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Les contrôles de sûreté aéroportuaires toujours problématiques

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Pierre Sparaco

Les mesures préventives contre le terrorisme sont indispensables. Mais il faudrait les réinventer, notamment au niveau des aéroports, où le principe de précaution appliqué sans discernement pose problème.


Tout passager normalement constitué a vite fait de perdre patience dès l’instant où il doit prendre son mal en patience dans une file d’attente, en attendant de se soumettre aux « spécialistes » de la sûreté aéroportuaire. Lesquels, où que ce soit, sont systématiquement trop peu nombreux aux heures de grande affluence, ou encore exagérément tatillons. Ils ne font pas toujours la différence entre un départ pour Tel Aviv assuré en Boeing 747et un vol intérieur de Hop! en ATR 42. Ils prennent un malin plaisir à demander aux voyageurs de retirer leurs chaussures, leur ceinture sans vérifier si la sonnerie du portique va retentir. C’est, dit-on, l’application du principe de précaution, sans un minimum de discernement là où guette la retenue, pire, le bouchon, par exemple quand des hordes de voyageurs, tous dotés d’un ordinateur portable, se précipitent vers les portes d’embarquement des navettes d’Air France, à Orly.

Ce désordre agaçant fait revenir en mémoire le terme franglais « facilitation », aujourd’hui oublié, qui eut jadis son heure de gloire au sein de l’IATA, de ses compagnies membres et des autorités aéroportuaires. Chacun s’accordait alors à dire que le voyage aérien était devenu trop compliqué, de bout en bout : accès difficile aux aérogares, parcours du combattant pour enregistrer les bagages, franchissement du contrôle des passeports assuré par une police systématiquement en sous-effectif. Or c’était avant le terrorisme, avant le choc des attentats du 11 septembre 2001, avant les kamikazes, avant Al Qaïda. Tout au plus des fous furieux détournaient-ils des avions vers Cuba. Ensuite, après le « 9/11 », le transport aérien tout entier a été pris dans l’ornière.

Comme s’il s’agissait de compliquer et d’aggraver la situation à coup sûr, en France, l’application de la sûreté aéroportuaire a été privatisée. Une mauvaise idée, à coup sûr, et sans doute pas un gage de qualité dans un domaine désormais hautement concurrentiel. Mais chacun se contente de subir.

Alice-Anne Médard, conseiller transport aérien d’Alain Cuvillier, ministre des Transports souhaite « faire de la sûreté une valeur aéronautique au même titre que la sécurité ». Elle l’a dit haut et clair, cette semaine, dans le cadre d’un colloque organisé par l’Ifurta, Institut de formation universitaire et de recherche du transport aérien rattaché à la faculté de droit et de science politique de l’Université d’Aix-Marseille. Deux pleines journées de débats qui ont éloquemment confirmé, si besoin est, qu’il faudrait tout reprendre à zéro.

Ainsi, Bruno Lassagne, directeur de l’Aviation civile monégasque, ancien de la DGAC française, n’a pas hésité à critiquer ce qu’il a appelé la théorie du mille feuilles, un durcissement des mesures sans remise en cause de l’ensemble du système. Mais, a-t-il admis, l’OACI a commencé à évoluer, remettant en cause les contrôles à 100 %, évoluant vers le ciblage et davantage de discernement dans la manière de faire, les contrôles aléatoires, notamment, pouvant être tout aussi efficaces.

Allant encore plus loin, Michel Wachenheim, jusqu’il y a peu représentant de la France auprès de l’OACI, a noté que l’organisation internationale recommande une évaluation précise du risque, au niveau mondial. « La situation est loin d’être satisfaisante », a-t-il reconnu, évoquant des défauts de mise en œuvre, des carences, jusqu’à 50 % des règles qui ne sont pas appliquées. Les Etats devraient se coordonner, procéder à des échanges de données sur les passagers, établir des passeports à puce systématiquement lisibles automatiquement. Et, pour qui se risquerait à mettre en doute le bien-fondé de cette requête, un simple rappel : d’ici à 2030, le nombre de passagers aura doublé, sera de 6 milliards.

