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Aviation Générale

Des moteurs en ligne ou en étoile, mais à l’unité

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Louis Kulicka

Au cours de la troisième étape de son voyage en République Tchèque, notre reporter a rencontré deux motoristes spécialisés : Eduard Parma et Pravoslav Verner. L’un fabrique des moteurs en ligne, l’autre des moteurs en étoile. Quelques unités par an seulement, destinées aux répliques et aux avions historiques.

   

Cela ne vous aura pas échappé : pour faire voler des avions, il faut des moteurs ! Et bien justement, en république Tchéque, on ne fabrique pas seulement des avions, mais aussi des moteurs. Au cours de notre périple, nous avons rencontré, avec mon cousin Jaromir, deux fabricants de moteur d’avions : Eduard Parma, fondateur en 1999 de Parma-Technik, et Pravoslav Verner, dirigeant et créateur de Verner motor. L’un fabrique des moteurs en ligne, et l’autre des moteurs en étoile, tout ce qu’il faut pour satisfaire des constructeurs de répliques, et autres avions historiques : elle n’est pas belle la vie des avions en République Tchèque ?

L’aérodrome de Luhacovice, où s’est établie la firme Parma-Technik, dans des locaux neufs. Au premier plan l’Alto qui m’a amené jusque là, et en arrière plan 2 SD1 Spacek « Minisport », très populaires là-bas. © Louis Kulicka / Aerobuzz.fr

L’héritier des moteurs Walter

Le siège de Parma-Technik se trouve sur l’aérodrome de Luhacovice, à une trentaine de kilomètres au sud de Hranice en Moravie. Parma Technik est l’héritière des moteurs Walter, dont la conception remonte à 1935 avec le Mikron I qui délivrait une puissance de 50 chevaux, suivi du Mikron II amélioré. Entre 1936 et 1947, 400 exemplaires de ce moteur furent fabriqués.

Après-guerre, la production fut transférée à la firme d’état AVIA dans les années 60, puis à l’entreprise Aérotechnik en 1985, qui après en avoir assuré la maintenance lança la fabrication du Mikron III, plus puissant et équipé d’un démarreur.  Les moteurs sont certifiés conformément à la JAR 22.

L’auteur en compagnie d’Eduard Parma, créateur et dirigeant de Parma-Technik, qui nous a aimablement accueillis. © Louis Kulicka / Aerobuzz.fr
Un Walter Mikron I ou II (il n’y a pas de démarreur) trône fièrement dans le hall d’entrée des bureaux. C’est un 4 cylindres culbuté refroidi par air. © Louis Kulicka / Aerobuzz.fr

Parma Technik reprit donc en 1999 la maintenance mais également la fabrication de ces moteurs en améliorant leur puissance, notamment grâce à une certaine modernisation.

Même modernisés et leurs performances améliorées, ces moteurs sont d’un design ancien, et donc font appel dans leur conception à des savoir-faire anciens qui nécessitent des méthodes appropriées de maintenance… (petit message de service subliminal du chef de l’entreprise aux utilisateurs français !).

L’entreprise emploie en tout 5 personnes, et a une production de 4 moteurs par an, pour une vingtaine de réparations dans l’année, auxquelles s’ajoutent à peu près une huitaine de rénovations complètes annuelles.

Un Walter Mikron III, avec en haut la roue du démarreur, à droite en bas l’entrée canalisant l’air pour le refroidissement des cylindres. © Louis Kulicka / Aerobuzz.fr
Un moteur en cours de révision. © Louis Kulicka / Aerobuzz.fr
La culasse d’un cylindre fraîchement usinée par la machine à commande numérique 3 axes acquise par l’entreprise. © Louis Kulicka / Aerobuzz.fr

Il y a autour de 200 moteurs Mikron III volant de par le monde, dans les différentes versions (65, 75 et 82 cv). Seul l’alésage peut varier d’une version à l’autre, les autres éléments restant identiques.

