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Sécurité aérienne : face à la loi des séries

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Gil Roy

En une semaine, le transport aérien mondial a enregistré trois accidents mortels, dans trois régions du monde. Ils ont entrainé plus de décès que l’ensemble des accidents survenus en 2013, année record où le transport aérien a franchi pour la première fois de son histoire la barre des 3 milliards de passagers.


En l’espace de 8 jours, le transport aérien vient d’enregistrer plus de morts que sur l’ensemble de l’année 2013. En effet, les trois récents accidents risquent d’avoir entraîné le décès d’au moins 459 personnes, si aucun survivant n’est retrouvé dans l’épave du MD83 de Swiftair et si le bilan du crash de l’ATR 72-500 en reste à 45 morts. Sur les douze mois de 2013, 29 accidents ont été recensés dans lesquels 265 passagers et membres d’équipage ont trouvé la mort. C’est le plus faible taux de mortalité de l’histoire de l’aviation civile alors que cette même année 2013, pour la première fois, le transport aérien a franchi la barre des 3 milliards de passagers. 2012 avait également été une année record avec 414 morts. Dès à présent, il est acquis que la mortalité repart à la hausse à la suite d’une nouvelle série noire.

Cette série de crashs aériens comme il y en a déjà eu dans l’histoire du transport aérien a débuté le jeudi 17 juillet 2014 avec l’annonce de l’accident du vol MH17 entre Amsterdam et Kuala Lumpur. Rapidement, il est apparu que le Boeing 777-200 de Malaysia Airlines avec ses 298 occupants a été abattu par un missile, au-dessus de l’Ukraine. Le mercredi 23 juillet 2014, un ATR 72-500 de TransAsia Airways (vol GE222), en provenance de Kaohsiung, s’est écrasé à l’atterrissage à Magong, dans de très mauvaises conditions météorologiques. 48 des 58 occupants ont trouvé la mort. Enfin, dans la nuit de mercredi 23 à jeudi 24 juillet 2014, le contact a été perdu, au-dessus du nord Mali, avec un MD83 de la compagnie charter espagnole Swiftair affrété par Air Algérie (AH5017) qui assurait la ligne Ouagadougou-Alger. Il y avait 110 passagers et 6 membres d’équipage.

Ces trois accidents aériens impliquent tous des avions de construction occidentale (américaine et européenne) et se sont produits sur trois continents différents. Ces faits sont en rupture avec la tendance enregistrée au cours des dernières années, les accidents se concentrant en Afrique et dans les anciennes républiques soviétiques, et ils concernaient plus particulièrement des avions de construction soviétique. En 2013, aucun accident grave ayant entrainé des décès ne s’est produit en Europe. Aucune compagnie européenne n’a été impliquée.

Au bilan de cette série de trois accidents en une semaine, il faut bien sûr ajouter la disparition inexpliquée, le 8 mars 2014, du vol MH370 avec ses 239 occupants.

Gil Roy

Il y avait 298 personnes à bord du 777-200 de Malaysia Airlines (vol MH17) abattu au-dessus de l'Ukraine
Le MD83 de Swiftair (vol AH5017) disparu après son décollage de Ouagadougou transportait 116 personnes.
L'ATR 72-500 de TransAsia (vol GE222) transportait 58 passagers et membres d'équipage. 48 ont trouvé la mort
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Sécurité aérienne : face à la loi des séries
    "Heureusement que les enquêteurs ne se laissent pas guider par des aprioris…"

    impliquer l'avion ? ça pose problème pour le constructeur

    impliquer la compagnie ? ça pose problème pour la compagnie (économiquement parlant, pas besoin de développer=

    impliquer les pilotes ? ça ne pose problème à personne

    il faut une honnêteté extrême pour relier l'erreur avec la fatigue, et implicitement reconnaitre que cette fatigue relève de la responsabilité de la compagnie.

    Il y a quand même une quantité d'antécédents, là tout de suite je pense à l'accident de Pau.

    Les avions sont théoriquement le moyens de transport le plus sûr au monde, pour peu qu'on veuille ou qu'on ai les moyens de faire se rejoindre la théorie et la pratique.

    Fermer les yeux avec hypocrisie ne mène qu'au pire, et sans être trop naïf, j'ai bien compris quels étaient les enjeux et les replace dans le "principe de réalité".

    D'accord, il ne faut pas conclure avant de savoir, mais l'histoire nous enseigne que la vérité pèse moins lourds que d'autres intérêts moins avouables.

    point d'ironie dans mon propos, mais le débat sur la fatigue est à considérer au premier niveau, je parle en au nom de ceux qui se trouvent dans l'avion en général, pas en tant qu'assureur, constructeur, compagnie, et autres intéressés economiques. Mais laissons faire l'enquête, les promesses n'engagent que ceux qui y croient, dixit Pasqua.