Reste le fait qu’il ne faudrait en aucun cas baisser la garde. Le général Damien Striebig, commandant de la gendarmerie des transports aériens, a rappelé, pour qui pouvait en douter, que « la France est un pays menacé ». D’où la nécessité de trouver des parades techniques et des réponses judiciaires, entre autres pour mieux prendre en compte la cyber-menace, la radicalisation des esprits, les drones, et autres manpads. En clair, le moment est venu d’agir.

Pierre Sparaco

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Pierre Sparaco

View Comments

  • Les contrôles de sûreté aéroportuaires toujours problématiques
    Merci pour cet article, très instructif.
    Je n'avais pas pris l'avion depuis quelques temps et j'ai pu constater que les mesures de sécurité avaient encore changé. J'ai vraiment été choquée par ce que j'ai constaté au point que je pense (si je peux faire autrement) ne plus reprendre l'avion.
    Au départ, ayant respecté le sac transparent, la règle des "pas plus de 100 ml d'un même produit", je me suis vue refoulée à cause de mon démaquillant, un flacon de 125 ml à moitié plein. Achat au relais H d'un kit flacons 100ml, pour transposer ledit liquide.
    Consternée par la stupidité du procédé (la moitié de 125 ml, ça n'a jamais fait plus de 100 ml), je me suis entendue dire que "ce qui comptait c'était ce qui était marqué sur le flacon"...
    Au retour de ce Paris-Mulhouse-Bâle, j'ai vu des files de gens, sans ceinture, sans chaussures, des grands mères obligées d'enlever leurs chaussures et de déambuler pieds nus (nous sommes en juin), des palpations sur des mères de famille dont on n'imagine pas qu'elles vont agresser quiconque.
    Une fois dans l'avion au retour, interdiction de garder
    mon sac à main au décollage et à l'atterrissage, mon voisin harcelé jusqu'à ce qu'il mette sa veste dans le casier (nous avons la malchance de nous trouver au premier rang).
    Moi qui ai toujours été en faveur des mesures de sécurité, je ressors de cette expérience écoeurée par tant de bêtise avec la sensation d'avoir été traitée comme du bétail, criminel de surcroît. Je ne vois pas comment les compagnies aériennes pourraient rattraper ces désagréments et nous faire sentir des clients privilégiés.

  • Les contrôles de sûreté aéroportuaires toujours problématiques
    Et si on rajoute à cela le fait que certains aéroports sont loins d'être organisés pour accélérer le passage de la "sécurité" et que certains agents semblent oublier que les passagers sont des clients qui ont des avions à prendre et qui peuvent être en correspondance courte, et donc PRESSES, il y a vraiment de quoi être énervé contre les contrôles de sécurité.
    Pourquoi dans certains aéroports on peut commencer à préparer le passage de la sécurité pendant qu'on fait la queue: casiers disponibles et que l'on peut poser sur un tapis "roulant" pour faire avancer pendant qu'on déballe toutes ses affaires et qu'on se déshabille à moitié -surtout l'hiver- alors que dans d'autres c'est la cata avec des casiers disponibles seulement à l'entrée du scanner, donc une seule personne à la fois peut se préparer...

    Quant aux liquides, on devait voir la fin de la limitation des quantités déjà ce printemps, mais ça a été retardé. En théorie il devrait y avoir une légère relaxe vis à vis des liquides de plus de 100ml achetés en duty-free d'ici fin janvier 2014, mais est-ce que cela va vraiment avoir lieu? Rendez-vous fin janvier!?!

    Et comme dit précédemment, les terroristes ont toujours une longueur d'avance, donc ce ne sont pas les contrôles actuels qui vont les empêcher d'agir surtout s'ils ont des bons contacts bien placés. Par contre ces contrôles, ça rend le voyage en avion de ligne beaucoup plus contraignant et pénible voire désagréable selon sur qui on tombe!

