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Categories: Transport Aérien

Le plaisir à l’état pur

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Martin R.

Les premiers clients américains commencent à découvrir la nouvelle version du biréacteur léger de six places de Cessna. Le modèle d’entrée de gamme a encore gagné en performance et en confort pour le plus grand plaisir des heureux propriétaires, qui sont aussi, dans beaucoup de cas, pilotes. Le successeur du CJ2 ne manque pas de plus.


Cessna a le vent en poupe. Le numéro un mondial des avions d’affaires est parvenu à effacer les conséquences économiques des attentats du 11 septembre et à reconstituer son carnet de commandes, plus vite, même qu’il ne l’escomptait lui-même. Le montant total des commandes enregistrées se situe désormais au niveau de 6 milliards de dollars et 290 appareils devraient être livrés cette année contre 245 en 2005.

Cette bonne santé n’est pas le fruit du hasard. Elle n’est pas non plus le simple fait d’un retournement de conjoncture. Elle est avant tout la conséquence directe d’une stratégie d’innovation qui n’a jamais dévié, même au plus fort de la crise. Cessna n’a en effet pas relâché ses efforts pour segmenter son offre pour coller aux attentes d’un marché en perpétuelle évolution ; une constante depuis l’entrée en service du premier biréacteur Citation, en 1972. En permanence, de nouveaux modèles viennent rafraîchir ou enrichir une gamme qui est aujourd’hui, avec 9 modèles différents, la plus large qu’offre un avionneur sur le créneau de l’aviation d’affaires. Ce catalogue lui a permis de s’adjuger 60% de parts de marché, sur le segment des avions légers jusqu’à taille moyenne, laissant loin derrière lui, Raytheon et Bombardier.

Cette politique d’innovation permanente s’est aussi traduite depuis 1995, par le lancement de pas moins de 9 nouveaux programmes, c’est-à-dire quasiment une nouveauté par an. Ce qui fait de Cessna, le plus prolifique des avionneurs. Sans remonter trop loin dans le temps, il suffit de rappeler qu’en 2002, il a lancé les Mustang et CJ3, en 2003, le XLS, en 2004, les CJ1+ et CJ2+ et en 2005 l’Encore+.

En attendant la mise en service, dans les mois à venir, du très prometteur Citation Mustang, le CJ2+ est, avec le CJ1+, le modèle d’entrée de gamme. Il appartient à la catégorie des biréacteurs légers et constitue la dernière évolution en date du CJ2, dont le premier vol remonte à avril 1999. Il constitue, à l’évidence, un saut technologique.

Ce nouvel avion est en effet un prodige qui du point de vue des performances n’a rien à envier à son grand frère, le CJ3 dont il a hérité la motorisation et l’avionique. Il est le digne membre de la prestigieuse famille des Cessna 525, connue aussi sous l’appellation CitationJet. Sur plus de 500 Citation en service en Europe, plus d’un tiers sont des 525. En quatre ans, Cessna a livré aux environs de 250 CJ2. Autant de chiffres qui attestent d’une brillante réussite commerciale qui ne doit qu’aux qualités intrinsèques de cette lignée.

Le CJ2+ a été dévoilé à la convention 2004 de la National Business Aviation Association, un rendez-vous annuel qui est chaque fois l’occasion pour Cessna de créer l’événement en présentant des nouveautés. C’est devenu une véritable tradition.

Cette évolution 2004 du CJ2 intègre les innovations introduites dans la gamme Citation avec le CJ3 notamment. Il s’agit en particulier de la nouvelle avionique Rockwell Collins Pro Line 21 qui résume l’ensemble du tableau de bord en trois écrans de 8 x 10 pouces. Il est équipé d’un nouveau moteur Williams-Rolls FJ44-3A-24 (poussée unitaire de 2.400 lb) qui offre de meilleures performances par temps chaud et en altitude. Grâce au Fadec associé aux moteurs, le rendement est optimisé. Le CJ2+ a effectué son premier vol en avril 2005 et il a été certifié le 3 octobre suivant. Cet avion de six places passagers est proposé à $ 5,690 millions hors option.

