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2016 : une nouvelle année record en vue pour le transport aérien

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Aerobuzz

L’Association du transport aérien international (IATA) prévoit, pour les compagnies aériennes, une marge bénéficiaire nette moyenne de 5,1 % et des bénéfices nets totaux de 36,3 milliards $. L’IATA a aussi revu à la hausse ses prévisions pour 2015, avec des bénéfices nets de 33 Md$ contre 29,3 Md$ prévus en juin. L’Association pronostique également le retournement du présent cycle et donc un tassement à venir de la rentabilité des compagnies aériennes.


Dans le contexte actuel, entre les conflits armés localisés, le ralentissement de l’activité économique des pays émergeants et la déclaration de guerre de Daesh aux démocraties occidentales, prévoir les fluctuations du transport aérien pour les mois à venir relève d’un exercice périlleux. Et pourtant, il s’agit d’une nécessité à laquelle s’attèle avec régularité et constance l’Association du transport aérien international (IATA) qui représente 260 compagnies aériennes et 86% du trafic aérien mondial. Et malgré les incertitudes, les économistes maintiennent le cap.

Pour 2016, ils annoncent une marge bénéficiaire nette moyenne de 5,1 % générée par des bénéfices nets totaux de 36,3 milliards $. En marge de leurs prévisions, ils ont revu à la hausse les bénéfices nets pour cette année. IATA prévoit désormais que les compagnies aériennes engrangeront 33 Md$, soit une marge bénéficiaire nette de 4,6 %. En juin dernier, ils tablaient sur 29,3 Md$.

Le renforcement des résultats de l’industrie est attribuable à une combinaison de facteurs :

  • La baisse des prix du pétrole (prix prévu de 55 $ par baril de Brent en 2015 et de 51 $ par baril en 2016) stimule les bénéfices des compagnies aériennes ; toutefois, ce facteur est fortement atténué dans plusieurs marchés par l’appréciation du dollar américain souligne IATA.
  • La forte demande dans le secteur passagers (croissance de +6,7 % en 2015 et de +6,9 % en 2016) compense la croissance décevante de la demande dans le secteur du fret aérien (+1,9 % en 2015 ; amélioration à +3,0 % en 2016). Les faibles résultats du fret reflètent la stagnation de la croissance du commerce.
  • Le coût des voyages et des expéditions de marchandises devrait continuer de fléchir, les rendements moyens diminuant de 5 % pour les passagers et de 5,5 % pour le fret en 2016. Le rythme du déclin est moins élevé qu’en 2015, alors que les rendements devraient diminuer de 18,0 % pour le fret et de 11,7 % pour le secteur passagers. Environ 6,0 points de pourcentage, dans ce déclin de 2015, peuvent être associés à l’appréciation du dollar américain et à l’impact de cette appréciation lorsqu’on comptabilise les revenus en monnaies autres que le dollar US.

Les résultats économiques améliorés de certaines économies clés (y compris une reprise plus rapide que prévu dans la zone euro) sont contrebalancés par les répercussions du ralentissement de la croissance en Chine et du repli de l’économie brésilienne. La croissance du PIB mondial devrait s’améliorer et atteindre +2,7 % en 2016 (en hausse par rapport au taux de +2,5 % en 2015). 


Les gains d’efficience réalisés par les compagnies aériennes s’illustrent par les coefficients d’occupation record (80,6 % en 2015, avec légère diminution à 80,4 % en 2016). La capacité augmente et devrait dépasser la croissance de la demande en 2016. Toutefois, les rendements continuent de se détériorer dans le contexte de forte concurrence remarquent les analystes de IATA. 


Plusieurs indicateurs démontrent que l’amélioration de la rentabilité des compagnies aériennes devrait ralentir. Le premier se trouve dans la nature cyclique de l’industrie aérienne. Historiquement, le cycle de rentabilité de l’industrie aérienne est de 8 à 9 années, d’une crête à l’autre (ou d’un creux à l’autre). Le creux du présent cycle a été atteint en 2009. Le deuxième indicateur réside dans l’anticipation de l’impact économique de l’augmentation des taux d’intérêt qui sont actuellement exceptionnellement bas. Et enfin, les compagnies aériennes profiteront bientôt des retombées positives maximales des bas prix du pétrole, puisque la plupart des opérations de couverture à des prix supérieurs au marché devraient se terminer en 2016.

