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Aviation d'Affaires

Le développement de Voldirect ralenti par la pénurie de pilotes

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Gil Roy

La compagnie d’aviation d’affaires bretonne Voldirect vient d’ouvrir coup sur coup deux nouvelles bases à Toussus-le-Noble et à Lyon-Bron. Les difficultés qu’elle rencontre à recruter des commandants de bord et des copilotes pour ses monoturbopropulseurs PC12 et TBM850 pourraient la contraindre à différer ses projets de développement de sa flotte, initialement programmés en 2018.

La balle est à nouveau dans le camp des pilotes professionnels. Après des années de vaches maigres, ils sont à nouveau les maîtres du jeu. Le transport aérien mondial est entré dans un nouveau cycle et pour les compagnies les recrutements sont de plus en plus tendus.

Aspiration

Du fait du phénomène d’aspiration qui voit les plus grandes se servir dans les effectifs des plus petites, il ne fait pas bon être en bas de l’échelle. « Ce turn over est très compliqué à gérer pour des petites structures comme la nôtre », reconnaît Frédéric Caussarieu, le PDG de Voldirect.

Cette compagnie aérienne bretonne est la pionnière française du transport public de passager en monoturbine. Elle exploite quatre avions : un PC12NG et trois TBM850. Le PC12NG et un TBM850 sont basés à Rennes. Les deux autres TBM850, basés, l’un à Toussus-le-Noble et l’autre à Lyon-Bron, sont entrés dans sa liste de flotte à l’automne 2017.

Recherche commandants de bord et copilotes

Voldirect recrute actuellement sur ses deux nouvelles bases, mais également à Rennes pour faire face à des départs annoncés. La compagnie table sur 1,5 à 2 équipages par avion. Pour les commandants de bord, elle recherche des pilotes totalisant au moins 1.000 heures de vol sur monoturbopropulseur, sachant que les minimas réglementaires se situent à 700 heures de vol dont 400 heures en tant que commandant de bord et 100 heures en IFR sur la classe d’avion.

Pour les copilotes qui doivent être titulaires d’une qualification de travail en équipage (MCC ou Multi Crew Coordination), un minimum de 100 heures de vol en IFR est requis. Dans les faits, les candidats qui sont souvent instructeurs en aéro-club totalisent environ un millier d’heures de vol sur avion. On en déduira au passage, que les aéro-clubs sont, comme à chaque précédent cycle, à nouveau confrontés à la difficulté de conserver leurs instructeurs professionnels.

Des clients, mais plus de pilotes

Voldirect s’est rapproché d’écoles de pilotage pour mettre en œuvre un recrutement privilégié de copilotes. Toutefois, Frédéric Caussarieu fait remarquer qu’il a moins de difficulté à trouver des copilotes que des commandants de bord, d’autant que Voldirect a besoin que ses commandants de bord soient également instructeurs (CRI) et examinateurs (CRE) sur ses types d’avion.

Quand, en 2017, l’EASA a donné son feu vert au transport public de passagers en monoturbine, Voldirect qui avait ouvert la voie avec la DGAC quatre plus tôt, a évidemment applaudi des deux mains. Un nouveau marché s’ouvrait. Et c’est un fait, l’activité de la compagnie bretonne s’est développée.

Croissance entravée

Mais cette croissance est aujourd’hui entravée par la pénurie de pilotes qui contraint Frédéric Caussarieu à envisager l’idée de devoir décaler dans le temps ses projets d’extension de flotte. Sa priorité est de pouvoir faire face à la demande. « Le printemps et l’été qui constituent pour nous la haute saison s’annoncent tendus. »

Le turn over des pilotes est d’autant plus complexe à gérer que le transport public de passagers impose un cadre réglementaire exigeant, notamment au niveau des contraintes d’expérience des pilotes et des équipages. « Les compagnies aériennes comme la nôtre sont de bonnes écoles pour les pilotes débutants », déclare Frédéric Caussardieu, un brin fataliste. Il est pilote professionnel depuis suffisamment longtemps pour avoir connu d’autres cycles par le passé.