Cessna le présente comme l’avion idéal pour tous ceux qui recherchent les avantages de la rapidité et de la fiabilité du CJ1+ (modèle d’entrée de gamme) avec en plus une taille supérieure et une vitesse plus élevée. Il croise en effet à 421 kts (764 km/h) et rejoint son niveau de vol de 45.000 directement. A vitesse de croisière maximale, il offre une distance de franchissement de 1.580 NM (2.962 km).

C’est ainsi, par exemple, qu’au départ de l’aéroport londonien de Luton, avec 6 personnes à bord, le CJ2+ peut rejoindre sans escale Reykjavik, Casablanca, Tripoli, Athènes, Kiev ou encore Saint-Pétersbourg. Avec 4 personnes à bord, Moscou devient accessible avec une impressionnante marge.

Le profile laminaire de l’aile et les grands volets dont elle est dotée offrent au Citation CJ2+ des performances au décollage remarquable qui lui ouvre l’accès à un grand nombre d’aéroports. Une distance de décollage de 1000 mètre lui suffit pour emmener 4 passagers (+1 pilote) sur un trajet de 1075 NM. Avec une piste de 1155 m (3500 pieds), la distance de franchissement passe à 1590 NM. C’est évidemment un atout opérationnel important puisqu’en permettant d’utiliser les aérodromes situés le plus près possible de la destination finale, il optimise sensiblement les temps de voyage, en réduisant de manière significative les trajets terrestres. Grâce à ses performances, le CJ2+ est certifié à London City Airport, aéroport du centre de Londres réputé pour sa piste courte dont les caractéristiques limitent l’accès à la plupart des appareils.

Le CJ2+ présente également des taux de montée spectaculaires. Il peut rejoindre son niveau de croisière de 45.000 pieds en 28 minutes seulement, après avoir décollé d’un aérodrome à masse maximale. Il passe les 31.000 pieds en 11 minutes et les 41.000 pieds en 20 minutes. Une vraie flèche en face de laquelle, les avions de ligne qui ne peuvent évidemment pas ambitionner de tels cieux, paraissent bien poussifs.

Ce petit biréacteur troue les niveaux de vol, les uns après les autres, à grande vitesse. C’est évidemment un plus puisqu’il permet de rejoindre rapidement des altitudes plus confortables pour les passagers et plus économique. A de telles niveaux de croisière, il peut plus aisément suivre des routes directes autorisées par le contrôle et réduire d’autant le temps de vol.

Au passage, on notera que la célérité avec laquelle il dépasse les basses couches le rend insensible au givrage. Un atout sécuritaire supplémentaire.
Le CJ2+ présente aussi des performances intéressantes à l’atterrissage puisque avec cinq personnes à bord, c’est-à-dire un pilote et quatre passagers, 870 m (2.640 ft) lui suffisent. Il approche à 101 kts. Il peut ainsi utiliser des pistes courtes et donc élargir l’éventail des terrains accessibles.
Autant de paramètres qui permettent au CJ2+ de creuser définitivement le fossé entre lui et les turbopropulseurs avec lesquels il est en concurrence.

La cabine du nouveau CJ2+ est le fruit d’un travail mené auprès des clients et des prospects dans le but de répondre le mieux possible aux attentes des utilisateurs. Par rapport à son prédécesseur, le CJ2+ offre une hauteur cabine supérieure, plus de place pour les jambes, un meilleur confort des sièges, un coin cuisine plus grand, une meilleure intimité des toilettes et d’une manière plus globale un intérieur plus moderne. Le CJ2 était réputé pour son confort sonore. Avec le CJ2+, Cessna a franchi encore un stade à ce niveau aussi.

La section de la cabine de 58 pouces est continue, du cockpit jusqu’au compartiment bagage pressurisé. La hauteur est de 57 pouces. La longueur totale est de 13 pieds et 7 pouces. L’aménagement standard comprend un rideau de séparation entre l’avant et l’arrière de la cabine, un cabinet de toilette fermé à l’arrière équipé de ceinture de sécurité, une mini-cuisine et deux tables amovibles. L’altitude cabine est de 8.000 pieds pour une altitude de vol de 45.000 pieds. La pression au niveau de la mer peut être maintenue jusqu’à une altitude de 23.586 pieds.

