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Aviation d'Affaires

Jetfly prépare l’arrivée de son premier PC-24

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Gil Roy

Depuis plusieurs années, Jetfly intègre deux à trois PC-12NG dans sa flotte. En 2018, elle fera entrer deux biréacteurs PC-24 en plus. La compagnie d’aviation d’affaires basée au Luxembourg, à Londres et à Genève emploie 100 pilotes en CDI. Elle en recrute une vingtaine par an. En anticipation de la future réglementation européenne, elle est la cliente de lancement du programme UPRT (Upset Prevention and Recovery Training) d’Apache Aviation Training & Services.

Depuis 2000, date de sa création, Jetfly a fait du chemin. Entre temps, elle a changé d’actionnariat. En 2010, elle a été rachetée par Cédric Lescop et Maxime Bouchard. Le premier était pilote d’aviation d’affaires (5.000 heures de vol sur Falcon). Le second est gestionnaire et financier. Ensemble, ils ont fait fructifier l’idée d’origine qui est d’offrir en propriété partagée des avions d’affaires d’entrée de gamme (au départ il s’agissait de TBM700) adaptés aux spécificités du marché européen en devenir.

200 copropriétaires d’une trentaine d’avions d’affaires

La clientèle s’est élargie pour atteindre aujourd’hui 200 copropriétaires dont les besoins ont évolué dans le temps vers des avions plus spacieux. C’est ainsi que fin 2018, la flotte de Jetfly se composera de 25 monoturbopropulseurs Pilatus PC-12, et 5 biréacteurs (3 Citation CJ3 et 2 Pilatus PC-24). Exit les TBM du début. L’objectif à dix ans est d’atteindre 60 avions dont 35 PC-12 et 25 PC-24, 350 salariés dont 200 pilotes.

Jetfly joue sur la complémentarité avec les autres modes de transport. « Un client peut très bien descendre dans le sud avec sa famille en PC-12 et remonter seul à Paris, avec easyJet », explique Cédric Lescop. Le modèle économique de la compagnie est construit sur cette spécificité intermodale européenne.

Une centaine de pilotes professionnels en CDI

Seules les heures de vol occupées sont facturées au client. Les avions sont vendus par 1/16ème ce qui correspond à 35 heures de vol par an. Une part de PC-12 coûte environ 350.000 €, une part de PC-24 un peu moins du double. En plus des heures de vol effectives, les copropriétaires doivent s’acquitter d’un loyer mensuel correspondant aux frais fixes.Les mises en place et les retours à vide ne le sont. Les avions ne rentrent généralement pas sur leur base. Ils vont chercher de nouveaux clients. « Un avion peut faire jusqu’à six vols avec des clients différents dans une même journée. Notre taux de vol à vide est d’environ 30%. », explique Cédric Lescop.

Les pilotes travaillent sept jours d’affilée et enchaînent cinq jours de repos. Actuellement, Jetfly en emploie une centaine, tous en CDI. Tous les vols sont effectués en équipage à deux. « Il s’agit d’une question de sécurité. Les pilotes volent beaucoup et ont également un rôle commercial ». Cédric Lescop connaît bien le métier.

Quand il a repris la société en 2010 avec son associé, il totalisait 5.000 heures de vol sur Falcon réalisées en dix ans. Il est qualifié sur tous les modèles de sa flotte actuelle et il effectue entre 35 et 50 heures de vol en PC-12 par an pour garder le contact. Il vole systématiquement avec un commandant de bord instructeur pour des raisons de sécurité. La sécurité, c’est apparemment l’une de ses priorités.

Un entrainement poussé des pilotes

Les pilotes de PC-12 vont régulièrement chez Pilatus en Suisse pour effectuer des exercices de panne sur un simulateur appartenant au constructeur et que celui-ci met à la disposition de Jetfly. « Alors que la qualification de type doit être prorogée tous les 24 mois, nous obligeons nos pilotes à faire un entrainement tous les six mois, comme en compagnie régulière ».