On retrouve les moteurs Mikron un peu partout dans le monde (USA, France, Pologne, Italie, Tchéquie bien sûr….). Il font voler des Stampe, des Bücker Jungman, des motoplaneurs tchèques Vivat, des Fieseler Storch, des répliques de Zlin ….

Revenant d’une visite, dont je vous parlerai bientôt dans un prochain opus, nous avons fait un petit détour par Sumperk, où bien sûr se trouve un aérodrome. Sur le bord de la piste, se trouvait un monsieur en combinaison de vol couleur kaki. Il était venu avec sa petite Skoda, tirant une espèce de remorque à laquelle était attaché un moteur en étoile doté de 3 cylindres.

Le monsieur c’est Pravoslav Verner, créateur et dirigeant de l’entreprise Verner Motor installée à Sumperk justement.  Il s’agissait de son banc d’essai mobile pour les moteurs fraîchement sortis de fabrication, et il était venu tester un de ses moteurs, avant de l’expédier à un client….

Pravoslav Verner, un constructeur de moteurs en étoile….

L’entreprise Verner Motor a été créée en 1993, donc juste après la « révolution de velours », qui n’a pas été seulement le début du renouveau démocratique en Tchécoslovaquie (alors non encore scindée en deux états), mais aussi le top départ pour une économie devenue prospère.

Le cousin Jaromir de l’auteur en conversation avec Pravoslav Verner. La République Tchéque est un petit pays (moins de 11 millions d’habitants), et presque tout le monde se connaît, surtout sur un terrain d’aviation, et si on ne se connaît pas, les contacts sont faciles. © Louis Kulicka / Aerobuzz.fr

Pravoslav Verner a commencé à construire des moteurs bi-cylindres à plat, avant de s’orienter définitivement vers des moteurs en étoile, pour lesquels il y a peut-être moins de concurrence, mais néanmoins une confortable demande à travers le monde, pour adapter sur des répliques nécessitant ce type de moteur.

Ces moteurs en étoile se déclinent selon une gamme de moteurs à 3, 5, 7 et 9 cylindres ! Un certain nombre de pièces sont communes à différentes versions (les bloc culasses-cylindre), le nombre de cylindres faisant varier la cylindrée totale du moteur. Cela permet de réaliser des économies d’échelle, et de rentabiliser les investissements en R&D pour certaines pièces des moteurs. 

Une réplique de Morane Saulnier parasol, sur le terrain de Sumperk, équipé d’un moteur Verner. © Louis Kulicka / Aerobuzz.fr
Ici le moteur du Morane Saulnier, un Scarlett 9S de 9 cylindre développant au régime maximal la puissance de 158 cv, pour 6 litres de cylindrée. Poids à sec complet 114 kg. © Louis Kulicka / Aerobuzz.fr

On retrouve ces moteurs sur de nombreuses répliques de warbirds à l’échelle 1 pour certains et avec réduction pour d’autres à travers le monde : Bücker Jungmeister, Fokker triplan, Morane à aile parasol (une réplique a été construite a Tarbes, et est équipée d’un 7 cylindres Verner), et un certain nombre d’autres.

On trouve ainsi en Tchéquie un ensemble d’entreprises, pour l’aéronautique qui ont des caractéristiques communes : familiales souvent, elles sont positionnées sur des marchés de niches (petite production, peu de concurrence), sont fortement exportatrices, mettent en oeuvre des savoir-faire de haute technologie mais pas toujours.  Entreprises familiales (en France, le droit évoque pourtant comme vertu cardinale la « gestion en bon père de famille »), elles assurent seules la gestion du risque et sont autonomes financièrement. Elément important, elles sont également des partenaires fiables et nécessaires des grandes entreprises de par leur haute spécialisation. Je vous parlais de l’Allemagne, euh non de la Tchéquie mais finalement, c’est un peu pareil… allez savoir !

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Louis Kulicka

Il a commencé sa carrière aéronautique comme vélivole. Depuis une vingtaine d'années, il est aéromodéliste : il conçoit ses propres planeurs ensuite construits en matériaux composites. Ayant une formation en gestion finance, il réalise pour Aérobuzz des chroniques financières sur les constructeurs aéronautiques.

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