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Transport Aérien

Tensions sociales et nouvelles grèves chez Ryanair

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Fabrice Morlon

Deuxième été consécutif de tensions chez Ryanair. Le groupe, qui en un an a développé deux compagnies, Malta Air et Rayanair Sun et en a acheté une, Laudamotion, ne parvient pas à entretenir le dialogue social dans ses rangs. Plusieurs syndicats appellent à la grève à partir du 21 août 2019, sur fond de revalorisation des salaires et de fermetures de bases.Le syndicat portugais SNPVAC, qui regroupe des membres d’équipage cabine et du personnel au sol, annonce une grève sur les vols Ryanair à compter du 21 août et jusqu’au 25. Le syndicat accuse notamment Ryanair de n’avoir pas respecté un accord datant de fin 2018 portant sur les congés payés, les 22 jours de congés annuel et la mise en conformité avec la loi portugaise sur la parentalité.

Cet appel à la grève coïncide avec l’arrêt du travail décidé par le syndicat irlandais Forsa et le britanique BALPA les 22 et 23 août 2019. Ce dernier annonce un nouveau mouvement de grève les 2 et 3 septembre 2019.

Dans un communiqué de presse, Ryanair se dit déçu par le syndicat britannique BALPA d’annoncer un mouvement de grève alors qu’il n’aurait le soutien que de 30% des pilotes britanniques et de seulement 50% des pilotes de Ryanair en Grande-Bretagne. Ryanair poursuit en précisant que « l’an passé, les pilotes britanniques de Ryanair ont accepté une augmentation de salaire de 20%, portant le salaire d’un commandant de bord à 180.000 livres sterling par an (197.300 euro), ce qui est plus que chez nos  concurrents Norwegian ou Jet2. »

Grèves chez les pilotes

De son côté, les représentants de la BALPA (British Airline Pilots’ Association) se disent attristés de constater que Ryanair n’a fait aucun progrès en management de son personnel et scandalisés que la compagnie ose essayer de faire interdire par la Haute Cour de justice la grève prévue les 22 et 23 août. Les revendications de la BALPA ont été transmises en mars 2019 à Ryanair, qui n’a pas donné de réponse. La BALPA demandait notamment des garanties sur l’assurance perte de licence, sur les retraites, sur les avantages maternité et sur une rémunération équitable, transparente et revue à la hausse.

Même son de cloche chez les pilotes en Irlande, où le syndicat Forsa appelle les pilotes employés par Ryanair à une grève du 22 au 23 août. En mars 2019, également, les représentants de Forsa ont fait part de leur revendications à Ryanair qui n’auraient reçu aucune réponse : une rémunération plus en phase avec les pratiques de l’aviation commerciale, des garanties sur les retraites et sur les conditions de travail. Ryanair, dans un communiqué de presse, regrette que Forsa ait quitté la table des négociations et déplore une demande « irréaliste » pour une augmentation de « 101% du salaire des pilotes, sur la base d’une rémunération annuelle s’élevant à 172.000 euro. »

Ryanair n’hésite pas à jouer de son couplet moralisateur auprès des pilotes irlandais : « Les pilotes de Ryanair insistent sur cette demande de hausse des salaires, un jour seulement après que Norwegian a annoncé la fin de ses opérations à Dublin avec la perte de 120 emplois, bien que Ryanair ait un surplus de plus de 500 pilotes dû au délais de livraison de plus de 30 Boeing 737 MAX à l’hiver prochain et seulement 10 semaines avant un potentiel « no-deal » du Brexit qui pourrait perturber les déplacements et le travail dans les compagnies en Irlande et en Grande-Bretagne. »

Fermeture de bases en Espagne

Les syndicats espagnols de personnels de cabine USO et SITCPLA ont annoncé la possible fermeture début 2020 de trois bases de Ryanair en Espagne situées à Ténériffe, Gérone et Gran Canaria. 350 emplois seraient menacés, dont 200 pilotes. Après une première réunion avec des représentants de Ryanair (qui n’a pas encore communiqué sur le sujet), les syndicats ont décidé de maintenir la grève annoncée le 1er septembre 2019 et sur plusieurs journées au fil du mois.

De son côté, l’European Cockpit Association (ECA), regrette que le management de Ryanair se limite encore à la confrontation. « Malgré les effets d’annonce de la compagnie l’an passé sur des accords collectifs, seules trois unions de pilotes en Europe (Italie, Belgique et Portugal) on signé de réels accords, laissant toujours des centaines d’employés chez Ryanair sans réelle protection. » Jon Horne, président de l’ECA précise également que « les nouvelles menaces de Ryanair ne sont pas surprenantes. Il faut se remémorer la fermeture de la base d’Eindhoven comme représailles à la grève. Ceci semble être la seule manière que l’équipe actuelle connaisse pour régler les problèmes. »

F.M.

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Fabrice Morlon

Pilote professionnel, Fabrice Morlon a rejoint la rédaction d’Aerobuzz, début 2013. Passionné d'aviation sous toutes ses formes, il a collaboré à plusieurs médias aéronautiques et publié une dizaine d'ouvrages, notamment sur l'aviation militaire.

View Comments

  • Erwan : "Il est vrai que le personnel d’Air France, correctement payé il me semble, ne fait jamais grève."

    Une grève : le PDG de Juniac voulait transférer Transavia vers des pays dits "moins disant sociaux".
    Grève et Transavia est restée en France, se développe avec un nouveau Président sachant apaiser le dialogue social, et gagne de l'argent.
    L'emploi est le grand gagnant.

  • Combien de compagnies aériennes sont deeply impacted par l'arrêt des vols de 737 max? Combien ont dû mettre la clé sous la porte ?