Cédric Lescop a été le premier à signer avec Apache Aviation Training & Services afin d’envoyer ses pilotes suivre la formation UPRT (Upset Prevention and Recovery Training). Cette réglementation est une réponse au nombre croissant d’accidents dits LOCI (« Loss of Control in Flight », perte de contrôle en vol). L’objectif est d’améliorer la formation des équipages professionnels à la prévention et à la gestion des positions inusuelles. Elle est déjà obligatoire pour les transporteurs aériens qui doivent inclure des modules de formation UPRT (Upset Prevention and Recovery Training) aux passages de qualification de type en simulateur. Elle deviendra un prérequis, probablement en 2019, pour les pilotes prétendant à une qualification de type sur avion complexe. Avant même que la nouvelle réglementation devienne obligatoire, les pilotes de Jetfly iront à Dijon se frotter à bord de TB-30 Epsilon à des situations impossibles à reproduire en simulateur.

Recrutement permanent

Avec l’ajout dans sa flotte de 2 à 3 PC-12NG par an et de 2 PC-24 en plus à partir de cette année, Jetfly recrute en moyenne une vingtaine de pilotes par an. « Nous recherchons un état d’esprit avant tout. Des gens humbles qui aiment voler et qui n’oublient pas qu’en aviation d’affaires il faut avoir un esprit de service. Il faut se lever au moins une fois pendant le vol pour aller voir les passagers. Il faut aussi éventuellement porter leurs valises ».

La compagnie recrute des pilotes possédant les qualifications de pilotes de ligne (ATLP, MCC, IR, niveau 5 en anglais) totalisant entre 250 et 500 heures de vol. « L’idéal pour un copilote est un candidat avec 500 heures de vol qui a fait un peu d’instruction en aéro-club. Il sera ainsi apte à passer commandant de bord ». Jusqu’à présent, Jetfly ne recrutait que des copilotes. Avec l’arrivée des PC-24, elle recherche aussi des comandants de bord.

A l’école de l’aviation d’affaires

Cédric Lescop estime que sa compagnie n’est pas trop impactée par l’aspiration des pilotes professionnels par les compagnies aériennes. Sur les 12 derniers mois, une dizaine de pilotes sont partis. Il s’agissait pour l’essentiel d’anciens élèves pilotes de ligne en attente d’une place en compagnie régulière. Il explique ce faible turnover par une bonne ambiance au sein de la compagnie, la mise en place de planning de vols, la généralisation du CDI et la perspective de l’arrivée des PC-24. « Compte tenu de notre activité, les pilotes fréquentent de grands aéroports comme de tout petits aérodromes. L’année dernière, un de nos pilotes a compté qu’il s’était posé sur 137 terrains différents ».

La perspective de prendre les commandes d’un biréacteur moderne et prometteur comme l’est le PC-24 est aussi une motivation supplémentaire pour de jeunes pilotes. L’entrée du réacteur dans cette flotte historiquement turbopropulsée a été longuement anticipée pour que tout se passe bien. « Nous avons fait entrer dans notre flotte trois Citation CJ-3 pour monter en compétences et pour entrainer nos pilotes sur biréacteurs ». Une partie des quinze pilotes qualifiés sur CJ-3 est appelée à passer sur PC-24. « Nous allons conserver cette flotte tampon de CJ-3 pendant trois ans environ avant de passer exclusivement au PC-24 ».

En 2018, Jetfly devrait réaliser un chiffre d’affaires de 50 M€, soit plus du triple de celui de 2010, date de son rachat.

Gil Roy

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

View Comments

  • -?Quelle magnifique réussite !
    Sincères Félicitations au TOP management et à toute son équipe : Aussi bien à «  The Pilots Team » qu’à tous les équipes au sol

    - ?Avec la belle perspective , de l’arrivée dans la flotte de ces jet PC : 24 ,
    Tous nos Voeux de réussite

    «  Have a nice and safe flight “

  • On m'a toujours pas dit comment ça se passe en cas de panne moteur à 400 ft après decollage par exemple avec un plafond à 200 ft ?

    • En monomoteur on est entraîné à gérer la panne.
      On m'a toujours pas dit comment ça se passe sur un multi en cas de panne totale à 400ft (contamination carburant ou autre), avec des pilotes non entraînés pour ça.
      Par contre on a aussi vu ce que ça donne la panne d'un des deux moteurs à 400ft sur un bi turboprop: une disymetrie quasi impossible à contrôler...
      Alors finalement, qu'est ce qui est vraiment plus dangereux ?

    • Simple, à Mende, on cible une route en contre-bas, avec la PTU qui va bien !
      Pourquoi s'inquiéter ? ....De plus la région n'est pas sujette à l'asphyxie routière :o)

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