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Transport Aérien

« Oui » ou « Non » à la privatisation d’Aéroports de Paris

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Gil Roy

Le processus de privatisation d’Aéroports de Paris est suspendu. L’avenir du groupe aéroportuaire qui pourrait se jouer sur un référendum devient de fait, un enjeu plus politique qu’économique ou financier.

On doit se réjouir qu’une question aussi importante que celle de l’avenir des aéroports sur lesquels se concentrent les trois quarts du trafic aérien français puisse être tranchée directement par les français, à travers un référendum. Mais on peut aussi s’en inquiéter, compte tenu du contexte politique actuel. D’autant que l’histoire de la Cinquième République démontre que les français ont une fâcheuse tendance à détourner les référendums. Il n’y a pas de raison que celui-ci n’échappe pas à la règle et qu’il se transforme en un affrontement entre les « pour » et les « contre » Macron.

Certes, par sa décision du 9 mai 2019, le Conseil constitutionnel a enclenché le processus, mais la consultation de la population n’est pas acquise. Les 248 sénateurs opposés à la privatisation vont avoir 9 mois à compter de début juin 2019 pour recueillir un minimum de 4.717.396 signatures d’électeurs inscrits sur les listes électorales, soit 10% du corps électoral. C’est beaucoup, mais avec les moyens qui vont être mis en œuvre, l’objectif est atteignable. La pétition « L’affaire du siècle » lancée par quatre ONG contre la supposée « inaction climatique » de la France a recueilli en quelques semaines plus de 2 millions de signatures électroniques. La Démocratie a de nouveaux outils à sa disposition et elle s’en sert.

Si les français sont appelés à se prononcer sur la privatisation des aéroports parisiens, il faut souhaiter que le débat puisse mettre en lumière des arguments pour et contre les plus factuels possibles afin que chacun puisse se faire sa propre opinion. Pour cela, il faut l’empêcher de tomber dans l’ornière politicienne. Les professionnels et les experts du transport aérien français, quelque soit leur avis sur la question, ont sans doute un rôle à jouer pour éclairer le choix de leurs concitoyens.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • ADP possède le foncier, ce n'est pas un simple concessionnaire.
    Privatiser un concessionnaire ne pose pas de problème.

    Mais, le foncier doit rester à l'état dans le cadre des missions de service public.
    Aux US, le foncier et les pistes sont financés par le budget fédéral ou régional.

    Dans le cadre d'une privatisation, il y a un risque sérieux que le foncier des aéroports satellites (Toussus, St Cyr, ...) soit mis en concurrence économique avec d'autres projets créant davantage de valeur.
    L'état mettra certainement des clauses de service public pour les grandes plateformes, mais pour les petites ?

    Un référendum est une question binaire concernant un problème multi facettes et complexe.

    Pour ce qui me concerne, le risque pour l'AG est trop important, je suis contre la privatisation.

  • C'est Oui et encore Oui!.
    L'état se veut toujours expert en tout alors qu'il ne l'est en rien !
    L'état a d'autres choses à fouetter et de plus importants que de gérer des aéroports !

    Laissez faire les experts que sont les exploitants et les compagnies aériennes et des services annexes! Si on argue sur le mauvais exemple de la privatisation de l'aéroport de Toulouse... pour ne pas privatiser , c'est que l'état (Encore lui) a failli sur le cahier des charges de la vente ! Pire! Que l'état arrête aussi de renforcer le monopole aérien de ADP ! Les ententes entre "copains et coquins" que sont les actionnaires de ADP, certains Haut-fonctionnaires et politiques font que ADP a un monopole quasi total sur les lignes transocéaniques. Les aéroports Français hors Paris sont tout justes bons pour les vols charters et intra Européens. En Europe, les monopoles sont interdits!

