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Aviation Générale

Coavionnage 1/5 – « Moi Fabrice, pilote Wingly… »

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Fabrice Morlon

Fabrice est l’un des piliers de la rédaction d’Aerobuzz.fr. Il est également membre de l’aéro-club de Saint-Omer. Il a embarqué ses premiers passagers Wingly en 2019. Depuis, il totalise une quinzaine de « vols en partage de frais élargi ». Dans cette série hebdomadaire de cinq articles, il raconte comment Wingly lui permet d’augmenter ses heures de vol, alors qu’il se prépare à devenir pilote professionnel.

5 juin 2021, par une météo clémente, je boucle mon douzième vol avec Wingly. Sur la plate-forme de réservation, je propose deux trajets différents. L’un d’une demie-heure pour découvrir la mosaïque de terre et d’eau douce formée par le marais audomarois, l’autre d’une heure pour une balade sur la côte d’Opale toute proche, entre terre et mer. Mes deux passagers ont choisi cette dernière escapade pour notre vol du jour.

Au terme de notre navigation, de retour à Saint-Omer, mes passagers reprennent la route de leurs vacances en promettant de revenir pour un vol vers la baie de Somme. Il m’ont laissé cinq étoiles et un commentaire sympa.

La maison de mes parents, près de Nevers, est située sous la R144, l’un des « couloirs » du réseau très basse altitude (RTBA) réservé aux militaires. Dans les années 1990, les Jaguar qui passaient à quelques mètres de la cime des sapins m’ont donné envie de devenir pilote à mon tour, d’être témoin de ces paysages défilants à vive allure, de cet horizon toujours renouvelé. Hélas, des problèmes de vue associés à une orientation scolaire, il faut bien le dire, approximative, ont fini de me convaincre que je ne deviendrais jamais pilote, ni dans le militaire ni dans le civil.

Du Jodel D20 au Piper PA28 en passant par le PA19 et l’incontournable DR400, l’aéro-club de l’Est, aujourd’hui Les Ailes Nancéiennes, possède une flotte variée pour répondre à tous les budgets. © Aerobuzz / Fabrice Morlon

Vingt ans après, je m’inscrivais en 2007 à l’aéro-club de l’Est, aujourd’hui rebaptisé Les Ailes Nancéiennes, installé sur l’aérodrome de Nancy-Essey, LFSN. Le club est bien vite devenu ma seconde demeure, où l’on partageait un thé avec Michel Grosdemanges avant de partir en vol avec mon premier instructeur avion, Sébastien Baudras. Puis vinrent Stépahne Bertrand ou encore Bertrand Joffre qui, à l’époque, officiait sur Alphajet à Tours et partageait avec moi ses aventures d’instructeur militaire.

Car c’est aussi ça l’aviation : des rencontres, un partage, des affinités qui se créent autour d’une passion commune. J’ai alors compris qu’on ne vit pas l’aviation en solitaire, mais entouré d’autres pilotes, d’instructeurs, de passionnés et que ce sentiment de liberté ne vaut que s’il est partagé.

Prévol sous haute surveillance pour l’une de mes premières leçons sur DR400-160. © Aerobuzz / Fabrice Morlon

Piper PA38, PA28, PA19 et DR400 ont été mes premières montures pour m’emmener au Brevet de base. La Lorraine aura été un terrain de jeu fantastique, des Côtes de Meuse en passant par les Vosges, les étangs de Sarrebourg, Toul-Rosières, ancien repère des Jaguar alors fermé et progressivement recouvert de panneaux photovoltaïques, où Chuck Yeager pataugea dans la boue dans les années 1950, Chambley où se dresse encore la chapelle dans laquelle se sont mariés Patricia Finnegan et Michael Collins. Et quelques contraintes de navigation comme Metz-Fresacty et le Polygone de guerre électronique qui m’a fait croiser des A-10 américains à bord de mon minuscule Piper PA-38.

Comme pour faire fi de privations pendant tant d’années, tel Gargentua, j’ai dévoré tous les livres d’aviation qui passaient à ma portée, j’ai pris sans broncher les coups du soleil qui éclairait les meetings aériens que je découvrais pour la première fois, j’ai découvert l’ULM pendulaire et multi-axe au plateau de Malzéville, le planeur à Pont-Saint-Vincent et l’aérostation avec Philippe Buron-Pilâtre à Chambley.

Décollage en 21 depuis Nancy-Essey LFSN, rejoignant la vent arrière. © Aerobuzz / Fabrice Morlon

C’est en arrivant dans le Pas-de-Calais, à Saint-Omer, que ma relation à l’aviation a évolué. Mon débarquement dans le nord de la France coïncide avec mon arrivée dans l’équipage d’Aerobuzz. A Merville, une école prestigieuse fermait ses portes. L’EPAG placée en liquidation, cinq instructeurs faisaient alors le pari de relancer une nouvelle école de pilotage, le phénix renaissant de ses cendres. C’est avec cette équipe de doux-dingues, comme on les considérait à l’époque en 2013, que j’ai terminé mon PPL, bénéficiant d’une formation dont je n’aurais jamais osé espérer.