En 2016, les grandes tendances de 2015 se maintiendront.

Les revenus devraient augmenter de 0,9 % pour atteindre 717 Md$ en 2016. Les revenus de l’industrie ont atteint un sommet en 2014, à 758 Md$, pour ensuite fléchir en 2015, avec 710 Md$ en raison du renforcement des revenus en dollars américains par rapport aux revenus en monnaies autres que le dollar. L’augmentation des revenus en 2016 devrait être entièrement attribuable à la contribution du secteur passagers (525 Md$ en 2015, passant à 533 Md$ en 2016). Les revenus du fret devraient fléchir légèrement pour s’établir à 50,8 Md$ (contre 52,2 Md$ en 2015).

La demande de sièges devrait augmenter de +6,9 % (semblable à l’augmentation de +6,7 % prévue pour 2015) et le nombre de passagers devrait s’élever à 3,8 milliards en 2016. La capacité en sièges devrait augmenter légèrement plus que la demande, soit un taux de croissance de +7,1 %, une accélération par rapport au taux de +5,5 % en 2015. La croissance de la demande dans le secteur du fret devrait s’accélérer en 2016 et atteindre +3,0 %, soit plus que la croissance de +1,9 % pour 2015.

Les résultats de l’industrie varient énormément selon les régions.

Les compagnies aériennes nord-américaines vont générer en 2016 plus de la moitié des profits mondiaux

Les transporteurs d’Amérique du Nord dominent l’industrie au chapitre des résultats et ils devraient générer sensiblement plus que la moitié des bénéfices totaux de l’industrie, tant en 2015 (19,4 milliards $) qu’en 2016 (19,2 milliards $). Sur la base des bénéfices par passager, les profits de 21,44 $ en 2016 placent ces transporteurs en tête de l’industrie. Cela est attribuable à la force de l’économie américaine, à l’appréciation du 
dollar US, aux plus faibles prix du pétrole et à la restructuration de l’industrie. La croissance de capacité chez les transporteurs d’Amérique du Nord devrait s’accélérer, passant de 3,7 % en 2015 à 4,8 % en 2016, en raison de la force de l’économie américaine. 


La concurrence intra-européenne réduit les profits des compagnies européennes

Les transporteurs européens devraient enregistrer de meilleurs résultats, avec des bénéfices nets passant de 6,9 milliards $ en 2015 à 8,5 milliards $ en 2016. La région tire avantage de la diminution des prix du carburant (les taux de couverture de 80-90 % de la majorité des grands transporteurs ont repoussé à 2016 une bonne partie des gains associés aux faibles prix du carburant), de la reprise plus rapide que prévu de l’économie européenne et des bons résultats dans le secteur des voyages d’affaires sur les routes de l’Atlantique Nord. Toutefois, la performance est très inégale, la concurrence intense et croissante dans les marchés intraeuropéens réduisant les résultats financiers de ceux qui opèrent dans ces marchés. Pour les résultats par passager, cependant, les bénéfices s’établissent à 8,80 $, ce qui situe les transporteurs d’Europe assez loin derrière ceux d’Amérique du Nord. La croissance de la capacité devrait accélérer, passant de 3,9 % en 2015 à 6,2 % en 2016, la Turquie étant un moteur important de cette croissance. 


L’Asie-Pacifique impactée par la baisse du fret aérien

Les bénéfices dans la région Asie-Pacifique devraient passer de 5,8 milliards $ en 2015 à 6,6 milliards $ en 2016. Dans l’ensemble, les bénéfices par passager en 2016 
devraient s’élever à 5,13 $, soit beaucoup moins que chez les transporteurs des États-Unis et d’Europe. Malgré le ralentissement de l’économie chinoise, le secteur des voyages aériens demeure vigoureux. Les transporteurs de la région profiteront plus amplement de l’impact des bas prix du pétrole en 2016, alors que les couvertures se termineront. Toutefois, la région sera la plus affectée par la faiblesse persistante des revenus du fret. La croissance de la capacité en sièges devrait s’accélérer, le taux passant de 6,0 % en 2015 à 8,4 % en 2016, alors que de nouveaux aéronefs viendront répondre à la croissance dans les grands marchés émergents de l’Inde, de l’Indonésie et de la Chine.