    La presse ne fait pas son métier de nous informer correctement.

  • On accepte facilement une amélioration des conditions / de vie / de travail.
    L'inverse est souvent crispé (pour ne pas dire davantage).
    J'ose la parallèle avec l'abandon des énergies fossiles, qui ne va pas aller sans grincements...
    En attendant, la demande passagers est forte pour le low cost, je ne pari pas mes deniers sur le revalorisation du métier de PNT.
    Difficile de s'opposer - de résister - au sens de l'Histoire. C'est la vie.
    Tant de métiers ont subit, ou vont subir, de telles évolutions.

    • Qui coût la chemise que vous avez achetée "low cost" (ou non, d'ailleurs !) ?
      Avec cet esprit, il y a eu plusieurs milliers de travailleuses dans l'effondrement du Rana Plazza au Bangladesh !!!
      Si l'on accepte, au nom du moins cher et du sens de l’Histoire, il ne faudra pas s'étonner de se retrouver à la rue demain (évolution exige, non ? ...)

      • Il est également permis de penser que nous construisons "ensemble" le monde de demain, par nos achats, nos engagements (votes y compris), nos actions au quotidien, notre culture en comparant les avis et informations, en parlant de notre monde sur Aérobuzz...
        Et si vous aviez un.e fils/fille qui travaillait dans le secteur de la robotique ou de l'écologie par exemple, qu'en diriez vous ?
        Commencez de suite : choisissez de réduire vos achats de chemises et privilégiez le Made In France.
        Pareil pour le choix de votre compagnie : AF ou Transavia...

    • Au nom de quoi doit on trouver acceptable cette baisse de qualité de vie?
      La jalousie ou la peur sont bien souvent les seuls arguments qui poussent quelqu'un extérieur à un métier à en espérer la baisse de revenu. A titre personnel, je n'ai que faire de savoir que les cheminots aient encore la prime au charbon. Que ce nom soit inadapté, c'est un fait, que leurs revenus soient rabaisser - je n'ai aucun argument pour le soutenir. Donc je m'abstiens de dire que c'est inévitable, qu'ils n'ont cas se laisser manger en la fermant docilement pour laisser les multitudes de plans de restructurations se suivre et ratisser tout vers le bas jusqu'à "l’inévitable délocalisation".

      • Je fais parti du même monde que vous et j'ai la possibilité de disserter sur les faits / évolution de la société.
        Il se trouve que je suis indépendant, pleinement responsable de mes choix.
        Je n'ai rien à régler avec le monde qui m'entoure, il ne s'agit donc ni de jalousie ni d'agressivité sous-jacente.
        Observez autour de vous, pour percevoir la tendance sociétale à l'égard des services, transports aériens y compris.
        Si les low costs avaient fait un flop, ça se saurait.
        Ces transporteurs représentent aujourd'hui l'essentiel de la progression du marché de l'aérien, partout.
        Or les manifestants dont on parle, les pilotes de ces compagnies, ont eux certainement envie d'obtenir le statut et les avantages des "anciens".
        Alors permettez ce parallèle, à un autre niveau évidement : les taxis parisiens qui ont certainement ressentis la même amertume lorsque Uber est arrivé.
        Aujourd'hui ces taxis "historiques" reprennent les procédés Uber pour revenir dans le jeu, cad une plateforme de résa en ligne. (Ils on raison, car la valeur reste en France).
        Dans l'intervalle, le nombre de courses s'est envolé, on délaisse sa voiture perso...
        Désormais les taxis sourient aux clients et évitent les détours inutiles.
        Alors je suis satisfait que le niveau de service et le prix de la course revienne à des valeur plus acceptables... Et je reprends le taxi !
        Voilà ce que je décris comme "le sens de l'histoire".
        PS : c'est mieux si on remet à demain pour parler d'écologie...

      • Les artisans, les indépendants de tous poils vivent l'évolution du marché (les produits, services versus prix consentis) tous les jours.
        On comprends que cela surprenne lorsque la société évolue dans un sens défavorable à son métier. (Cf. S'adapter ou disparaître)
        J'essaie d'être objectif dans mes commentaires, sans malveillance.
        Demandons-nous ce qui guide nos achats ?
        Juste se rappeler que nous sommes tour à tour consommateurs ou partie prenante d'une offre dans la même journée.
        Vais-je dépenser davantage juste parce que je vais préserver les métiers en amont de ma dépense ?
        Nous voyons l'énergie que dépensent les agriculteurs pour faire valoir leurs productions... dont nous dépendons pour nous alimenter.
        Soyons donc objectif sur les raisons qui dopent le trafic et qui conduisent le low cost à repeindre le ciel européen d'orange et de bleu...
        Cela ne m'empêche pas d'être (super) fan de F-PKPL...

  • Problèmes de grève des PNC (MECs) chez Transavia aussi... avec des vols annulés (je viens de la vivre au départ de Faro... ) Autres raisons, mêmes conséquences... ce sont malheureusement les pax qui en subissent le désagrément , même si la compagnies fait ce qu’il faut pour l’atténuer (logement d’attente top, tous frais payés etc...)...

    • Il y a des limites à l'hypocrisie. Très sincèrement si cela ne vous pose aucun problème de voyager pour une dépense modique, au bout de la chaine d'autres rament : si à ces prix fort modiques le consommateur/pax n'assume pas le risque de grèves, il conviendra logiquement pour lui de payer davantage à bord d'autres compagnies.
      Que ce soit Ryannair et consorts tout comme Uber dans un autre domaine mon choix est clair : NON !
      L

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