  • Les contrôles de sûreté aéroportuaires toujours problématiques
    La surete dans les aeroports est un mythe, on fait payer aux voyageurs un prix exhorbitant pour un service presque innutile. Cela ne sert qu' a rassurer la population, et permet aux politiciens de prouver qu'ils agissent...Creuser et reboucher est toujours travailler...
    Un terroriste s'il le veut vraiment pourra toujours nuire, en detournant un avion ou je ne sait quoi .
    On ne compte plus le nombre de journalistes qui ont pu voyager en avion avec une arme.
    Ou encore cette video ou qulqu'un construit une bombe avec des objets achetes en duty free:
    http://www.gizmodo.fr/2013/11/18/bombe-aeroport.html

    Tout ca coute cher, pour une efficacite quasi nulle. Sachant que pour certains vols les taxes aeroportuaires representent plus de la moitie du cout du billet, il ne faut pas s'etonner qu' Air France aille mal!

    • Les contrôles de sûreté aéroportuaires toujours problématiques
      Oui, vous avez raison, ce n'est qu'un pretexte pour faire casquer le voyageur lambda.
      A titre d'exemple vecu, un billet prime avec American Airlines entre LAX et CDG via DFW, 5 dollars de taxes, au retour sue le meme itineraire, 175 dollars soit 35 fois plus.
      Vous etes gates en France, mais bon la qailite se paie, a ce prix la meme pas moustique ne peut embarquer illegalement.

  • Les contrôles de sûreté aéroportuaires toujours problématiques
    Superbe papier Monsieur Sparaco!!

    N'oublions pas qu'un bon terroriste est toujours en règle et qu'il a bien souvent des complices bien placés!!

    Mais réinventer la roue en permanence ne fait-il pas partie du fonctionnement humain et de la justification des emplois qui sont dans la place...?

    Il ne faut pas s'étonner que beaucoup de voyageurs délaissent cette aviation pour les vols domestiques, moyen de transport rapide pour gens pas pressés...!

  • Les contrôles de sûreté aéroportuaires toujours problématiques
    Merci Pierre Sparaco, vous avez mis l'accent sur un problème qui agace effectivement les usagers de l'aviation, en France comme partout où la sécurité a été confiée à des sociétés privées pour qui le but principal est de dépenser le moins d'argent possible pour ne pas rogner sur les marges bénéficiaires. Le résultat: un personnel trop peu nombreux, insuffisament formé, souvent incompétent, qui applique "à la lettre" des instructions dont le but n'est pas compris, et qui est incapable de faire la différence entre un terroriste potentiel et une personne âgée, handicapée, ou voyageant avec des enfants. Ce personnel étant sous pression à cause du manque d'effectifs, le manifeste souvent par des maladresses voire carrément de l'impolitesse vis à vis de ... CLIENTS. Pour des distances courtes, je calcule systématiquement la durée de trajet de porte à porte et je mets en concurrence avion, TGV ou train, et voiture. Si tout le monde faisait pareil une action deviendrait indispensable au niveau des ministères du transport et de l'intérieur.

  • Les contrôles de sûreté aéroportuaires toujours problématiques
    A Alger, 7 contrôles de papiers et 3 contrôles de bagages!
    Ou comment démontrer l'inefficacité d'un contrôle!

  • Les contrôles de sûreté aéroportuaires toujours problématiques
    Non le terroriste n'est pas monsieur tout le monde.

    Il n'est ni handicapé, ni du troisième âge et ne voyage pas accompagné de ses enfants.

  • Les contrôles de sûreté aéroportuaires toujours problématiques
    Je me rendais seul à mon avion (d'aéroclub) eh bien j'ai été fouillé et questionné, au cas où tout seul je me rai sauter !
    Kafka est-tu là ?

  • Les contrôles de sûreté aéroportuaires toujours problématiques
    Je crois que la palme des controles les plus tatillons revient a l'aeroport de Bogota.
    Apres un interminable parcours administratif pour obtenir sa carte d'embarquement et le controle standard, vous avez droit a 2 autres controles dont un inopine realise dans la salle d'embarquement ou j'ai eu beaucoup de mal a expliquer au maitre chien que les comprimes que je transportais etaient de simple comprimes d'aspirine, heureusement le toutou n'a pas remue la queue sinon je ne serais pas en train d'ecrire ce post !
    Ah oui j'allais oublie, un dernier controle dans la passerell d'acces.
    C'etait un vol entre BOG et MIA, ceci explique peut etre cela ...

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