En 2014, l’EPAG NG ne disposait encore que d’un DA40 et d’un TB20. © Aerobuzz / Fabrice Morlon

Du PA38, je suis passé au DA40 de Diamond Aircraft avec moteur Thielert. Adieu la réchauffe carbu ! Vivent les FADEC ! Et l’Anglais a pris une place conséquente dans la fin de ma formation PPL. Une fois l’objectif de la licence privée atteint, pour conserver un but pour voler, j’ai passé avec l’EPAG NG ma qualification vol de nuit avec des navigations mémorables menant à Calais, au Touquet, Amiens, Lille… Puis le module VSV (vol sans visibilité) sur TB20, associé à des variantes pas variable et train rentrant.

Entrevoyant avec l’EPAG NG la faisabilité d’une formation en CPL, je me suis rapproché de l’IAAG, autre grande école du Nord, pour suivre une formation à l’ATPL théorique. Mais il me fallait encore monter mes heures pour pouvoir prétendre à entrer en CPL. C’est alors que l’aéro-club de Saint-Omer m’a accueilli. Les instructeurs Patrick Désire et Christophe Jublin me lâchèrent alors sur tous les avions du club : DR400, DR401 et mon préféré, le Jodel 112 construit en 2002 par la section RSA locale.
Le club cherchait à faire voler ses avions le plus possible, dont un DR401 réservé aux voyages. Une fois le système Wingly adoubé par la FFA, Saint-Omer a adopté le principe pour faire se rencontrer pilotes et curieux de voyages aériens.

Le DR401 du club de Saint-Omer, avec le DR400 EcoFlyer, sont les deux avions autorisés pour des vols Wingly. © Aerobuzz / Fabrice Morlon

Un samedi matin en arrivant au club, je vois François Mobailly, son président, apposant un autocollant « Wingly » bleu et blanc sur la porte d’accès au bar de l’aéro-club. « Ça te dirait de devenir pilote Wingly ? »

Cette proposition me ramène soudainement en 2017, après une journée harassante mais passionnante à écumer les allées du salon du Bourget, je discute avec mon voisin, debout comme moi, serré, presque suffocant de chaleur dans le bus qui fait la navette entre l’aéroport du Bourget et la gare RER.

Bertrant Joab-Cornu, cofondateur de Wingly, était venu présenter une idée originale permettant de mettre en relation les pilotes d’aviation légère avec ceux qui aimeraient bien s’affranchir de temps à autres des contraintes du sol. Je venais de rencontrer sans le savoir celui qui me permettrait de monter mes heures et surtout de partager ma passion du vol.

Fabrice Morlon

Mardi 3 août 2021 à 9h30 – Coavionnage 2/5

« Et l’aéro-club de saint-Omer a découvert le vol à frais partagés élargi « .

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Fabrice Morlon

Pilote professionnel, Fabrice Morlon a rejoint la rédaction d’Aerobuzz, début 2013. Passionné d'aviation sous toutes ses formes, il a collaboré à plusieurs médias aéronautiques et publié une dizaine d'ouvrages, notamment sur l'aviation militaire.

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  • Certains d'entre nous n'ont pas attendu Wingly et autres pour emmener des "amis" en vol pour notre plaisir ou pour noircir nos carnets de vols.
    On a rien inventé.
    Quelle que soit le procédé, quand le vol se termine à destination : tout va bien.
    Quand le vol se fini au tas : tout va mal.
    Conclusion : j'ai pas de solution.

  • @Hedi : Baptême de l'Air : le pilote est en règle, licence, certification médical, expérience (200 hrs de vol) récente (25 hrs / 12 derniers mois), temps de vol 30 mn maxi, retour sur l'aérodrome de départ.
    Avec Wingly, il y a une forme de contrat entre le pilote et l'Aéro-Club puisque le passager va participer financièrement aux frais (à voir avec des juristes) pour un vol sans limite de temps ni de destination.
    "On vous a fait confiance pour un avion en bon état et un pilote qualifié. La faute de pilotage est avérée et par là, la responsabilité de l'Aéro-Club est engagée." pourront plaider les ayants-droit.
    Des Présidents d'Aéro-Club peuvent ne pas vouloir endosser cette responsabilité.

    • Bonjour anemometrix,

      À défaut d’expérience, je ne suis pas autorisé à faire des baptêmes de l’air.
      Et pourtant avec mon PPL j’ai tout à fait le droit d’emmener qui je veux (et je ne me prive pas) tant que je ne gagne pas d’argent. (Faut-il revoir la règlementation ?)
      Le Part FCL est très clair sur ce point et Wingly l’est également.
      La plateforme met en relation pilotes et passagers, sans lien de contrat ni engagement entre les passagers d’un jour et l’aéro-club.
      On est là pour partager la passion, pas d’engagement, si on ne peut pas voler : on ne vole pas.

