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Aviation Générale

Drones : les donneurs d’ordres prennent les commandes

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Gil Roy

 

Alors que le marché français des drones marque un palier et qu’achats et fusions se multiplient, certains acteurs pensent à changer de rôle. Les gestionnaires de réseaux passent du côté des opérateurs. Ils veulent peser de tout leur poids pour obtenir rapidement l’autorisation de lancer des missions de surveillance sur de grandes distances (longue élongation). C’est sur cette problématique que s’ouvrira la série de table-rondes proposée par le salon UAV Show, aux professionnels du drone (12 et 13 octobre 2016, à Bordeaux-Mérignac).

Incontestablement, le marché du drone professionnel n’est pas au rendez-vous. Il n’atteindra pas les sommets que lui promettaient les analystes. Pas dans l’immédiat tout au moins… La réglementation inédite (2012) qui lui a permis de décoller en flèche et de placer la France à la pointe de l’innovation, l’empêche aujourd’hui de déployer ses ailes.

Objectif longue élongation

Au sein des groupes de travail mis en place par la DGAC, notamment le Conseil des drones civils, les professionnels sont plus actifs que jamais pour obtenir le feu vert aux missions de longue élongation, c’est-à-dire sur de grandes distances de plusieurs dizaines de kilomètres, hors de vue du télépilote. Un passage obligé pour la surveillance de réseaux.

Pour beaucoup, la longue élongation est l’avenir du drone, la promesse de chiffres d’affaires conséquents. En attendant que la réglementation permette aux professionnels d’explorer ces nouveaux horizons, le marché des drones professionnels plafonne aux environ de 65 M€ estime Guillaume Thibaut du cabinet Oliver Wyman : « la phase de maturation est longue et il est difficile de mesurer quand elle s’arrêtera. Le poids de la réglementation est fort ».

Les prises de vues aériennes en régression

Le secteur du drone professionnel repose actuellement en France sur 2.300 exploitants pour 4.200 drones. La communication et les médias ne représentent plus que 60% selon Guillaume Thibaut. Ce créneau qui a littéralement explosé au début du drone est en perte de vitesse.

« La régression du marché est due à la déception de chefs opérateurs qui ont eu de mauvaises expériences sur des tournages de films ou d’émissions. Il y a aussi une saturation du public. L’outil drone est toujours utilisé de la même manière. Il y a un manque de créativité », analyse Sophie Geoffroy, d’Athenium films, une société de production cinématographique qui a créé son département prises de vues aériennes, il y a 7 ans.

Méfiance des donneurs d’ordres

Il n’y a pas que les professionnels du cinéma et de la production audiovisuelle qui soient devenus méfiants. « Nous avons réalisé beaucoup d’expérimentations avec des prestataires extérieurs, avec beaucoup de crashs. D’où la méfiance de la SNCF. Cette situation a entrainé un surcout lié aux vérifications des documents et des habilitations des opérateurs. A l’été 2015, nous avons décidé d’internalisation l’activité drone », explique Nicolas Pollet, directeur du pole drone de la SNCF.

Enedis (anciennement ERDF) a laissé le choix à ses 25 directions régionales d’intégrer la compétences drone ou de faire appel à des prestataires extérieurs. Au niveau national, Michel Cordonnier est son équipe, proposent un accompagnement. « Nous avons un rôle d’expertise pour conseiller et accompagner ».

Engie (anciennement GDF Suez), pour sa part, travaille via son Engie Drones Lab sur les sujets de l’utilisation des drones dans ses activités, d’abord sur la longue élongation puis sur les inspections d’ouvrages, depuis 2008. Persuadé que le modèle d’exploitation des drones n’est pas unique, les filiales d’Engie choisissent tantôt d’internaliser, tantôt d’externaliser la prestation, selon la sensibilité des protocoles ou des données. Elles s’appuient pour cela sur leurs équipes d’expert au sein d’Engie Drones Lab

Se donner les moyens d’évaluer les prestataires

Ainsi, une des filiales d’Engie a sélectionné, en février 2016, cinq opérateurs au terme d’une évaluation de 25. Les marchés ont été affectés au printemps 2016, et le démarrage des opérations est prévu cet automne.

Les évaluations de 25 sociétés ont été réalisées à Saint-Denis, en face du Grand Stade, au sein d’un des Engie Lab par les équipes d’Engie. Ce site de 20 hectares dispose d’infrastructures (bâtiments, panneaux solaires, canalisations, etc) permettant d’évaluer en conditions réelles et urbaines les opérateurs, les vecteurs et capteurs.