    • Non et non !
      Un service public est un service que l'état doit assurer pour ses contribuables, tous ses contribuables, quel que soit l'endroit sur son territoire, pour des raisons d'utilité publique, de sécurité, de santé publique, et d'équité pour tous.
      Ainsi, il y a des bureaux de poste partout, des pompiers partout, des policiers et des gendarmes, des médecins et des hopitaux, des réseaux de transports publics (trains, bus locaux, voiries associées, aérodromes, aéroports...), des administrations, et même des stades et des mairies.
      Et tous ces "services public" n'ont pas fonction d'être rentables. Ils sont à l'opposé de la notion du commerce et d'entreprise.
      Un commerce, une entreprise, à pour finalité d'être rentable, de vendre un produit ou un service, et d'en recevoir rétribution et bénéfices.
      Un service public a pour unique finalité d'être existant et de fournir un service d'utilité public équivalent sur tout le territoire sans discrimination.
      Un service se donne, un commerce se vend !
      Eventuellement, un service public est payant (les timbres sur le courrier) afin que l'utilisateur paye le juste prix afin d'équilibrer les comptes au niveau national, pas de faire des bénéfices. Ainsi une petite ligne de train fortement déficitaire mais unique dans la vallée, est payée par le TGV paris-Marseille fortement bénéficiaire. Mais le service public "vous pouvez vous déplacer" est assuré.
      Une entreprise privée, par définition, n'a que faire de l'intérêt public, mais bien plus de son intérêt personnel. Son intérêt est de fournir un service ou un produit répondant à une demande, à l'endroit ou est la demande, et en ayant la liberté de choisir "ou" assurer ce service ou produit. Donc, en pratique, d'aller là ou c'est rentable et de fuir les zone ou "ça vend pas".

      Dans la pratique, on constate que les petites postes ferment à tour de bras et qu'il faut faire 20km pour aller poser un colis à la poste ou y retirer de l'argent. On constate qu'il faut faire une heure de route pour trouver une maternité, que même en proche banlieue parisienne c'est désert médical, que les sous-préfectures sont fermées et parfois même pour avoir des papiers officiels il faut passer par des sous-traitants privés qui facturent à l'état ! Ou par des sites web même si vous avez la personne qui va bien devant vous (celle qui va quand même mettre un coup de tampon).

      Ou alors, on change le monde et on pousse à la création d'aérodromes privés sur terrains privés (ça existe déjà). Qui rachète tout ça et le rend rentable ou du moins équilibré ? Quid de la pérennité et de l'accessibilité à tous ? Avec le contrôle aérien bien sur. Pas du mécénat, du commerce, un métier. Quelque chose me dit que le prix de l'heure de vol va pas baisser de sitôt !

  • Comme locataire d'un aérodrome de la région parisienne qui tomberait entre les mains d'un nouvel exploitant, permettez moi de m’inquiéter de l'évolution des tarifs de location. Des précédents comme Clermond-Ferrand laissent entrevoir une ignorance totale de la spécificité de l'aviation légère et de son équilibre financier précaire.

  • Il faut à mon avis, se poser les bonnes questions.
    Déjà comment fonctionnent les entreprises privées ? On part d'un capital et on fabrique des produits avec une marge bénéficiaire. Pour augmenter la marge, elle peut augmenter ses prix de vente, mais si une autre entreprise vend aussi des produits similaires, elle devra freiner son appétit glouton si elle veut continuer à vendre. La concurrence est le régulateur des prix.
    Une société gestionnaire d'un bien unique ( réseau d'autoroutes, aéroport etc.) ne connaîtra pas de concurrence donc qu'est ce qui va l'empêcher de grossir ses bénéfices outrageusement et cela d'autant que les utilisateurs sont contraints de faire appel à leurs services ? C'est le cas aussi des contrôles techniques pour les véhicules.
    Ma conviction, c'est qu'il faut mettre des gens motivés (parce que leurs efforts améliorent leur quotidien) et compétents car formés au job qu'on leur a confié pour faire fonctionner les entreprises tout en s'assurant qu'il y aura des freins véritables à leur appétit de rentabilité.
    A qui appartient le foncier de Roissy-CDG ? et d'Orly, Le Bourget, Pontoise, Etampes, Toussus Le Noble ? et ce foncier va t'il être VENDU aux futures sociétés gestionnaires ou les Domaines resteront propriétaires du foncier et les sociétés seront simplement des gestionnaires ?
    Je DOUTE que TOUS les 47 millions d'électeurs aient les réponses à TOUTES ces questions. Il faut donc selon moi qu'ils mandatent des gens compétents dont c'est le métier, de régler tous ces problèmes. La Politique n'a rien à voir là-dedans.