  • Sécurité aérienne : face à la loi des séries
    construction soviétique

    Juste pour rappel ... l'Union Soviétique n'existe plus depuis un certain temps !! :)

  • Sécurité aérienne : face à la loi des séries
    Sur l'accident du MD 83 de la compagnie Espagnole Swiftair, n'oublions pas que que cette avion était affrété par Air Algérie!
    L'Equipage Technique était-il bien formé pour voler dans les conditions de vols particulières (météo, FIT) Africaines!
    Pour avoir rencontré des pilotes d'ATR 72 de SwiftAir volant à partir de certains pays africains, je peux vous dire que leurs conditions de travailles et d'hébergements en Afrique Noire sont déplorables!
    Mauvais salaires et fatigues générées par les mauvaises conditions de logements!
    Hors, on sait que la fatigue est génératrice d'accident en vol!
    Plus un pilote est fatigué plus il commait d'erreurs, il est donc important que les pilotes aient de bonnes conditions de logement!
    Ensuite, n'oublions pas que le vol d'Air Algérie était un vol qui partait durant la nuit, là aussi facteur aggravant , au niveau de la fatigue!
    Donc , pour conclure mauvaise formation, mauvais salaire (agit sur la psychologie du pilote) et fatigue aboutissent souvent à l'accident !
    Jacoleader

    • Sécurité aérienne : face à la loi des séries
      Désolé, je ne peux lire cette intervention de votre part sans réagir en rapportant mon expérience personnelle.
      Pour avoir assuré un vol cargo avec décollage à 3h du matin ( et on sait que dormir avant en devant être présent 2h avant le vol plus 1h de trajet relève de l'utopie pure ) avec retour à 7h du matin, puis rebelotte le lendemain matin toujours décollage à 3h pour finir cette fois vers 10h30, je peux vous assurer que l'erreur est juste derrière le dos de chacun des deux membres d'équipage.
      Le tout saupoudré pour ledit vol du lendemain d'une approche NDB à 4h45 ( toujours du matin ) sur un terrain court par météo franchement pourrie sur avion " à l'ancienne " ( pilotage et instrumentation de bord ).
      Croyez-moi sur parole, l'accident n'était franchement pas loin, vu l'état de fatigue plus qu'avancé dans lequel nous étions tous les deux.
      Et refuser de faire le vol équivalait à une sortie simple.
      Et pourtant, avec la sous-partie Q, ça passait, oui oui ...

    • Sécurité aérienne : face à la loi des séries
      N'est-ce pas un peu trop rapide comme analyse et surtout comme conclusion ? Heureusement que les enquêteurs ne se laissent pas guider par des aprioris…

  • Sécurité aérienne : face à la loi des séries
    This "body count" leaves a bad taste folks!!!!! Pourquoi ces discussions au sujet de la "comptabilisation" des disparus et leur "catégorisation"? Il s'agit de vols commerciaux avec un départ et une arrivée. C'est un fait pour les statistiques.

    459 - suite au survol délibéré d'une zone de combat par une companie aérienne - même si "un peu au dessus de FL320". D'autres avaient pris la résolution de faire un grand détour, quelque soit le "release above FL whatever"

    En espèrant qu'aucun n'apparaisse un jours dans ces statisques!

  • Sécurité aérienne : face à la loi des séries
    Il est dit qu'aucun accident de 2014 n'a impliqué de compagnies européennes, c'est vrai mais uniquement pour les accidents ayant engendré des décès et c'est aussi partiellement vrai car ce MD83 ne figure-t-il pas sur le registre de l'Espagne. J'ai entendu également parlé d'une inspection de la DGAC il y a trois jours. Laissez-moi, rire car il s'agit sans doute d'une "ramp check". Comment peut-on vérifier la navigabilité d'un aéronef en 45 minutes ? Cela prend, une semaine pour faire le travail correctement de A à Z.

  • Sécurité aérienne : face à la loi des séries
    vous appelez cela " bavure " de guerre pour moi c'est un acte delibéré ( quelqu'en soit les les auteurs ) contre un appareil civil, ce n'est pas contestable, dans cette région, les avions militaires ne se promenent pas à cette altitude, et il suffit de suivre la signature radar pour s' en assurer.
    tirer et tuer des civils sans défense, c'est un crime.

    espérons que les auteurs paseront( rapidement) devant les tribunaux competents, comme déjà précisé, mais il faut enfoncer le clou ) il y en encore de la place dans les prisons du coté de Cuba.
    c'est la perpetuité, et sans remise de peine.

  • Sécurité aérienne : face à la loi des séries
    Il me semble qu'il ne faudrait pas comptabiliser les 298 victimes de la Malaysia en Ukraine. Il ne s'agit pas d'un accident à proprement parler mais, jusqu'à preuve du contraire bien entendu, d'une bavure de guerre.

    • Sécurité aérienne : face à la loi des séries
      Je ne vois pas de bonne raison de ne pas le considérer comme un accident en tant que tel.

      En mettant volontairement de côté toute thèse complotiste, nous sommes très probablement un problème de mauvaise identification Ami/Ennemi, comme toutes les "bavures" de guerre.

      Ainsi l'exposition à un tel danger d'un aéronef civil en opération commerciale doit faire réfléchir les acteurs du transport aérien: la mise en place d'une veille de ce genre de risques me paraît plus que nécessaire dans une période ou les conflits dégénèrent.

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