germanwings : Le BEA entre en scène
    Bonjour, je ne connais pas grand-chose aux avions, mais est-il possible de prendre "possession " d'un avion à distance (comme le ferait un logiciel espion sur un ordinateur)
    Est-il possible aussi que des "ondes" magnétiques chamboulent les appareils ?
    Pourquoi, à votre avis, l'enquêteur a donné son info à la presse étrangère et non aux médias français ?
    Bref, je me pose beaucoup de questions.
    Merci si vous pouvez m'éclairer un peu !

  • Germanwings : Le BEA entre en scène
    Gil Roy tresse des lauriers au BEA et il parfaitement raison : celui-ci était dans la posture qui convient face à la pression médiatique ; il engage à chaque accident majeur sa réputation d'impartialité... il convient donc qu'il "l'a montre".

    En même temps cette conférence de presse -convoquée alors que le VCR n'avait pas été retrouvé- a laissé un goût étrange... On pouvait ressentir que ce n'était pas encore le moment de nous dire ce qu'on craignait de soupçonner. Et c'est très bien comme ça.

    Quant au cirque "politico-médiatique" ne nous trompons pas d'analyse ! Depuis les médias en continu (France-info) puis les chaines télé et la redoutable BFM TV !!! les directs de l'ensemble de la presse traditionnelle sur ses sites internet (Figaro, Monde, Libé...) la pression est énorme pour nourrir la machine affamée... et dont le public ne se détourne pas avec le dégout qu'il faudrait. Nous sommes -collectivement- des complices actifs.

    Alors "les politiques en font trop" ? Au regard de l'événement, des nationalités impliquées (espagnoles, allemandes...) ils ont un "devoir de compassion". Et avec un tant soit peu de lucidité, on perçoit vite que l'opinion publique (relayant les médias) leur reprocherait leur indifférence à n'être pas sur place.

    On est dans ce monde là. Il faudra un nouvel esprit de rigueur pour que ça change. Et sans doute que le premier lieu ou ce doit changer, c'est dans le "grand amplificateur des médias".

  • Germanwings : Le BEA entre en scène
    Merci Gil pour le sérieux de votre article loin des débats ésotériques qui animent toutes les radios ce matin et de l'expertise aéronautique de notre cher président.

    Si les infos du NY Time laissent le soin à l'imagination de tous de construire une hypothèse d'horreur qu'à pu être ce crash, comme l'a dit Icaer4 : on parlera lorsque la FDR sera retrouvée et les conclusions de l'enquête rendues par les experts.

    Si le FDR émet toujours il sera retrouvé (et peut-être même s'il n'émet plus), c'est lui la clé de l'énigme.

  • Germanwings : Le BEA entre en scène
    Enfin un article sans langue de bois mettant en lumière la surmédiatisation de cette catastrophe notamment de la part de certains politiques qui ne cessent de raconter des inepties. Suivez mon regard....

  • Germanwings : Le BEA entre en scène
    merci Gil pour votre article...
    Le retenue du directeur du BEA me parait légitime, voire indispensable, face une meute de journalistes commentaieurs-pseudo-experts plus enclins à vendre leur soupe qu'à prendre le temps d'analyser des faits...
    Certes, le voice recorder donne probablement des infos essentielles sur "l'ambiance" dans le poste pendant le déroulement des faits, mais sans le Data recorder, aucune interprétation sérieuse ne peut être envisagée...
    Les sois-disant hypothèses qui fleurissent ici ou là n'ont, à mon sens, aucune valeur... si ce n'est de faire parler de leurs auteurs...
    Alors de grâce, un peu de retenue, ne serait ce que pour les proches des victimes qui sont légitimement prêtes à se raccrocher à la moindre piste crédible... Foutons la paix aux enquêteurs et laissons les bosser...
    pour répondre à Adam Shaw: vous avez raison et les documents que vous présentez sont pertinents, mais ils ont été produits après plusieurs mois d'analyses... pas 48h après l'incident ou accident...
    Quand à T380: analyser un accident quand on ne dispose que de témoignages visuels (et encore) dont chaque analyste sérieux connais la subjectivité n'est pas facile... et il peut arriver qu'il n'y ait, dans ce cas, aucune conclusion "incontestable" à donner par manque d'infos... J'ai moi aussi perdu plusieurs de mes amis et camarades de promo dans des accidents d'avions dont certains n'ont jamais pu être expliqués clairement... mais j'ai préféré aucune explication à une interprétation journalistique foireuse...
    encore merci, Gil, pour votre sérieux.

  • Germanwings : Le BEA entre en scène
    Voilà ce qui arrive quand on ne communique pas du tout : les fuites. Pourquoi ne pas avoir fait un rapport factuel global après la première écoute du CVR ? Le BEA ne le fait pas ? le NY Times s'en charge grâce à une source qui, probablement, trouve anormale cette gestion calamiteuse de la communication.

    • Germanwings : Le BEA entre en scène
      Communication, communication...
      N'oublions pas que nous sommes à moins de 48 heures de l'accident.
      Les fuites viennent tout simplement de quelqu'un qui y avait un intérêt...

  • Germanwings : Le BEA entre en scène
    Merci Gil pour cet article intéressant et factuel.
    (comme d'habitude venant de toi, j'ai envie de dire ...)

    ça nous change du cirque honteux de tes "confrères" des grands JT et des chaines d' "information" en continu, et effectivement de celui des politiques.

