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TAM vole au jatropha curcas

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Gil Roy

Un Airbus A320 de la compagnie brésilienne TAM a effectué un vol de 45 minutes au-dessus de l’Atlantique avec biocarburant, mélange à parts égales de kérosène et d’huile de jatropha curcas.


Le 22 novembre 2010, TAM Airlines a réalisé le premier vol expérimental d’Amérique Latine avec un biocarburant d’aviation provenant de l’huile de jatrophra curcas. L’appareil utilisé était un Airbus A320 équipé de moteurs CFM56-5B. Le vol a duré 45 minutes, puis est retourné à son point d’origine. En plus des deux pilotes, 18 personnes étaient à bord, comptant des techniciens et des représentants de la TAM Airlines et d’Airbus.

La prochaine étape de ce programme expérimental est la mise en application et la culture d’une récolte de jatropha curcas, à échelle réduite, au Centre Technologique de TAM Airlines à São Carlos (état de São Paulo). Il s’agira dévaluer la faisabilité technique et économique de l’introduction d’une chaîne de valeur intégrée au Brésil, avec comme objectif la production d’un biocarburant à base d’huile de jatrophra curcas, allant de la production du matériel brut à la distribution de bio-kéroséne.

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A propos du Jatropha curcas

Connue au Brésil sous le nom de pinhão manso, le Jatropha curcas est une plante qui n’est pas consommable, ni par les hommes, ni par les animaux, mais elle peut être cultivée dans les pâturages ou avec d’autres cultures alimentaires.

Pour s’assurer de la disponibilité de biocarburant nécessaire au vol expérimental, la compagnie TAM Airlines s’est fournie, via Curcas Brasil, en graines de jatropha provenant de producteurs du nord, du sud-est et du centre-ouest du pays. Elle les a fait transformer en huile semi-raffinée puis exporter aux USA, où la société UOP LLC (filiale du groupe Honeywell) a transformé, à son tour, l’huile de Jatropha Curca en biocarburant et l’a mélangé à du kérosène classique, dans une proportion de 50% pour chaque composant.

Les études menées par l’Université de Technologie du Michigan conjointement avec OUP/Honeywell montrent que les biocarburants d’aviation à base de Jatropha curcas permettent une réduction de 65% à 80% des émissions de carbone, en comparaison avec le kérosène d’aviation dérivé du pétrole.

Graine de jatropha curcas
TAM expérimente un bio-carburant composé de 50% d'huile de jatropha
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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • TAM vole au jatropha curcas
    Quelle surface faudrait-il mettre en culture pour fournir la moitié des besoins mondiaux ? (l'autre moitié étant de toute façon le kérosène).

  • TAM vole au jatropha curcas
    C’est un sujet passionnant, probablement car je suis le fils d’un paysan qui signait son pain d’un signe de croix avant de le couper ? Ici le Jotropha enfin, n’est pas comestible et son extrait est transformé en huile depuis longtemps (même à Marseille, ils l’utilisaient pour leur savon). Mais, c’est tout de même une vision particulière de savoir qu’une partie de l’alimentation humaine ou animale aurait pu pousser des avions de ligne alors que des gens meurent faim.

    Techniquement il faut laisser les compagnies aériennes développer ce carburant, c’est une feinte. Toutefois, je crois que la dernière goutte de carburant d’origine fossile sera pour l’aéronautique (et pour la sécurité militaire), on en parlera dans 50 ans. On laissera la propulsion nucléaire aux navires.

    Effectivement ce carburant extrait du Jotreopha est intéressant techniquement, mais je crois qu’il serait d’initiative humaine importante de laisser ce carburant aux populations locales qui le cultivent pour, soit s’éclairer, soit chauffer la popote, soit faire fonctionner leurs moteurs Diesel (pour déjà pomper l’eau), c’est leur PIB à eux, ils pourraient ainsi mieux se mécaniser (?). Donc saluons et remercions le travail de UOP LLC, une compagnie Honeywell sous contrat avec la défense américaine qui travaille « en transparence » pour ces populations en utilisant des compagnies aériennes pour développer un carburant JET, c’est un bon coup de publicité. Notons que leur green jet fuel ne doit pas par cahier des charges, empiéter sur l’alimentation humaine et animale.

    Il faut noter aussi la présence des universités chinoises dans ce domaine de recherches, avec leurs INRA locaux, elles semblent très intéressées et sont entrain de proposer des améliorations de productivité de cette plante Jotropha.

    La documentation parle souvent d’un mix 50 50, comme c’est le cas du vol d’essais signalé. Le mix 50 50 répond lui parfaitement aux normes de carburant jet. Par contre, le carburant pur issu de cette plante, sauf erreur dans mes données, ne peut être utilisé tel quel dans les avions car comporte des aspects positifs et des aspects négatifs.

    • Point de solidification = 2°C (pas génial en altitude, ou alors il faut bien réchauffer ce carburant) – dans un common rail on s’arrangera que la pompe haute pression débite un peu plus pour que le carburant recirculé tienne chaud le carburant dans les réservoirs, sous peine d’arrêt inopiné du propulseur.

    • Densité = 0.91 – 0.92 soit 8% plus élevé que le JET A1 – on ne remplira donc pas les réservoirs ras la gueule.

    • Énergie spécifique = 39 a 42 MJ/kg soit 7 a 8% inférieur au JET A1 – on ira un peu moins loin, finis les voyages à Tahiti ?

    • Cétane supérieur de 3 points – je ne me souviens plus ce que ça fait dans un réacteur. C’est très bien pour un moteur à pistons.

    Coté renouvelables, je crois qu’il faille un peu de combustible fossile pour entrainer la presse et la préparation de l’huile en carburant, d’où certainement les chiffres de Gil, 20 à 35% de carburant fossile nécessaires pour ces opérations.

    Un autre chiffre important, 5 kg de graines réalisent 1 litre d’huile, donc en gros 4 kg de déchet. Probablement, on en fait un petit tas dehors en attendant ?

    Conclusion, il est intéressant que cette plante génère une certaine littérature et intérêt marketing dans notre occident, en apportant la réponse qu’il est possible techniquement de faire un carburant JET « renouvelable » et toutefois, en espérant qu’elle génère une économie nouvelle (PIB) de ces régions pauvres, et surtout qu’il ne touche pas l’alimentation humaine et animale, ni les réserves d’eau. On n’a pas dit combien coûte le litre de ce jet renouvelable, mais les jeunes qui rêvent de devenir pilotes, pourront encore piloter la veille de leur retraite d’ici l’année 2060, si les vols demeurent encore démocratiques comme aujourd’hui (ce qui est moins sûr).

    Cordialement. Noël

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