  • Vous faites une erreur conceptuelle en disant que le peuple "détourne" les référendums (c'est toujours, peut-être sans que vous vous en rendiez compte, l'idée que le peuple est trop idiot pour s'en tenir à la question qu'on lui pose et que, au fond, la démocratie, c'est mal).

    Le référendum est par définition sur une question importante (sinon, ce n'est pas la peine d'en faire un ) et il est donc normal que celui qui pose la question soit engagé par le référendum qu'il propose.

    Il est absolument contraire à l'esprit des institutions que, comme en 2005, un président ne démissionne pas suite à un référendum perdu.

    Quant à ceux (qui sont toujours les "sachants" souffrant d'un complexe de supériorité) qui nous racontent que le peuple est trop bête pour répondre à des questions complexes, le référendum de 2005 prouve le contraire.

    D'ailleurs, c'est l'inverse qui est vrai : plus on a fait d'études, plus on est facile à tromper par des mots, des slogans, des abstractions (l'exemple massue, c'est le nazisme : ce n'est pas par hasard qu'il a pris le pouvoir dans le pays le plus éduqué d'Europe).

  • @stanloc: en démocratie c'est le peuple qui choisit, pas les technocrates (bien sûr normalement il doit être éduqué à ça ...). Si vous voulez un autre régime (je pense que l’oligarchie vous conviendrez bien) ça ne me gêne pas forcément mais soyez clair.

  • Gil Roy, vous n'avez pas (encore?) été entendu: le débat démarre avec (parfois, pas toujours) des relents giletsjaunâtres. Et quel extrémisme, P. Bermont...
    Bon courage à la démocratie!

  • Pauvre Gil Roy, son article équilibré appelant à un débat non politisé sur un sujet sérieux, article publié sur un site a priori de passionnés à peu près éclairés de la chose aérienne, attire déjà des commentaires bien bas de plafond. C'est mal barré.
    Pour ma part, je demanderais bien aux passagers de CDG-ORY-LBG de voter. Pas sûr que les accès routiers saturés, le 'luxueux' RER, les 'aimables taxis', les couloirs à rallonge, les bagages qu'on attend toujours, la signalétique incohérente, le taux d'embarquement-débarquement en bus, les sas parafes toujours en croix, et j'en passe,... pas sûr que tout ceci plaide pour la gestion actuelle. Mais si le Français-électeur est content de cela, tant mieux, et ne cherchons pas à rivaliser avec Londres, Francfort ou Amsterdam.

  • Surprenant commentaire mais pour info cette idée de référendum émane de toute la classe politique hormis le parti du Président, traiter tous ces gens n'appartenant pas à son parti de "factieux" est peut-être un peu exagéré, non?

    D'autre part la procédure est bien entérinée et ne sera pas contestée puisque Bruno Lemaire en personne a déclaré que la privatisation est gelée en attendant l'issue de cette procédure de référendum.

    Par contre une pétition est déjà en cours sur ce sujet, elle peine à atteindre les 300000 signatures alors arriver à 4,7 millions, je suis un peu sceptique.....
    A suivre donc!

  • Je pense personnellement, que les crémiers, plombiers, et même les médecins ont très bien compris que quand on a privatisé pour 2 balles les autoroutes, ceux-ci sont devenus hors de prix, un peu mieux entretenus certes, mais surtout massivement rentables pour les privés et leurs actionnaires et plus du tout pour l'état. De plus ils sont devenus hors de contrôle de l'état et de son obligation de service public.
    Les habitants de provinces reculées savent bien qu'un autoroute ou passent 3 bagnoles ne sont pas entretenus de la même manière que ceux ou les péages rapportent le plus !
    Les français ne sont pas si cons, et ils en ont marre que s'étant fait vendre le miracle de la privatisation, ils constatent surtout que tout devient payant à tord et à travers, que la notion de service public (opposée à la notion de rentabilité) à disparue, et que l'état doit maintenant payer à grands frais à des "privés" ce qui était sa propriété il y a peu. Et que les joyaux de la couronne sont vendus pour rien à des privés qui nous les font payer à très grand frais aussi...

    • Ce qui serait logique, et qui n'arrive jamais, c'est que les impôts utilisés pour payer les services "publics" soient baissés lorsque les dits services sont privatisés. C'est bien l'Etat qui ne respecte pas les citoyens-contribuables, pas les entreprises qui font payer un service au citoyen-client.

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