    Bref, toujours un très grand plaisir de te lire, malgré le sujet dramatique.

    • Germanwings : Le BEA entre en scène
      En réponse au texte de JC je ne peux qu'approuver ses remarques et celles de l'article de Gil concernant l'abus d'informations ou d'excès de répétition des médias télévisés concernant cette catastrophe.
      La communication est aujourd'hui un business que ce soit au niveau des radios, des télévisions ou de l'Internet. Il faut communiquer à tous prix quel que soit le sujet et surtout faire du sensationnel même le plus triste ou le plus sordide.
      En ce qui concerne le défilé des politiques, cette catastrophe a eu lieu sur le sol français, met en cause un avion allemand au départ de l'Espagne avec des malheureux passagers de différentes nationalités.
      Comme je l'ai écrit hier, suite à l'article de Gil et en réponse à une réaction signée "Jean", comment auraient réagi les français si l'accident avait eu lieu dans un pays étranger avec des victimes originaires de notre pays sans que les autorités locales n'interviennent. Je n'ose imaginer les réactions...
      Le ministre de l'Intérieur a été le premier sur les lieux et c'était de son devoir de coordonner les différentes interventions ou d'en être informé.
      Là ou j'ai du mal à comprendre la réaction de JC, (mais peut-être n'est-il pas suffisamment au courant de nos institutions) c'est lorsqu'il stigmatise la ministre de l'écologie Mme S. Royal.
      Vous devriez savoir, avant de parler de récupération des voix et de faire de la basse réaction politique (surtout en des circonstances pareilles) que le ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie a sous sa responsabilité le Secrétariat d'Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche en l'occurrence Mr A. Vidalies. Alors sa présence était tout à fait légitime.
      En ce qui concerne la présence du Président de la République quoi de plus normal que d'accueillir les responsables des Etats touchés par cette catastrophe sur notre sol et sur les lieux proches du site du crash.
      On peut imaginer les réactions de certains si les représentants de notre pays étaient restés bien tranquillement à Paris... Il existe encore des règles de préséances dans les relations officielles en France et dans d'autres pays qui portent le nom de protocole. Dans ce genre de situation il a été de bon ton de les appliquer et dire que cela relève d'une récupération de voix me paraît tout simplement odieux.

    • Germanwings : Le BEA entre en scène
      Tout à fait d'accord. Les médias sont hystériques et ces info répétées à satiété deviennent absurdes et déplacées. Laissons les spécialistes faire leur travail et mettons un peu la "communication" entre parenthèses.

      Quant au défilé politico-médiatique de nos ministres il est tout aussi déplacé. Que le ministre de l'intérieur et des transports se déplacent rapidement sur les lieux de l'accident me paraît normal mais que venait faire la ministre de l'écologie Mme Ségolène Royal.
      Que ne ferait-on pour gagner des voix ?

      Utiliser cet accident à de telles fins n'est pas glorieux.

  • Germanwings : Le BEA entre en scène
    Grandes révélations du BEA ce jour : des données du vol que l'on pouvait obtenir sur Internet (grâce à des sites comme flightradar24.com) moins de 5 minutes après l'accident alors que le CVR....n'enregistre rien de tout cela.
    De qui se moque t-on ?

    • Germanwings : Le BEA entre en scène
      Pour moi le BEA et son directeur ont parfaitement raison de se limiter dans leurs communications aux faits avérés. Ce qui importe et c'est pour moi leur rôle, c'est que les compagnies aériennes et les autres pilotes d'Airbus A320, soient informés si des mesures immédiates conservatoires doivent être prises et non pas d'informer la presse télévisée. Celle-ci fait du voyeurisme un point c'est tout. C'est comme sur autoroute lorsqu'on s'aperçoit que le ralentissement que l'on vient de subir est du en fait à un accident sur l'autre voie. Nous vivons une époque calamiteuse et la multiplication des chaînes de TV y est pour beaucoup dans la dégradation de l'information.

  • Germanwings : Le BEA entre en scène
    M.Roy.
    Je partage votre point de vue sur la frénesie qui s'empart de la sphère médiatique depuis hier. Aucun intêret et beaucoup de pathos deplacé. La tragedie est reèlle et tout ce bazar ne soulagera en rien la peine des familles. Encore une fois, seul le temps fera son travail. Loin des caméras et des micros.
    En revanche je suis moins d'accord avec vous sur la préstation du BEA. Via son directeur pour l'instant. Le monsieur est un communiquant né, mais ça, à la limite ce n'est que de la forme. La forme n'étant que le fond qui remonte à la surface, encore une fois je constate une retenue qui confine à l'excès.
    Les CVR ont parlé oui ou non ? Des voix ont été entendues oui ou non ? En allemand ?
    Un master caution a retenti oui ou non ? L'AP a sauté ? oui ou non ?

    Nous avons M.Roy perdu un ami commun il y a bientôt 3 ans dans une collision aérienne. A ce jour le BEA n'a toujours pas sorti son rapport. 3 ans pour decortiquer la trajectoire d'un planeur et d'un remorqueur. Toujours rien.
    Et que dire de la prestation du dit BEA lors de la 447. Un système au garde à vous devant un constructeur et complètement petrifié à l'idée d'engager la responsabilité de l'un des partis de l'accident.
    Alors permettez moi d'attendre quelques mois avant de juger du travail de ce service.

    Bien cordialement.

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