Des résultats contrastés attendus au Moyen-Orient

Les transporteurs du Moyen-Orient devraient récolter des bénéfices totaux de 1,4 milliard $ en 2015, ce qui est inférieur à la prévision précédente de 1,8 milliard $. La région devrait récupérer le terrain perdu avec des bénéfices nets de 1,7 milliard $ en 2016. Toutefois, le Moyen-Orient est divisé entre les grandes compagnies du Golfe, qui exploitent avec succès les supercorrespondances long-courriers, et les compagnies à vocation plus régionale qui sont aux prises avec la baisse des revenus pétroliers et les conflits politiques. Les bénéfices par passager de 7,97 $ prévus pour 2016 sont légèrement inférieurs à ceux prévus chez les transporteurs d’Europe et représentent presque le tiers de ce que les compagnies d’Amérique du Nord réalisent. Dans l’ensemble, la région génère encore une croissance dans les deux chiffres. La capacité devrait augmenter respectivement de 12,1 % et 12,2 % en 2015 et 2016, en raison principalement de la croissance du trafic dans les aéroports-pivots modernes de la région.

La reprise attendue en Amérique latine

Les résultats des transporteurs d’Amérique latine sont faibles, en raison de la crise économique qui s’aggrave au Brésil, du faible prix des produits de base et des fluctuations monétaires nuisibles. La région devrait terminer l’année 2015 avec des pertes de 300 millions $, et connaître une reprise en 2016 avec des bénéfices de 400 millions $. Les récentes élections au Venezuela et en Argentine devraient se traduire par un environnement d’affaires plus propice pour les compagnies aériennes. Ces deux pays sont des marchés clés où les contrôles gouvernementaux ont empêché le rapatriement des profits des compagnies aériennes (environ 3,78 milliards $ au Venezuela). La région devrait tout de même connaître une forte croissance de capacité de 5,6 % en 2015, avec accélération à 7,5 % en 2016, en raison de la force de la demande dans les liaisons avec l’Amérique du Nord.

Le transport aérien africain demeure déficitaire

Les compagnies aériennes d’Afrique devraient être déficitaires en 2015 et 2016, avec des pertes de 300 millions $ et 100 millions $ respectivement. La perte par passager transporté fait en sorte que les résultats de la région pour 2015 sont pires que ceux de l’Amérique latine. L’instabilité politique a des conséquences importantes sur le tourisme en Afrique du Nord. Les transporteurs de continent sont généralement aux prises avec des économies faibles et une dure concurrence sur les marchés internationaux. La croissance aussi est faible, alors qu’on s’attend à une augmentation de capacité de 0,4 % en 2015 et de 1,6 % en 2016.

|2015|2016|Source : IATA 2015

Les compagnies aériennes d’Afrique devraient afficher des pertes de 100 M$ en 2016. © ATR
En 2016, les bénéfices par passager des compagnies d'Asie-Pacifique devraient s’élever à 5,13 $. © ATR
La capacité offerte par les compagnies du Moyen-Orient devrait encore augmenter de 12,2 % en 2016. © Airbus
Les compagnies aériennes européennes devraient enregistrer des bénéfices nets de 8,5 milliards $ en 2016. © Airbus
Sur la base des bénéfices par passager, les profits de 21,44 $ en 2016 placent les transporteurs nord-américain en tête de l’industrie. © Airbus
L'Amérique latine devrait connaître une croissance de capacité de 7,5 % en 2016. © Airbus
En 2016, les revenus du fret devraient fléchir légèrement pour s’établir à 50,8 milliards $ (contre 52,2 milliards $ en 2015).
Les principaux facteurs de performance en 2016 seront les revenus, la demande et les rendements.
Les bonnes prévisions de résultats des compagnies aériennes pour 2015 et 2016 dans la continuité de 2014 ne doivent pas faire oublier la nature cyclique de l’industrie aérienne.
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View Comments

  • 2016 : une nouvelle année record en vue pour le transport aérien
    Quand on lit cet article on reste interrogatif sur le fait que les vielles dames que sont les compagnies aériennes historiques et notamment Air France, sont en train de mourir à petit feu malgré les efforts des personnels des compagnies : le management est il en cause ?

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