« Un protocole a été mis en place avec les aéroports du Bourget et de Roissy, ce qui permet d’activer la zone en moins d’une heure », explique Christophe Romain animateur du Engie Drones Lab. Cette structure a vu le jour début 2014. Elle a pour vocation d’accompagner les filiales du groupe pour utiliser au mieux le drone dans ses activités et pour ses clients.

Engie Drones Lab travaille également étroitement avec les développeurs de vecteurs, capteurs ou software sous différents modes ainsi que les opérateurs. Dans cet écosystème, Engie Drones Lab participe activement au Conseil des Drones Civils et permet l’accès à ses infrastructures.

L’approche industrielle des grands groupes

Depuis 50 ans, RTE utilise tous les moyens aériens existants pour inspecter ses 100.000 km de lignes électriques et 2.700 postes électriques qui irriguent la France. Le drone est venu naturellement s’ajouter à sa panoplie d’engins volants de toute nature. « Fin 2011, sur un chantier spécifique d’inspection de pylônes, nous recherchions des solutions innovantes. Nous avons utilisé un drone multirotors en œil déporté. Jusqu’à la rentrée dernière, nous faisions appel à des prestataires extérieurs », explique Julien Duchêne, de l’équipe Drone de RTE qui compte désormais 4 télépilotes. « Nous allons faire des tests jusque fin 2017, et nous verrons si nous généralisons cet outil ». Pour l’heure, RTE conserve ses partenaires.

Pour sa part, la SNCF a choisi de faire le pas, et elle n’hésite pas à afficher ses ambitions. Actuellement, le pole drone de la SNCF compte une vingtaine de personnes et exploitent 10 drones. D’ici trois ou quatre ans, il pourrait atteindre 80 personnes. « Nous allons industrialiser en interne l’activité drone. Le contexte réglementaire étant incertain, il peut impacter ce développement », reconnaît toutefois Nicolas Pollet, directeur du Pôle Drones de SNCF Réseau.

« La locomotive du drone »

La SNCF est présente dans tous les groupes de travail et comités créés par les pouvoirs publics, la DGAC en tête. Elle se veut force de proposition. Elle a mis en place des partenariats avec des start up, des entreprises installées et des centres de recherches comme l’ONERA. « Depuis 2014, nous avons investis 10 M€ dont les deux tiers sont allés vers des partenaires ».

La SNCF qui se veut être la « locomotive du drone », se verrait bien aussi dans le rôle du principal opérateur en France : « Il en faut un, pourquoi ne pas prendre cette place ? ». Au-delà des frontières de l’hexagone, le groupe SNCF est présent dans 160 pays. Nicolas Pollet y voit une opportunité de développement importante à l’export. « Avant, il faut installer les solutions chez nous », affirme-t-il. Et il est certain que ces solutions passent par les start up dont la capacité d’innovation ne finit pas de surprendre.

Gil Roy

UAV Show 2016

Dans le cadre du salon UAV Show qui a lieu les 12 et 13 octobre 2016 à Bordeaux-Mérignac, un débat intitulé « Technologie, Innovation, Recherche, Essais » réunira :

Michel Cordonnier – Chef de service Direction technique Département Expertise, Matériels et Relations Fournisseurs – Enedis

Julien Duchêne – Membre de l’équipe Drones – RTE

Sophie Geoffroy – Directrice artistique – Athenium Films

Patrick Olivier –  Pôle Drones, Expert scientifique et technique du réseau SNCF – SYNAPSES – SNCF Réseau

Christophe Romain – Engie Drone Lab, Direction R&T – ENGIE

Guillaume Thibault – Associé, Expert des drones – Cabinet Oliver Wyman

 

Ce débat animé par Gil Roy, rédacteur en chef d’Aerobuzz.fr, aura lieu le mercredi 12 octobre 2016, de 10h à 12h, au Pin Galant à Bordeaux-Mérignac.

UAV Show 2016

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Gil Roy

Gil Roy a fondé Aerobuzz.fr en 2009. Journaliste professionnel depuis 1981, son expertise dans les domaines de l’aviation générale, du transport aérien et des problématiques du développement durable est reconnue. Il est le rédacteur en chef d’Aerobuzz et l’auteur de 7 livres. Gil Roy a reçu le Prix littéraire de l'Aéro-Club de France. Il est titulaire de la Médaille de l'Aéronautique.

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  • Innovation : puisque la SNCF veut être en pointe ,je lui suggère d'inverser son pacte techno , les passagers en l'air ,dans des cellules volantes sur "rails "aériens immatériels , contrôlées par le réseau de rails terrestres ,qui fait antennes ...Plus confortables ,plus spectaculaires ...

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