Le patron de Voldirect savait que cela allait se produire, mais il n’avait pas les moyens de l’anticiper. Face aux offres salariales des plus grandes compagnies, il lui est impossible de s’aligner. L’aviation d’affaires demeure en France un marché beaucoup trop étroit.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • Je viens de lire tous les messages, et du coup j'ai été regarder en détail le site de cette compagnie (ou par ailleurs l'onglet équipe présente des gens trés expérimentés et pros) . Néanmoins, effectivement, il n'y à aucun onglet ''offres'' ou ''ressources humaines'' (comme dans beaucoup de Stés) qui permettrai à un candidat de postuler à une offre. Est-ce que le recrutement PNT se fait donc par le fameux ''reseaux'' ? c'est possible, car le monde du TPP SET est trés petit....

  • Il y a des centaines de pilotes dispo, des centaines de commandant de bord expérimentés dispo, mais quelles sont Les conditions proposées par Vol direct, Ils ne trouvent peut être pas de pilotes expérimentés, car les conditions ne sont Par être simplement pas à la hauteur. Rien à voir avec la pénurie de pilote !!!

  • A l'époque où il cherchait un CDB j'avais envoyé mon CV (expérimenté turbine IFR) aucune réponse, leurs dernières annonces sont sur le site de la FFA :

    "VOLDIRECT, leader du vol commercial SET, recrute un safety pilot pour sa base de Toussus Le Noble sur TBM850.
    Profil :CPL IR A
    Rémunération au vol + frais rééls.
    Merci d'envoyer votre Cv à apply@voldirect.aero en précisant "safety LFPN + nom" en sujet."

    Faut pas s'étonner si ils ne trouvent personne, ils veulent des safety pilot pour juste faire la radio, payés a la mission, avec des conditions pareilles autant bosser au sol dans un autre domaine...

  • Vu les recrutements actuels, je pense que les pilotes préfèrent voler en IFR et/ou vol de nuit sur multi moteur plutôt que sur mono.
    Meme si la réglementation TPP a changé, il ne faut pas oublier que la panne moteur
    est toujours possible. J'en ai eu plusieurs fois l'expérience dans ma carrière: du mono d'aéro-club au bi réacteur d'une compagnie nationale.

  • C'est une reflexion qui me laisse réveur.. Je connais un tas de jeunes qui n’arrêtent pas de grenouiller sur les sites internet des Cies, qui attendent des réponses, qui sont reçus dans des conditions lamentables, qui ont des qualif A320 à 30000 patates et qui ne savent pas quoi en foutre parceque on leur demande s'il n'auraient pas par hasard 15000 h de vol?? non mais on se fout de la gueule de qui? qui les a poussé à faire ses qualifs qui ne servent à rien quand elles ne sont pas entretenues, ?avec quel moyens puisqu'ils n'ont pas de boulot. Les écoles qui se sont gavées sur eux pourraient leur offrir la possiblité de passer des qualifs turbos qui servent à quelque chose,non? Les banques proposent bien aux étudiants de rembourser leurs préts quand ils auront un job..
    Ça me fout en pétard de voir tous ce jeunes dans le désespoir....alors qu'il y a soit disant du boulot..

  • Tiens, tiens,
    La communication web fait apparaitre les différentes sensibilités et les postures des partie prenantes.
    Rien que de très normal donc.
    Merci Aérobuzz !

  • Aerobuzz prouve une fois encore son utilite. On s etonne qu aucune interface de candidatures n ait ete proposee sur leur site mais rejouissons nous d une entreprise qui recrute.

  • +1 Vermont
    Quand on pense que de multiples CV ont été envoyés et qu'il n'y a même pas eu de réponses, même négatives, il faut pas être surpris du manque d'intérêt des pilotes. Encore plus aujourd'hui dans une conjoncture qui évolue.

  • Cette entreprise pourrait recruter et conserver son PNT si...
    Il faut faire attention à ce que l'on écrit et à sur ce quoi on communique.

  • +1 Pierre.
    Je ne vais pas les plaindre. Aucune interface visible pour le recrutement, site web compris. Si on ajoute à cela, le fait qu'ils ne prennent même pas la peine de répondre aux candidats... Peut être qu'en changeant d'angle de vue, ce type d'entreprise se rendrait compte que si ils n'ont pas de candidats, ce n'est pas lié à la fameuse et si pratique "pénurie de pilote" mais plutôt à un mépris total des potentiels bons profils.

    Il est vrai qu'il est dur de se remettre en question quand voila des années que tout roule facilement et où il n'y a rien à faire: seul le piston et les copains de copains se passent le mot pour postuler à la bonne personne au bon moment... Aucune procédure même basique de recrutement ni de sélection et encore moins de réponse.

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