Six passagers peuvent prendre place à bord du CJ2+, quatre dans la partie avant aménagée en club où quatre fauteuils se font face deux par deux, et deux dans la partie arrière. Douze hublots latéraux illuminent l’intérieur. La cabine, équipée de prises de courant de 110 / 220 V, a reçu un nouvel éclairage à diodes électroluminescente, plus confortable et plus économique. Bien que proposé en option, le système de téléphonie satellitaire de type Iridium est très répandu.

Cet appareil étant certifié monopilote, en cas de besoin, la deuxième place pilote peut accueillir un passager supplémentaire. Il se trouvera toutefois, toujours un pilote, pour s’assoire en place droite, aux côtés du commandant de bord, juste pour le plaisir de pouvoir piloter ce petit jet véloce.
Le Citation CJ2+ offre deux compartiments bagage séparés, d’une capacité totale de 65 pieds cube et de 1000 livres. Dans le cône de queue, le compartiment à une capacité de 50 pieds cube et 600 livres. Il est accessible par l’extérieur. Cessna fait remarquer, dans sa brochure commerciale, qu’il est ainsi possible d’y loger des skis jusqu’à 210 cm le long sur le côté droit. Encore faut-il trouver des skieurs qui utilisent encore de tels engins. A titre anecdotique, on notera que le constructeur livre son avion avec une gaffe pour permettre d’aller chercher les bagages au fond de la soute arrière. Dans le nez de l’appareil, le compartiment à 15 pieds cube et 400 livres de capacité. Il est accessible des deux côtés de l’avion. Avec le CJ2+, les passagers ne choisissent plus entre la planche de surf et le sac de golfe, ils peuvent tout emporter.

Cessna garantit par écris que le CJ2+ est un jet économique. Ses coùts d’exploitation sont inférieurs à ceux de la plupart des biturbopropulseurs du marché. Le constructeur les évaluent à 1,83 $ par mile pour un vol de 500 NM. Il met également en avant la densité de son réseau de maintenance qui repose, notamment en Europe, sur une dizaine de centres (dont un d’usine au Bourget) et plusieurs stations services.

En résumé, le CJ2+ dont les premiers exemplaires seront livrés à partir de la fin du premier trimestre 2006 est une évolution du célèbre CitationJet, un best seller, un standard en matière de performance, d’efficacité et de valeur sur le segment des jets d’entrée de gamme. Il offre plus d’espace, une vitesse supérieure, une capacité d’emport accrue et un plus long rayon d’action comparé au CJ1+. Il fait appel aux plus récentes technologies, tout en reprenant les fondamentaux de la gamme Citation qui sont la fiabilité, la simplicité des systèmes, l’opérationalité, l’accès aux terrains courts, l’économie, et le confort. Il est construit en aluminium. Les composites sont utilisés là où ils apportent un plus comme pour le radôme, le raccord aile/fuselage, etc.

Compte tenu de tous ces atouts, il n’est donc pas étonnant de constater qu’il existe une forte corrélation entre le fait que le dirigeant d’entreprise soit souvent un pilote et la décision de cette même entreprise de choisir un CJ2+ et d’une manière plus générale un Cessna 525. Grâce au Fadec qui gère les moteurs et à la nouvelle avionique Collins, le plaisir de pilotage est intégral. Toutefois, le CJ2+ étant évidemment certifié pour le transport public de passagers, on le retrouvera dans de nombreuses flottes commerciales.
Une dernière précision à l’attention de ceux qui succomberaient maintenant aux charmes de ce petit biréacteur : en passant commande dès à présent, il ne faut pas espérer une livraison avant fin 2007. C’est aussi cela la rançon du succès.

Gil Roy. Altitudes N°10 / Janvier 2006

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Martin R.

Martin R. est le développeur et webmaster d’Aerobuzz depuis sa création en 2009. Développeur de formation, il a fait ses classes chez France Telecom. Il lui arrive d’oublier ses codes le temps de rédiger un article sur un nouveau produit multimedia ou sur un jeu.

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