      “Des Présidents d’Aéro-Club peuvent ne pas vouloir endosser cette responsabilité.”
      => Ce n’est que mon avis mais ils se trompent complètement.
      Wingly assume sa place et met à disposition assurance et transparence pour les passagers, les pilotes et les aéroclubs.
      Pas de petits arrangements, tout est clair.

      Qu’en est-il de mes vols sans Wingly ?

  • Bonjour Fabrice,
    D'abord bravo pour ce que tu fais et la ténacité va avec la passion.....
    Moi aussi, je suis passionné d'aviation mais à une beaucoup plus petite échelle..
    en effet, je n'ai que 50 heures de vol sur DR 400 et arrivé à la retraite, problèmes de santé, chute des revenus... j'ai décidé d'installer dans une pièce de mon habitation "mon Cockpit " et 'aménager un simulateur de vol. première constatation : un DR400 en simulation est plus difficile à piloter que dans la réalité, mais la simulation a fait d'énormes progrès et c'est très agréable....un jour je te raconterai comment est venu ma passion pour l'avion..... la rencontre d'un Homme : Pierre CLOSTERMAN
    Bon courage et continue à nous faire rêver Bons vols

  • J'avais cru comprendre que le coavionnage était comme le covoiturage un moyen de faire profiter à d'autres le fait que l'on doit faire un voyage et qu'il est de ce fait possible de partager les frais avec des gens qui veulent faire le même trajet au même moment. Ici il me semble que l'on nous présente de la ballade à la demande avec frais partagés. Du temps où je volais en aéroclub des pilotes expérimentés étaient nommément désignés à la compagnie d'assurance du club pour faire des vols d'initiation à qui se présentait à cette fin. Le pilote ne déboursant aucun frais lui-même, cela s'apparentait à une activité commerciale et était dans le collimateur de Bercy. Dans cette nouvelle façon de faire on reste tout de même dans une activité discutable.
    Il serait intéressant de savoir, Fabrice, les prix que vous pratiquez dans votre club et la répartition des frais entre vous et vos passagers.

    • Bonjour Stanloc,
      Merci pour votre commentaire et vos remarques. Le détail de la mise en place du programme Wingly à l'aéroclub de Saint-Omer sera l'objet du deuxième article qui paraîtra le 3 août prochain.
      J'y détaille les prix, sur la base du prix de l'heure des avions, mais surtout la répartition des frais entre le pilote et les passagers.
      Rendez-vous le 3 août!

  • Bravo Fabrice,
    Je n'ai pas un parcours aussi varié que le tien. Aussi, ce qui m'a amené à solliciter l'accord de mes dirigeants, c'est le besoin que j'ai de partager,et,ne soyons pas "faux culs", la possibilité de continuer à voler une fois l'heure de la retraite arrivée, ressources en perte de vitesse. Aussi, ils ont accepté le principe et j'ai été le"cobaye" pendant 1 an. Tout s'est bien passé, il n'y a pas eu de perturbations, et depuis, j'ai eu la chance de partager une dizaine de rencontres. Au fait, j'ai 3 vols programmés, dans les jours prochains, alors, même si je n'aime pas le terme, coavionnons, et vive le vol!!

    • Merci Jacques,
      Peu importe le parcours, l'essentiel est le partage comme vous le soulignez.
      Bons vols à vous!

    • "Partage des frais, et partage des risques ! Bravo !"
      C'est ce que peu d'entre eux admettent.
      Le risque c'est comme tout, ça se mesure souvent mieux après coup, mais c'est trop tard.
      La moto c'est super chouette, un sentiment de liberté, etc...
      Quand le crash arrive il est trop tard.
      Certains diront : "en dépit de tout, je pratique le deux roues, c'est mon choix". Oui mais ils se crashent souvent tout seul, sans passagers à bord.
      En avion léger, les passagers amis qui "partagent" n'ont parfois pas forcément la même appréciation du "partage" des risques encourus.
      Et puis j'ai fait tout cela sans wingly il y a 30 ans : je ne le referais pas.
      La maturité à 50 ans et la réflexion m'amènent à cette conclusion : j'ai pas de solution sauf jouer au golf ?
      Ps : j'adorais le deux roues aussi.

  • Ne te décourage pas. Ton serviteur Bernard Megueulle je suis allé voir Mr Robin en 1966 avec 100h de vol et lui ai proposé ma candidature (ingénieur et pilote) Si je ne lui convenait pas il pouvait me renvoyer sans solde. J'y suis resté 10 ans et 4000 h de vol. Je reconnais qu'aujourd'hui c'est plus difficile. 10 années de souvenirs extraordinaires avec Mr Robin Mr Delemontez Michel Pelletier et Jean Arnu en particulier.
    Bonne chance et bons vols

  • Bravo pour ce parcours, Fabrice, et je vais me permettre le tutoiement. Tu es un vrai passionné. Je te souhaite encore de nombreuses et belles heures de vol.

  • Belle histoire !
    Cela fait plaisir de lire que certain club sont beaucoup plus ouverts que d’autres.
    Dans mon club, exit le coavionnage !

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